Tombée du ciel: ange sans L

Chapitre 37: Si j'avais su ce qu'il s'apprêtait à dire...

Arzhel pensait que mes talents étaient pour moi un fardeau mais c'est loin d'être ce que je ressentais. Ce que j'avais senti lors de ce souvenir, lorsque j'ai suivi cette piste odorante, c'est de loin l'une des seules fois où je me sentais moi-même. Un bien-être indescriptible m'avait envahi comme l'effet que faisait une drogue lorsqu'on la consommait. Mais je devais avouer que cela me faisait peur car la façon robotique dont mon corps avait réagit me terrifiait. Je ne pouvais pas supporter le fait de ne plus être maîtresse de mon corps. C'est pour cela que je me devais d'apprendre à contrôler cette nouvelle partie de moi. 

- Mon ange, que penses tu faire ? me demanda Arzhel au bout d'un long silence gênant.

Je parcourais une énième fois la pièce des yeux et un sentiment de peine naissait au creux de mon cœur. Je ne laisserais passer ça pour rien au monde. Quelqu'un ou quelque chose avait saccagé notre lieu de vie, notre maison, même si nous n'y avons habité que quelques jours. Je savais à ce moment là que je retrouverais cette pourriture qui avait osé pénétrer chez nous par intrusion. Et je retrouverais ma mère.

- Comment as tu su comment, hum, activer cette partie de moi ? le questionnais je, plantant mon regard déterminé dans le sien.

- Tu m'as un jour expliqué comment tu fonctionnais lorsque tu étais sur la piste d'un démon. J'ai juste essayé de faire ce que tu ferais par toi-même.

- Alors recommences, lui ordonnais je.

Je ne lui laissais pas le temps de répondre, je fermais les yeux et attendis qu'il me guide. Visiblement il comprit rapidement que je n'allais pas partir d'ici sans avoir au moins essayer quelque chose.

- Concentres toi sur cette odeur qui t'a conduite ici, dans cette pièce. Essayes de te concentrer uniquement sur elle.

Je fis ce qu'il me dit. Je humais l'air et essayais de me concentrer sur une unique odeur, celle ci. L'odeur âcre légèrement fumée, brûlée. Cette même sensation m'enivra de tout mon être mais cette fois ci je gardais un pied sur terre. L'odeur sensuelle et tentatrice de Arzhel me garda dans cette dimension. Je pouvais sentir que l'individu porteur de cette senteur ignoble avait passé le pas de la porte et avait tout saccagé, tentant en vain de chercher quelque chose. Puis l'odeur sortit de la pièce et se dirigeait vers ma chambre. Elle flotta au dessus de mon lit ainsi que sur l'ensemble de mes vêtements. Note pour plus tard, nettoyer tous mes vêtements au moins dix fois avant de les porter. L'odeur se fit plus forte sur ma langue lorsque je franchis le seuil de ma salle de bain. Mais elle s'évapora subitement. Je fronçais les sourcils, elle semblait avoir disparu. Néanmoins lorsque je sortis de ma chambre, elle apparut de nouveau. Ma langue me picotait les papilles gustatives, une vague de nausée m'envahit mais je la repoussais. J'étais sûre que mes efforts payeraient. Arzhel et moi descendions à la cuisine mais l'odeur continuait en direction du salon, elle s'arrêta tout de même au niveau du bureau où l'ordinateur avait disparu. Je me stoppais et touchais la surface lisse sans poussière. L'intrus avait donc prit l'ordinateur par dépit mais n'avait pas trouvé ce qu'il était venu chercher. Je ne savais quoi en penser mais nous avions un avantage. 

- Que penses tu qu'il cherchait ? 

Alors que l'odeur persistait contre mes papilles, je fis la lumière sur un certain point qu'il me restait à prouver.

- J'en sais rien mais il ne l'a pas trouvé donc je pense que nous avons d'autres chats à fouetter. Je dois vérifier quelque chose.

Sans en dire plus, je sortis de ma maison souillée par cette présence démoniaque et entrais dans celle de Arzhel. Je respirais à plein poumon et tandis que mes doutes se confirmèrent, je reculais instinctivement par anticipation et butais contre le torse dur de Arzhel. Je me retournais et lui fis face, un nœud au fond de ma gorge.