CHAPITRE 10 - LOUIS

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Le mystère de la clef du salon reste entier. Reese et Niall me soutiennent ne pas posséder de clef et, par conséquent, de ne pas donner l'accès à Harry. Alors, à moins qu'il ait un don pour entrer par effraction sans laisser de trace, je ne comprends pas comment il y pénètre.

Deux jours plus tôt, je suis resté stoïque pendant plus de cinq minutes après son départ, lorsque j'ai découvert qu'il avait perdu sa voix. Choqué, j'ai rapidement fait le rapprochement entre son état, le contrat de confidentialité, ses silences et sa condescendance.

Honteux, je suis allé voir Reese pour lui dire que j'étais maintenant au courant. Et si au départ j'ai voulu l'enguirlander de ne pas m'avoir mis dans la confidence, je me suis retrouvé à me faire rabrouer parce que j'avais poussé Harry à bout. Comme si toute cette situation était de ma faute. J'ai tourné le dos à mon amie et depuis deux jours j'évite un peu tout le monde dans l'auberge. Je vaque à mes occupations en prenant soin d'être à proximité du salon les après-midi. Et malgré mes demandes, aujourd'hui encore, Harry s'est encore introduit dans la pièce et a joué du piano, une heure durant.

Si la première fois, la mélodie m'a rappelé celles de ma mère, j'écoute désormais d'une autre oreille, incapable de nier le talent de Harry. Niall a raison, c'est un artiste que j'apprécie. Je suis même allé jusqu'à New York avec mes sœurs pour le découvrir sur scène. Je m'en suis bien gardé et je n'ose imaginer l'assaut de questions de Reese quand il a débarqué à l'auberge, si elle avait su.

Je ne l'ai pas interrompu et l'ai écouté religieusement, savourant les notes, grimaçant sur les fausses, l'imaginant facilement en train de pester. Je ne suis pas retourné lui demander de cesser de jouer. Il le fait quand l'auberge est calme et je dois reconnaître que l'entendre est un plaisir.

Ça fait quelques minutes que la musique a cessé et c'est donc perdu dans mes pensées, accoudé sur le bureau de la réception, que je savoure une tasse de thé. Il a plu ce matin et dès que le soleil est revenu, tous nos clients ont déserté le bâtiment. Je pouvais facilement jeter un œil vers le salon pour voir Harry en fermer la porte, mais je me suis abstenu, ne voulant pas le croiser à nouveau.

C'est alors que la porte d'entrée s'ouvre avec fracas laissant un courant d'air venir jusqu'à moi, chargé d'un fort parfum féminin. Je relève le regard et vois une jeune femme brune, lunettes de soleil sur le nez, minuscule sac à main en bandoulière et perchée sur des talons de quinze centimètres.

Tout à fait le genre de femmes que mes sœurs admirent. Tout à fait le genre de femmes que je déteste.


"Bonjour. Bienvenue aux Capucines !" je m'adresse à elle poliment.


Elle rajuste ses lunettes après m'avoir rapidement observé. Elle tourne la tête pour scruter les environs, à la recherche de quelqu'un semble-t-il.


"Je peux vous renseigner ? je demande.

Sûrement. Pourriez-vous m'indiquer la chambre de Harry Styles, s'il vous plaît ?

- Je ne suis navré mais aucun client à ce nom fréquente notre établissement.

- Je sais qu'il loge ici depuis une semaine. Ne jouer pas à ce petit jeu avec moi. Je suis son amie.

- Je vous répète que nous n'hébergeons pas Harry Styles. S'il est votre ami, appelez-le !

- Je vous demande pardon, elle ajoute en enlevant ses lunettes, surprise de ma répartie. Écoutez, je sais pertinemment qu'il est ici et c'est parce qu'il ne répond à aucun de mes messages que je suis là. C'est sa mère qui m'a donnée l'information. Alors maintenant, vous bougez vos petites fesses d'employé et vous allez me chercher Harry ou votre Directeur.

- Ça va être très simple, Mademoiselle, vous allez sortir de MON établissement. Nous avons des règles ici que J'AI imposées, je lui dis en me levant, mon regard ancré au sien.

Je ne partirai pas d'ici tant que je n'aurai pas vu Harry ! elle insiste.

Vous n'êtes pas cliente de l'auberge, vous n'avez rien à faire ici. Je vous demande de partir. Immédiatement, je dis en haussant le ton.

Il y a un problème Louis ? demande Niall en s'approchant.

Vous êtes le Directeur de cet établissement ? elle interroge Niall. On reconnaît aisément un homme important à son costume, dit-elle en me regardant avec dédain.

Cette charmante personne veut voir Harry Styles. Je te laisse t'en charger" je réponds en soufflant.



En passant la porte, j'entends Niall répondre que Harry ne loge pas ici. La jeune femme commence à hausser le ton tandis que je m'éloigne vers le ponton.

Je suis surpris d'apercevoir la silhouette d'Harry, assis à même le sol, les pieds dans l'eau fraîche du lac. Je m'approche hésitant.


"Harry ?"


Évidemment, il ne répond pas et ne daigne même pas tourner la tête vers moi. Au lieu de ça, je le vois sortir son téléphone du fond de la poche de son bermuda et pianoter dessus.

Mon téléphone vibre au moment même où il dépose le sien près de lui, sur les planches de bois du ponton.

📧 De Inconnu à Louis : Quoi ? Je ne peux pas non plus profiter du ponton ?

Le numéro inconnu qui s'affiche sur l'écran de mon téléphone est le sien... Mon cœur rate un battement et bêtement, la seule chose à laquelle je pense à l'instant est "Putain, j'ai le numéro personnel de Harry Styles !"

"Comment avez-vous eu mon numéro ?" je demande en me reprenant.

📧 De Inconnu à Louis : Pourquoi toujours poser des questions ? Pourquoi avoir toujours besoin de savoir comment ?

Je me racle la gorge, mal à l'aise. Depuis deux jours, je fais tout pour l'éviter, ne sachant pas comment me comporter avec lui après notre altercation.

"Désolé..., je bredouille. Une jeune femme est là. A la réception. Elle demande à vous voir. Je lui ai dit que vous ne logiez pas ici, mais elle insiste, disant que c'est votre mère qui lui a donné l'adresse.

Je sais, il murmure tandis qu'il rédige un autre message.


📧 De Inconnu à Louis : Je l'ai entendue entrer. Je me suis éclipsé par la baie vitrée du salon. C'est mon amie Kendall.

"Vous voulez que je la renvoie ?"

Harry se lève et me fait face. Je relève mon regard vers le sien. Il semble triste, prêt à rendre les armes.


"Elle ne partira pas tant qu'elle ne m'aura pas vu. Merci Louis."


J'ai à peine le temps de lui répondre qu'il est déjà à l'autre bout du ponton, ses chaussures à la main.


*

*  *

Petit chapitre... Un peu moins de tension entre les deux loulous. Est-ce que ça va durer ?

Je profite de ce chapitre pour vous remercier pour l'accueil réservé à cette nouvelle petite histoire. Je suis heureuse qu'elle vous plaise.

Des bisous

🌸🌸🌸

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