CHAPITRE 28 - HARRY

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Je suis terrifié mais je ne peux plus reculer. Je ne peux pas continuer à vivre cet enfer, à ne pas pouvoir m'exprimer comme je veux, à être douloureux la plupart du temps à trop forcer sur ma voix.

J'ai dormi presque tout le week-end pour me remettre de ma soirée beaucoup trop arrosée de vendredi soir et surtout pour éviter de penser à Louis, à ses mots et ceux de Kendall. Mon amie est restée avec moi durant ces deux derniers jours, pour veiller sur moi et me tenir compagnie. Nous avons beaucoup discuté. Je pense que j'avais besoin de me confier sur ma carrière mais surtout sur ce que ma dysphonie m'a fait prendre conscience. Nous avons reparlé des sentiments naissants que j'éprouve pour Louis et que je ne veux pas nier. Ce séjour aux Capucines a été bénéfique malgré l'amertume que je ressens aujourd'hui.

Je traverse le parking et rejoins la voiture de Kendall. Elle n'a pas voulu entrer au centre médical avec moi mais elle a tenu à m'accompagner et m'attendre. J'ouvre la portière du côté passager et m'installe. Sa main vient directement caresser ma cuisse dans un geste affectueux et apaisant. Je tourne mon visage vers elle en soufflant, glissant mes doigts dans mes cheveux.


"Alors ? me demande-t-elle doucement.

- Je ne peux vraiment plus y échapper. L'inflammation de ma gorge est à peine apaisée, je murmure inquiet, et quand j'ai parlé, j'ai bien vu l'inquiétude du Docteur Corday. Elle n'était vraiment pas contente que j'ai loupé l'intervention de mercredi. Elle se veut rassurante malgré tout et m'a affirmé qu'elle m'accompagnera durant toute ma convalescence.

- Jeff avait raison. C'est vraiment un bon médecin, ajoute Kendall en me souriant. Tout va rentrer dans l'ordre Harry. J'en suis certaine.

- Oui... Il me reste à convaincre Jeff sur le fait que je veux prendre du temps avant d'enregistrer un nouvel album.

- Chaque chose en son temps, d'accord. D'abord tu te soignes et ensuite vous en parlerez.

- Ouais..." je réponds brièvement, l'angoisse commençant à m'étreindre.


Sur le chemin qui nous ramène chez moi, Kendall s'arrête dans un café pour nous prendre deux boissons chaudes. Puis nous traversons la ville en silence. Je regarde la circulation devant nous et l'effervescence dans les rues jusqu'à ce que nous retrouvions le calme des quartiers résidentiels.

Mon téléphone vibre pour la deuxième fois au fond de ma poche. Je l'extirpe pour voir le nom de Louis apparaître sur l'écran. Je rejette l'appel, incapable d'entendre sa voix, incapable de passer au-dessus de ma rancœur.

Kendall stationne la voiture dans l'allée devant ma maison tandis que le portail se referme derrière nous. L'angoisse qui m'étreint me fatigue. J'ai besoin de me changer les idées, de m'aérer.

Mon téléphone vibre une nouvelle fois.


"Tu ne réponds pas ? m'interroge doucement Kendall en tournant son visage vers moi.

- Tu ne voudrais pas que l'on aille se balader un peu, je propose pour éviter cette conversation.

- Où est-ce que tu aimerais aller, me demande-t-elle.

- Marcher au bord de l'eau... On pourrait aller sur l'une des criques de Malibu.

- Si tu veux" dit-elle en me souriant tristement.


Kendall fait demi-tour et s'avance pour que nous sortions de ma propriété tandis que j'actionne la télécommande du portail. Je souffle pour me débarrasser du poids de mes angoisses. Je ferme les yeux et cale ma tête contre la vitre de la portière.

Les CapucinesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant