Chapitre 35

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PDV de Charlie. 

Le restaurant n'était pas trop chic, je dus l'avouer. Ce qui m'allait parfaitement. Les gens me jetaient des petits regards emplis de pitié mais je n'y fis pas attention, me contentant de fixer la table vers laquelle nous nous rendions. 

L'atmosphère du restaurant était chaleureuse. Des murs de briques de tous les côtés, des tables aux nappes blanches, le feu de cheminée près de nous et les grandes fenêtres donnant sur la rue sombre me comblaient. 

-Je te conseille le poulet, me dit Victor en me pointant du doigt le plat sur la carte. 

Je suivis son conseil et nous commençâmes à discuter de tout et de rien. Des cours, des gens du lycée, des rumeurs, de sa soeur, de la mienne, de Zack et de ses conneries,...

Tous les sujet ont été abordés, sauf celui de mon père. 

Le repas se passa vraiment bien, j'en fus étonnée. En ce moment, Victor était le petit vent calme dans la tempête qu'était ma vie, et ça faisait vraiment du bien.

PDV de Zoé. 

J'attendais au coin de la rue, stressée à la simple idée que Charlie ne m'aperçoit avec notre père ce soir. 

Je venais tout juste de faire mon coming-out, je n'avais donc absolument pas envie de me disputer avec elle alors que la nouvelle était plutôt bien passée. 

Une voiture grise arriva. Je dus plisser les yeux à cause des phares mais je reconnus tout de même le visage de mon père derrière le volant. 

Une fois garée devant moi, il se pencha pour m'ouvrir la portière et me fit un énorme sourire quand je m'assis à ses côtés. 

-Salut, grommelai-je en faisant un sourire rapide. 

-Alors, où veux-tu aller? 

Je haussai les épaules en coinçant mes mains entre mes cuisses. 

-Franchement, je n'en ai rien à faire, si je suis là c'est juste pour comprendre pourquoi, répondis-je en regardant par la fenêtre. 

Une vieille dame tenait en laisse un chien qui était occupé de faire pipi contre le mur d'une maison. Charmant.

Ken inspira profondément avant de couper le moteur.

-Eh bien restons ici dans ce cas. 

-Ça me va. Donc je t'écoute.

-Que veux-tu savoir exactement? 

-Oh! Je sais pas trop... pourquoi tu nous as laissé tomber par exemple? Où encore pourquoi tu te pointes maintenant après deux ans? Où pourquoi tu n'as jamais appelé ou même répondu à mes appels? 

Un silence plana pendant un petit instant. J'imagine qu'il cherchait la réponse à toute ces questions. 

-Eh bien, je crois devoir commencer à te répondre, rit-il gêné.

Je levai les yeux au ciel en comprenant qu'il faisait juste durer son plaisir.

-Ouais, dis-je sans même le regarder.

-Je me suis senti coupable dès l'instant où j'ai compris que nous avions un accident. Je ne me suis jamais sentie à l'aise à l'hôpital en allant voir Charlie, je n'avais qu'une envie c'était d'exploser tout ce qui se trouvait en face de moi.

Encore heureux qu'il se sentait coupable, comment pourrait-il en ettre autrement?

- Les jours passaient et je n'allais pas mieux, je voyais Charlie souffrir à cause de moi. Toutes ces choses qui lui sont arrivée.. par ce que j'ai dit que nous allions chercher ce stupide chien.

Je ne répondis rien, le laissant continuer.

-Quand elle est revenu à la maison, ça m'a encore plus détruit, je la voyais se battre pour retrouver ses marques, s'habituer à sa nouvelle vie, je la.voyais essayer de se débrouiller seule sans que ce ne sois possible au début. Elle devait apprendre à tout faire en ayant la moitié de sa taille normale et sans pouvoir se lever... Chaque fois que je voyais ça, je ne pouvais pas m'empêcher de me dire que tout était de ma faute. Alors j'ai commencé à boire. C'était d'abord deux ou trois bouteilles par jours, ensuite c'était quatre à cinq puis six ou sept,... je n'ai plus su arrêter. J'étais arrivé au bout.

-Au bout de quoi au juste ?

Il haussa les épaules, le regard dans le vide. Je remarquai alors qu'une fine pluie commençait à tomber, laissant de minuscule gouttes sur le pare-brise en face de nous.

- Au bout de tout Zoé. Je n'arrivais plus à rien, j'étais toujours complètement saoule, je devenais méchant avec tout me monde, personne ne pouvait me convaincre d'arrêter de me foutre en l'air.

Je me souviens qu'après le retour de Charlie, le comportement de mon père avait en effet changer petit à petit, laissant le père affectueux et blagueur pour devenir un père froid, morose et bourré 24H/24.

-Un jour, j'ai dit une connerie à ta mère... un truc que je n'aurais absolument pas dû dire. En réalité, je ne me souviens même pas ce que j'ai pu lancer. J'étais complètement saoule ce jour là mais je me souviens très nettement d'un passage de notre dispute.

Ken baissa son regard sur ses main jointes sur ses jambes.

-Elle a dit :" Tu n'agis plus comme u  père ni comme un mari, tes fille et moi avons besoin de toi et toi, tu es complètement bourré! Je ne vois pas du tout ce que tu fais encore là!"

Le.silence envahit l'habitacle. Si maman avait dit ces paroles, c'est qu'il avait vraiment été beaucoup trop loin. Je ne l'avais jamais vu s'emporter et dire des choses pareil à part quand on avait vraiment dépassée les bornes Charlie ou moi.

- Ce soir là, j'ai passé la nuit au bar, je ne suis rentré que vers quatre heure du matin. Ta mère dormait dans le salon, elle attendait probablement que je revienne. J'ai écris un lettre pour ta sœur, j'ai pris quelques affaires et je suis partis. Voilà.

Il avait honte, je le le voyais bien. Mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la colère envers lui.

- Tu es partis. Tu t'es sauvé. Tu ne sais absolument pas dans quelle merde tu nous as mise maman et Charlie et moi, plaquai-je.

Il secoua la tête de gauche à droite.

-Non chérie, je ne sais pas...

PDV de Charlie.

En sortant du restaurant, il pleuvait des cordes. Il était difficiles de voir à plus de quatre mètres. Cette pluie torrentielle et l'histoire de mon père me rappelèrent la nuit de l'accident.

-On devrait vite monter dans ma voiture et rentrer sans tarder, proposa Victor en enfilant sa veste.

-Non!

Des gens se tournèrent vers moi, se demandant pourquoi une jeune fille hurlait dans un restaurant. Victor haussa un sourcil sans comprendre lui aussi.

-Désolée, soupirai-je. C'est juste que ce serait dangereux de prendre la route maintenant. On devrait attendre que ça se calme tu ne crois pas?

-Mais enfin Charlie, j'ai déjà conduit par ce temps, fit le jeune homme en face de moi.

-S'il te plaît, murmurai-je.

Il m'observa un instant avant qu'une étincelle ne brille dans son regard. Il avait compris sans que je ne lui dise quoi que ce soit.

-Très bien. Je te propose de reprendre un dessert dans ce cas.

Je souris en comprenant que quoi qu'il puisse arriver, Victor ne me jugerait pas et serait patient avec moi.

Can you love me?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant