CHAPITRE 7 - HARRY

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📧 De Kendall à Harry : H que t'a dit le médecin ?

📧 De Jeff à Harry : Réunion avec tout le monde demain à 10h dans mon bureau

📧 De Jeff à Harry : J'ai contacté Hélène. On peut envisager une campagne photo pendant ta convalescence, histoire que tu restes sur le devant de la scène

📧 De Nick à Harry : On se retrouve au Péninsula ce soir ?

📧 De Chloé à Harry : Grosse soirée chez Alexa samedi. Je passe te prendre ?


La liste des messages est encore longue. Je ne réponds à aucun et coupe mon téléphone portable. Je m'empare de mon deuxième appareil, celui dont seuls les membres de ma famille ont le numéro.

J'envoie un message à ma mère pour lui dire que je suis installé dans ma chambre à l'auberge "Les Capucines". J'avais besoin de m'isoler, besoin de ne pas être obligé de montrer aux autres mon incapacité à parler, cacher mes faiblesses. Je n'ai rien laissé paraître à ma mère, je ne veux pas qu'elle s'inquiète et surtout qu'elle débarque. Je lui ai juste demandé dans quel endroit je pouvais aller me ressourcer pour écrire. Elle m'a envoyé ici, dans le Connecticut, dans l'auberge de son amie Johanna.

J'avais besoin d'un endroit tranquille, je ne pensais pas me retrouver en pleine forêt, au bord d'un lac, dans une grande bâtisse blanche au toit de chaume. L'endroit est apaisant. J'ai débarqué sans réservation, laissant ma mère se charger de prévenir de mon arrivée. Ma notoriété a peut-être joué en ma faveur, même si je doute que ce genre d'établissement affiche souvent complet. A peine arrivé, j'ai été accueilli par une jeune femme blonde. Loin de l'image de la réceptionniste pour ce genre d'établissement, je me suis assez vite rendu compte qu'il s'agissait de la cuisinière. Son sourire chaleureux et rassurant m'a incité à ouvrir la bouche et demander à parler au directeur. Quelque peu surprise par ma voix totalement éraillée, elle s'est rapidement reprise et m'a conduit au bureau de Niall Horan.

Installé derrière un bureau en bois vernis, l'homme d'une trentaine d'années s'est levé pour me saluer. De taille moyenne, brun aux yeux bleus, sa bonhomie semble illuminer toute la pièce. A l'instar de la jeune femme qui m'a accueilli, Niall me fait rapidement me sentir à l'aise. Toutefois, mon ton et ma demande express de totale confidentialité sur ma présence à l'auberge refroidissent l'ambiance de la pièce. Après plusieurs minutes de tergiversation, Niall accepte mes conditions et m'assure faire le nécessaire auprès des employés et des clients.

Je tourne en rond dans ma chambre. La plus grande de l'auberge, évidemment, donnant sur le parc arboré et fleuri. J'ai fait monter un plateau repas et du café, même si tous les repas doivent être pris dans la salle à manger. J'avale une deuxième tasse de café sans parvenir à me convaincre d'avoir pris la bonne décision. Qu'est-ce que je vais faire dans ce trou paumé ? Bien sûr je cherche à éviter tout mon entourage et personne ne viendra me chercher ici. Mais deux semaines, c'est long. Je ne me souviens pas de mes dernières vraies vacances. Je pars toujours avec des membres de mon équipe, des amis. Si les soirées sont vouées à la détente et la fête, les journées deviennent souvent des sessions d'écriture et de composition, des moments où on organise les prochains spectacles. Même les jours que je passe auprès de ma famille sont rythmés par les visites. Je ne sais pas rester en place. Et il faut avouer que quelques heures passées ici et j'ai déjà l'impression d'étouffer.

Soudain, j'ai l'impression que mon cœur est pris dans un étau, mon rythme cardiaque accélère et j'ai le souffle court. Il faut que je sorte... tout de suite.

Je sors de ma chambre et dévale l'escalier. Je traverse le salon près de la réception, sans prêter attention aux clients qui se détendent. J'ouvre la porte d'entrée dans un geste brusque pour me retrouver dehors. D'un pas rapide, je m'avance vers le lac et, quand je suis certain d'être seul, je me penche en avant, les mains sur les cuisses, tentant de retrouver un semblant de calme.

Je suis monté sur scène des centaines de fois, j'ai eu le trac souvent, mais jamais la panique ne s'est emparée de moi de cette manière, aussi fulgurante et douloureuse. Je passe ma main sur ma gorge endolorie, dans un geste devenu habituel. Je me déteste. Je suis en train de mettre en péril ma carrière. Si je ne retrouve pas ma voix, c'est toute ma vie que je vais devoir remettre en question.

Je m'oblige à inspirer et expirer profondément à plusieurs reprises tentant de faire diminuer la douleur qui écrase ma poitrine. J'avance un peu jusqu'au bord du lac, ferme les yeux et respire à fond. Il a dû pleuvoir plus tôt dans la journée. L'air est chargé de l'odeur de la terre et des feuillages. J'aime cette odeur, elle me rappelle mon enfance et les vacances à la campagne chez mes grands-parents. Elle me rappelle chez moi. Je laisse mes pas me guider autour du lac et mon esprit vagabonder loin de mes angoisses, retrouvant peu à peu une respiration plus calme, plus légère.

Le lac est assez grand, bordé d'une plage de sable et de galets. Il y a un ponton où sont amarrés quelques pédalos. J'imagine que l'été, l'auberge propose des activités à ses clients. Je bifurque pour rejoindre le chemin. Le calme environnant est interrompu par le bruit d'un moteur de voiture, roulant au ralenti. Je rabats la capuche de mon sweat sur ma tête et poursuis mon chemin. J'aperçois une petite maison, en contrebas du sentier, où la voiture s'est finalement arrêtée.

Il m'a fallu près d'une demi-heure pour regagner l'auberge. La proximité du lac me rappelle à quel point j'aime être au bord de l'eau, alors j'ai flâné sur le chemin du retour. Je n'ai rien d'autre à faire de toute manière et personne ne m'attend dans ma chambre. La solitude risque de rapidement me peser à bien y penser. J'aurais peut-être dû proposer à Kendall de m'accompagner ou au moins lui dire où m'envoyer un peu de divertissement.

Je secoue la tête à cette pensée. Je peux faire abstinence pendant deux semaines. Je n'ai pas le choix non plus. Je pousse la porte de l'auberge et suis surpris de ne voir aucun client dans le salon.

Tandis que je m'avance vers l'escalier pour regagner ma chambre, une mélodie se fait entendre. Je m'arrête et tourne la tête vers le salon, certain de n'avoir vu aucun instrument de musique dans la pièce.

Je reviens sur mes pas et traverse le salon, me laissant guider par les notes de piano. La pièce semble déboucher sur un autre salon dont la porte est habituellement bloquée par une petite console en verre. Je reste plusieurs minutes derrière la porte, savourant la musique. C'est une comptine que je reconnais, de celles qu'on nous enseigne à l'école pour débuter. La partition se termine, mais une nouvelle mélodie commence que je ne connais pas. Je tourne doucement la poignée de la porte pour l'ouvrir. Mon regard accroche la silhouette assise devant le piano. Les yeux fermés, le jeune homme laisse courir ses doigts sur le clavier. La porte grince un peu quand je m'avance. Les yeux du musicien s'ouvrent et me font faire demi-tour immédiatement, avant de me faire surprendre. La mélodie s'arrête quelques secondes plus tard alors que je gravis les marches de l'escalier mais m'entête une bonne partie de la soirée.


*

*  *

Les deux loulous sont aux Capucines... Cette dernière scène est, vous l'aurez sans doute compris, la même scène que dans le chapitre précédent, lorsque Louis s'installe au piano avant de rejoindre le bureau de Niall...

J'ai tellement hâte qu'ils se rencontrent... vraiment.

J'espère que cette histoire vous plaît 💗

#CapucinesFic


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