Mes yeux lourds de sommeil s'ouvrirent sur la pièce obscure. Je constatais que Arzhel dormait à point fermé, son bras reposait sur mon ventre, me collant ainsi plus près de lui. Je soulevais délicatement son bras et m'extirpais tant bien que mal du lit. Je marchais spontanément vers la fenêtre, je soulevais un panneau du rideau et observais l'exterieur où régnait une nuit noire. Je devais probablement avoir dormi quelques heures, peut être 3 ou 4. Mais mon corps avait décidé qu'il était tant que je me lève en dépit de mes yeux aussi lourds que du béton.
Ayant fini d'observer minutieusement les environs extérieurs, je remis le rideau en place. Je tentais de m'orienter dans la chambre car l'obscurité ne me permettait pas d'y voir grand chose. À l'aide de mes mains, je trouvais la petite table. Je laisse mes mains parcourir sa surface lisse et découvris un étrange sac. Au vu du bruit qu'il faisait lorsque je l'avais touché c'etait un sac en plastique. Mais qu'est ce que ce truc fou ici ? Dans mes souvenirs, Arzhel et moi n'étions venus qu'avec nos sacs respectifs.
- Tu dormais quand je suis sorti te chercher de quoi manger.
Sa voix résonnante me fit sursauter et manquait de me faire tomber. Un petit cri de frayeur s'était échappé de ma traitre bouche. Arzhel émit un rire moqueur avant d'allumer la petite lampe de chevet. Durant quelques instants, mes yeux eurent du mal à s'habituer à la luminosité trop forte.
- Je t'ai réveillé ? demandais je en me cachant les yeux pour apaiser la brûlure causer par la lampe.
- Je ne dormais pas vraiment, fit il sans répondre à ma question.
- Pourtant tu avais l'air de dormir profondément, l'accusais je en abaissant ma main.
- Je suis un bon acteur, se vanta le roi des Enfers. En revanche toi ça n'a pas l'air d'aller. Tu es encore plus fatiguée qu'il y a quelques heures.
- Si tu as arrêté de faire semblant de dormir simplement pour me dire que j'ai une sale tête, tu ferais mieux de retourner à ton sommeil imaginaire, répliquait je d'une voix cassante.
- Même si j'adore que tu sois en colère contre moi, la colère ne te sied pas au teint mon ange. Aller, viens pas là, m'invita Arzhel en tapotant la place libre sur le lit.
Je m'avançais jusqu'au lit mais mes pas se faisaient maladroits, hésitants. Ma vue tanguait à la manière d'un bateau en mer. Heureusement que mon estomac ne contenait rien car j'aurais facilement pu vomir tout son contenu.
J'entendais les pas de Arzhel se rapprocher de moi mais il arriva trop tard, mon corps chuta et atterri lourdement sur le sol, m'emportant au passage dans les limbes de l'inconscience.- Sire, elle semble avoir du mal à rester inconsciente. Elle lutte contre mon pouvoir.
- Elle ne peut pas revenir maintenant ! Pousses toi, incompétent, soufflait une voix rauque et très en colère.
Des paroles d'une langue inconnue se firent entendre. Puis un silence plongea la pièce dans une atmosphère lugubre.
-Que lui avez vous fait mon Seigneur ? se demanda une voix aiguë aux consonances étranges.
- J'ai apaisé son esprit torturé. Vas voir ce que fait cerbère avec notre prisonnier !
Des petits pas s'éloignerent à grande vitesse.
- Je peux t'assurer que personne ne te fera le moindre mal Trésor. Tu peux te rendormir paisiblement. Je veillerais sur toi, puisque mes sujets sont tous des incapables ! vocifera puissament la voix rauque.- Mon ange ? chuchota doucement la voix de Arzhel.
- Hum, émis je d'une faible tonalité.
Mes yeux s'ouvrirent sur le visage penché au dessus de moi de Arzhel, visiblement très inquiet.
Je tentais de soulever ma tête mais les mains de Arzhel me reposaient aussitôt sur le lit où j'étais actuellement allongée.
- Hors de question que tu te lèves.
- Arzhel..
- Si tu oses me dire que tu vas bien, je serais dans le regret de te frapper, m'interrompit Arzhel, menaçant. Regardes, m'ordonna t-il en claquant des doigts.
Un petit miroir apparu face à mon visage mais le reflet qu'il me renvoyait allait me hanter toute ma vie. Mon visage d'ordinaire si fin et lumineux était à ce moment précis creusé au niveau de mes joues et sous mes yeux, on pouvait voir la forme exacte qu'avait mon crâne sous ma peau. Des cernes profondes et noires soulignaient mes yeux rouges et étrangement petits. Mes lèvres que je m'étais habituée à voir pulpeuse et rose était d'un blanc bleuté cadavérique. Des gouttes de sueur perlaient le long de mes tempes tout aussi creuses que le reste de mon visage. Je détournais les yeux de ce visage montrueux et retiens de peu quelques larmes qui menaçaient de tomber. Mon Dieu, je faisais peine à voir.
Arzhel claqua une seconde fois des doigts et fit disparaître le miroir, emportant avec lui ce reflet horrible et cauchemardesque. Il posa sa main sur la mienne mais je ne tournais pas ma tête pour autant vers lui, bien au contraire, je fuyais son regard.
- Ce n'est pas seulement le manque de sommeil ni l'apport de nourriture qui te rend dans cet état là...
J'eus un rire non joyeux. Avec mon teint et mon allure de psychopathe, le tout devait rendre encore plus glauque.
- Tu penses que c'est quoi ? lui demandais je en relevant mon torse pour être assise.
- C'est bien ça le problème j'en ai aucune idée. D'ailleurs que t'est il arrivé tout à l'heure ?
Je réfléchis quelques secondes essayant de me remémorer quelque chose mais c'était exactement comme la dernière fois, j'ai l'impression que c'est un souvenir seulement celui ci ne me reste pas en mémoire seulement des bribes de passages incohérents les uns entre les autres.
- Je ne sais pas, je pense que c'est un souvenir mais je n'arrive pas à le garder en mémoire, lui avouais je à voix haute malgré qu'il est suivit le fil de mes pensées.
- Ce n'est pas un souvenir, dit il, catégorique.
- Qu'est ce qui te permet d'affirmer que ce n'est pas un souvenir ?
- Car lorsque tes souvenirs remontent, je peux toujours lire dans tes pensées, peu importe le souvenir et ta pensée à ce moment ci mais là c'était différent. Je ne t'entendais plus, comme si tu étais morte le temps de ton inconscience, expliqua t-il, franc.
- Tu penses que je suis morte ? m'inquiétais je, les larmes au bord des yeux.
- Je ne sais pas mais c'est la seule explication que j'ai trouvé pour comprendre ton silence mental. Car même en étant inconscients, les gens continuent de penser. C'est aussi naturel que de respirer.
- Mais je suis bien devant toi, je n'ai pas pu mourir et revenir d'entre les morts comme ça ! m'emportais je sentant un pic d'anxiété monter.
- Honnêtement te concernant plus rien ne m'étonnerait. Rappelles toi tu es morte un nombre incalculable de fois au cours des siècles et il n'y a même pas quelques jours, tu étais au bord de la mort ! J'y ai bien cru durant quelques secondes...
- Alors tu penses que je suis entrain de mourir à petit feu ? couinais je, désespérée.
- J'en sais rien mais vu ton état, ça serait bien possible. Mon ange, tu maigris à vu d'oeil et ton sommeil ne te permet pas de récupérer assez de force.
Je détournais mon regard de lui, ne voulant pas voir la vérité en face j'imagine. S'il y a quelques jours j'étais prête à mourir, aujourd'hui je ne le suis plus. Quelque chose était entrain de me tuer et je n'avais aucune idée du comment ni pourquoi. De plus je ne pouvais pas quitter ce monde sans avoir la certitude de savoir ma mère en vie et en bonne santé. Mais vu mon état comme Arzhel le disait, je n'aurais probablement plus la chance de la revoir une dernière fois. Une larme coulait silencieusement le long de ma joue. C'était pathétique car jamais je ne me laissais aller, j'étais combattante et ne renonçais jamais. Qu'est ce qu'il m'arrivait ?
- Mon ange, chuchota doucement Arzhel comme s'il parlait à une petite chose fragile, le manque de sommeil va quelque peu changer ta façon de voir le monde.
- Pas la peine de prendre des pincettes avec moi Arzhel. Je vais devenir folle, je le sais.
Il pinça ses lèvres, approuvant ma remarque. Je fermais les yeux souhaitant à tout prix dormir mais mon envie ne suffisait pas. Mon corps refusait de m'accorder le repos dont j'avais tellement besoin. J'ouvris alors mes yeux, n'ayant pas d'autres choix et basculais mes jambes sur le sol. Arzhel s'approcha de moi pour m'aider mais d'un geste de la main je l'en dissuadais. Même au bord de la mort, je marcherais toute seule. Je pris appuis sur mes pieds et commençais à marcher en direction de la salle de bain. Je ne pensais réellement pas être capable de marcher jusqu'à celle ci mais mes membres tenaient encore debout. Pas un tremblement ne surgit. Néanmoins j'entendais Arzhel marcher juste derrière moi. Je ne lui en voulais pas d'être à mes côtés, moi même je doutais de ma capacité de motricité. Seulement il me suivit jusqu'au bord de la petite baignoire, les bras croisés attendant quelque chose.
- Ne me dis pas que tu vas me regarder prendre une douche ? soufflais je, désespérée par sa manie de voyeur.
- Très bien je ne te le dis pas, plaisanta Arzhel.
Je soufflais bruyamment et me tournais vers lui. J'allais répliquer de sortir et de soigner son côté voyeur mais une vague de nausée m'assaillit m'obligeant à plier les genoux et rencontrer le sol. Une remonté de bile me souleva le coeur, j'aggripais le bord de la baignoire immaculée et presque immédiatement ma bouche s'ouvrit laissant s'échapper le contenu de mon estomac. Mais celui ci était aussi vide qu'une coquille de mollusque. Après plusieurs remontées d'estomac dégobiller aussitôt dans la baignoire, je relevais la tête et m'essuyais la bouche d'un revert de la main. Mais lorsque mes yeux se posèrent sur le fond de la baignoire maintenant souillée, ils s'écarquillèrent de stupeur. Un volume de sang tirant sur le bordeaux noirâtre recouvrait entièrement le fond de la baignoire. Je n'aurais pas dû être aussi effrayé par cette vue, après tout mon estomac ne contenait rien d'autres que des enzymes digestives mises au repos depuis bien trop longtemps.
Arzhel passa doucement sa main dans mon dos pour me montrer son soutient. D'une mine dégoutée, je m'écartais de la baignoire sanglante et m'adossais à celle ci.
- Si je n'étais pas entrain de me vider de mes organes vitaux, je t'aurais probablement dit de dégager de cette salle de bain, soufflais je en remarquant ma respiration sifflante.
Mes poumons semblaient avoir du mal à fonctionner vu les sons effrayants que me provoquaient une seule inspiration.
- Je ne te laisserais pas toute seule, mon ange tu ne vas pas bien du tout... commenta intelligemment Arzhel.
Je savais que je n'étais pas bien, je le sentais, tous mes organes me le faisaient ressentir.
- Tu n'es pas doué pour remonter le moral des gens toi, soufflais je en massant mon ventre endolori.
Pour toute réponse, Arzhel claqua des doigts et fit apparaître à nouveau ce maudit miroir devant mon visage. J'aurais souhaiter qu'il ne fasse jamais ça. Le reflet que me renvoyait le miroir était encore plus effrayant, Arzhel avait raison. Mon visage avait gravement minci, de plus grandes poches noires encerclaient mes yeux, mes joues creusent étaient plus blafardes qu'il y a quelques minutes. Ma bouche rendu rouge par le sang que j'avais regurgité était bleue ou alors mon teint de cadavre faisait ressortir chaque couleur morbide qui recouvraient mon visage. Ayant assez de voir ce reflet de mort, mon poing traversa la surface réfléchissante sui éclata en mille morceaux. Arzhel claqua de nouveau des doigts et le miroir en morceau disparu.
- C'est bien ce que je dis, tu ne sais pas réconforter les gens... sifflais je en regardant le mur face à moi.
- Je n'avais pas l'intention de te faire peur ni de te décourager mais mon ange, il fallait que tu te rendes compte de ta situation.
Je tournais ma tête squelettique vers lui et plantais mon regard vide dans le sien.
- Je sens au fond de mes entrailles que ma situation est catastrophique Arzhel, je n'avais pas besoin que tu me le rappelles.
Il leva les mains en l'air en signe de paix face à mon ton colérique. Je posais mon dos contre la paroi de la baignoire, soulageant ainsi quelques douleurs naissantes. Arzhel s'aggroupit à côté de moi.
- Est ce que tu veux que je t'aide à te relever ? me proposa Arzhel d'un ton doux.
Je réfléchis à sa proposition. Du moins j'essayais car mes pensées divaguaient sur divers sujets. Mais ce qui me préoccupait le plus c'était ma mère.
- Arzhel ? l'interpellais je en me tournant à nouveau vers lui.
Il hocha la tête pour m'inciter à poursuivre.
- Je veux que tu retrouves ma mère, réunis tous les Alliés dont tu as besoin et après récupères ma mère et fais souffrir cette pourriture de démon, crachais je.
Il ouvra la bouche mais je l'interrompis aussitôt sachant pertinemment ce qu'il allait me dire.
- Non fais ça pour moi s'il te plaît, tu ne pourras rien faire ici pour m'aider en revanche tu peux venir en aide à ma mère, argumentais je.
Son expression était fermée, aucune émotion ne transparaissait sur son visage. Il passa ses bras sous mes jambes ainsi que mon dos et me souleva. Il me porta jusqu'au lit où il m'y déposa comme une petite chose fragile, une fois de plus. Ni une ni deux il m'apporta un seau et quelques serviettes. Il s'asseya ensuite près de moi et prit mes mains.
- Ne me demandes pas une chose pareille, je ne peux pas te laisser là. Ça me tue rien que de te voir comme ça sans que je puisse faire quoi que ce soit. J'aimerais tellement te prendre cette douleur, se confia Arzhel. Mais j'ai peur que si je tente quelque chose, ça n'aggrave ton cas.
- La seule chose que tu puisses tenter c'est d'aller chercher ma mère, lui dis je en serrant ses mains.
Il se leva du lit et fit les cents pas devant moi.
- Arzhel s'il te plaît, tu l'as dit toi même, tu ne peux rien faire pour moi alors je t'ordonnes d'aller chercher ma mère, dis je prise d'une soudaine quinte de toux.
Il s'arrêta et me fixait droit dans les yeux. Il semblait réfléchir, sûrement entrain de peser le pour et le contre. Mais j'allais lui forcer la main.
- Écoutes, je t'en pris vas la secourir. Je ne veux pas que tu me vois entrain de me vider de chacun de mes organes vitaux. Ne m'obliges pas à te supplier, dis je d'une petite voix.
Il émit un bruyant soupir. Il venait de prendre sa décision, son regard exprimait de la colère mais aussi de la profonde tristesse. J'étais à l'origine de ces émotions négatives mais je ne pouvais pas lui permettre de rester. Arzhel s'approcha de moi, déposa un long baiser sur mon front avant de disparaître dans des volutes de fumée non sans un regard rempli de regret.
Je soufflais de soulagement, je fermais les yeux et laissais échapper ses larmes de douleur qui m'inccomodaient depuis quelques minutes déjà. Enfin de douleur, de tristesse ou de colère, je ne saurais dire laquelle de ces émotions prédominaient. Je profitais de ce silence pour apaiser mon esprit trop tourmenté. Mes larmes continuèrent de couler m'empêchant de respirer de temps à autre. Je gardais toujours mes yeux fermés, espérant que tout ce que je ressentais n'étaient qu'un horrible cauchemar.- Sire, elle se réveille qu'allons-nous faire ? s'inquièta une voix masculine.
- Idiot ! Renvoies là, elle ne doit pas se réveiller maintenant ! aboya une voix familièrement rauque et imposante.
- Votre grâce, elle est plus forte que moi.
Des bruits étranges se firent t'entendre.
- C'est normal qu'elle soit plus puissante que toi mais bon sang aucun de vous n'est capable d'accomplir ce que je vous demandes, grogna la voix rauque, ne t'en fais pas Trésor, je vais apaiser ton sommeil, continua la voix rauque d'un ton plus doux. Quittes cette pièce misérable incapable ! Cours prévenir Cerbère que notre plan va devoir se mettre en place un peu plus tôt que prévu, rugit toujours la même voix.
Des pas résonnèrent puis se firent plus lointain avant de disparaître complètement.
- Reposes toi Trésor, je reste près de toi.J'ouvris lentement les yeux et observais où je me trouvais. J'étais toujours dans cette chambre d'hotel. Je commençais à délirer...
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Tombée du ciel: ange sans L
ParanormalSelon nos croyances, les anges sont délicats, gentils, attentionnés, beaux, souriants... Bien des qualités et aucun défaut mais est ce vraiment la réalité ? Seuls les habitants de Célestia le savent, ils le savent même que trop bien puisqu'ils sont...