CHAPITRE 39 - LOUIS

2.9K 244 41
                                    

Je discute avec Anne tout en l'aidant à préparer le repas de ce soir. La sœur d'Harry, Gemma, vient dîner avec son compagnon, ainsi que Chloé, la jeune femme que nous avons croisée il y a quelques jours. Nous évoquons l'adolescence d'Harry, la mienne, puis mon parcours professionnel qui m'a permis de conserver l'auberge au décès de ma mère.

Anne me raconte leur amitié. Elles se sont rencontrées grâce à des amis communs, lors d'un séjour de ma mère en Angleterre, dans le cadre de son métier de professeur. Elles ont sympathisé. Anne n'avait jamais voyagé sur la côte Est des États-Unis. Ma mère l'a invitée dès que l'occasion s'est présentée ; apparemment à la suite de son divorce avec le père d'Harry. Son regard se voile légèrement au souvenir de cette période. Je délaisse mes carottes, essuie mes mains sur le torchon et enlace Anne.


"La distance ne nous permettait pas de nous voir aussi souvent que nous le voulions. Je n'ai même pas pu me rendre à ses funérailles. J'avais fait envoyer un bouquet de fleurs. Tu les avais reçues ? me demande Anne en essuyant le coin de ses yeux.

- Bien sûr, je réponds sans connaître réellement la réponse. Maman avait son jardin secret. Je m'en suis rendu compte à son enterrement lorsque j'ai vu toutes ces personnes qui tenaient à elle. Je suis certain qu'elle savait que vous étiez près d'elle par la pensée ce jour-là, je tente de la réconforter.

- Merci Louis, c'est gentil. Elle avait raison lorsqu'elle parlait de toi.

- Elle n'était pas objective, surtout." je ris tandis que mon cœur se serre légèrement.


Anne sèche les larmes qui menacent de couler et moi, je prends une grande inspiration. Anne me sourit et passe sa main sur ma joue dans un geste affectueux.

La porte de la maison claque au même moment, et nous apercevons Harry marcher dans le jardin, ses écouteurs dans les oreilles et son téléphone à la main. Il semble avoir une conversation importante. Je l'observe aller et venir, une écharpe autour du cou mais pas de veste. Je souris. Il doit sentir mon regard sur lui car il tourne son visage vers la fenêtre. Ses sourcils sont froncés.


"Il devait appeler Jeff, j'entends Anne dire dans mon dos. Il veut commencer à s'organiser pour la suite."


Je reporte mon attention sur Harry. Nous n'en avons pas encore parlé. Etre en Angleterre nous coupe un peu du quotidien et de ce qui nous attend lorsque nous allons rejoindre les États-Unis.


***


Je porte mon verre de vin à mes lèvres alors que les doigts d'Harry caressent ma nuque tendrement. J'apprécie beaucoup la soirée que nous passons tous ensemble. Chloé et Gemma sont amies de longue date et la complicité qui se dégage des conversations me rappelle mes repas de famille ; la relation que j'ai avec Charlotte et mes autres sœurs, avec mes grands-parents. Les plats succulents de Anne se succèdent. Chacun aide à ramener les plats ou débarrasser la vaisselle sale.

On est bien loin de l'image que je me suis faite de Harry lorsque je l'ai vu évoluer au milieu de ses amis à Los Angeles. Je comprends pourquoi il a souhaité que je l'accompagne ici, dans sa famille.

Harry a raison. Sa vie ressemble sûrement plus à la mienne que ce que je veux croire. En tout cas lorsqu'il n'est pas à Los Angeles ou en tournée. A moins que je me fasse aussi une mauvaise idée sur ce sujet.

Les CapucinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant