Chapitre 18: Je ne suis pas à l'origine mon ange, je suis le mythe

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Le paysage défilait devant mes yeux pourtant je ne pouvais voir où nous étions. Comme si ma vue ne m'appartenait plus. Mon regard était vide, perdu dans le brouillard de ma pensée.Je tentais en vain de remonter à la surface mais la disparition de ma mère m'avait littéralement noyer sous le désespoir. Le démon m'avait pourtant prévenu, j'aurais dû faire mon choix et accepter de venir avec lui. J'aurais eu l'assurance que ma mère était en vie.

- Première règle de base lorsque l'on côtoie des démons: ne jamais leurs faire confiance, m'avertit Arzhel d'un ton monotone.

Ni lui ni moi n'avions parlé depuis que nous avions laissé la maison derrière nous, c'est-à-dire depuis plus de trois jours déjà. J'étais dans cet état de légume depuis trois jours déjà. La voix de Arzhel eut le mérite de me faire quitter la vitre pour me tourner vers lui. Je pensais qu'il n'allait plus jamais m'adresser la parole. Tout ce qui était arrivé était de ma faute, j'aurais dû laisser Arzhel tuer ce démon !

- Cesses de t'apitoyer sur ton sort, intervient de nouveau Arzhel.

- Cesses de lire dans mes pensées, répliquais je presque en chuchotant.

La route semblait interminable. Mais c'était bien plus divertissant que d'essayer de trouver le sommeil.

- Je ne t'avais encore jamais vu dans cet état, commenta Arzhel.

- Quel état ?

Il tourna sa tête vers moi et m'observait quelques secondes avant de regarder à nouveau la route.

- Cet état.

- Dans quel état devrais je être selon toi ? sifflais je, entre les dent.

- C'est un peu mieux comme ça.

Ma tête vient se poser contre la vitre froide. Je comprends mieux pourquoi nous ne nous sommes pas adressés la parole depuis ces derniers jours. Quelques phrases suffisaient pour qu'une dispute commence.

Le silence revient au galop et régnait en maître dans l'habitacle. Seul le bruit du moteur vrombissant résonnait et assourdissait mes tympans. Mais il n'arrivait pas à camoufler le boucan que provoquaient mes pensées.

- Je confirme, intervient une fois de plus Arzhel.

- Écoutes,fis je en me tournant vers lui, je sais que j'ai merdé, que tu as toutes les raisons de me détester et d'être en colère contre moi mais s'il te plaît, laisses mes pensées tranquilles. Et laisses moi dans mon état si pathétique comme tu le suggères.

- Tu penses que je te déteste ? m'interrogea Arzhel, surpris.

- Oses me contredire. Je le comprend parfaitement car j'aurais probablement réagi comme toi mais j'ai eu ma dose. Si tu m'adresses la parole uniquement pour provoquer une énième dispute alors tais toi.

- Je ne te déteste pas. Et même si je le voulais, je ne pourrais pas. Je suis en colère certes mais pas contre toi, m'informa Arzhel d'une voix bien plus chaleureuse que précédemment.

- Pourquoi me parles tu sur ce ton détestable alors ?

- Et toi alors ?

- J'ai essayé de faire des efforts mais face au ton plus qu'exécrable que tu emploies, c'est difficile d'éviter de t'étrangler.

Il émit un faible rire que j'eus bien du mal à entendre. La conversation s'acheva là. Rien d'étonnant, c'était le quotidien qu'on vivait depuis trois jours. J'en avais marre de ce silence pesant et plus qu'oppressant, même si nos conversations étaient stériles et complètement inutiles, elles avaient au moins le don de me sortir de ma léthargie. En y repensant, nos discussions ne m'avaient rien appris sur notre destination. Je savais que nous étions partis en quête d'alliés mais qui et où restaient deux grandes questions auxquelles je n'avais toujours pas de réponse. Et d'ailleurs je n'en voulais pas, je souhaitais simplement gagner en nombre pour pouvoir récupérer ma mère en vie. Ma curiosité ne voulait pas être assouvie, la peur et la rage qui m'envahissaient camouflaient toutes les autres émotions que j'étais apte à ressentir.

Tombée du ciel: ange sans LOù les histoires vivent. Découvrez maintenant