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Elle ordonna à son garde du corps inutile de l' attendre dans la voiture. Quand elle sonna à la porte, une domestique vint lui ouvrir tout de suite et ce fut avec un grand soupir de soulagement qu' elle apprit que sa mère n' était pas sortie.

- Attendez ici s' il vous plait, je vais appeler madame, lui dit la femme

Sophia déposa son sac sur un coin du canapé, puis promena son regard partout dans le salon et découvrit avec horreur que toutes les photos d' elle et son père avaient disparu des murs et furent remplacées par d' autres tableaux. Et c' était maintenant qu' elle s' est aussi rendue compte que le salon a été repeinte. Tout a changé. Elle eut envie de hurler, de briser tout ce qui se trouvait sous ses mains, mais elle n'en fit rien. La colère lui broyait le coeur. Pourquoi sa mère a enlevé les photos? Pourquoi? En quoi les dérangeait - elle.
Elle s' était tellement attachée à ces petits souvenirs si importants pour elle.

- Que me vaut l'honneur de ta visite?

Sophia se retourna rapidement vers cette voix froide et découvrit sa mère toujours aussi hautaine  dans sa robe noire et ses talons hauts qui la rendait intimidante. Son visage trop maquillé était dépourvu de toute sympathie. Elle toisa sa fille, sans doute lui en voulait - elle pour la façon dont elle l' a traitée.

- Pourquoi tu as enlevé les photos? Hurla Sophia pour toute réponse

Sans perdre son calme ni sa prestance naturelle, sa mère lui répondit comme si c'était évident:

-Elles étaient inutiles. Ton père est mort et toi tu es mariée, tu n'habites plus ici donc je les ai enlevé.

- Tu les trouvais inutiles? Ces photos sont les meilleurs souvenirs que je garde de papa. Et à chaque fois que je dirigeais mon regard vers l'un de ses murs, je m'attendais à les voir. J'avais l'impression qu'il était là et qu'il me souriait et toi comme la femme sans coeur que tu es, tu as gâché tout ça. Pourquoi hein? Par jalousie? Méchanceté?

- Écoute moi bien. Ici ce n'est plus ta maison, c'est la mienne et je fais ce que je veux. Ta maison, c' est celle où tu m'as traitée comme une moins que rien il y a moins de trois jours. Toi tu es peut- être toujours en adoration devant un mort mais moi je veux continuer à vivre et tourner la page. J'ai rénové la maison et ça m'a fait du bien. Et non, je ne l'ai fait ni par jalousie ni par méchanceté, comme je te l'ai dit, je voulais me débarrasser de toutes ces choses inutiles dont je n'avais pas besoin, répliqua sa mère toujours aussi calme.

Cette femme lui prouvait de jour en jour combien elle était sans coeur. Comment osait - elle parler de son mari de cette manière. Un mort? Elle l' aurait presque giflé si elle ne la respectait pas toujours autant. Comment elle avait pu vivre avec son père si elle le détestait autant? Et ce fut là qu'elle se rendit compte d' une chose: Tout comme elle, sa mère n'a jamais été heureuse dans son mariage et toutes les deux s' étaient mariées pour la même raison: l' argent.

Mais elle, elle n'avait pas d'autres choix que de faire ce mariage, c'était nécessaire mais sa mère oui. Elle l'avait fait volontairement; elle désirait l'argent et le pouvoir. N'était - elle pas ingrate? Si sa mère ne s'était pas mariée avec son père, celle ci serait à la rue maintenant et peut - être même elle serait morte de faim. Elle ne pouvait l'en blâmer et se chercher une excuse pour justifier son acte. Toutes les deux avaient tort mais elle était quand même réaliste.

Dans la vie, on ne pouvait pas faire tout ce qu'on voulait. Saisir les opportunités qui s'offraient à nous, c'était la meilleure chose à faire. Savoir faire des sacrifices pour les autres et surtout ne jamais baisser les bras.

- Je te hais de plus en plus. Et s' il y avait une infime chance que je te pardonne un jour pour tout ce que tu m'as fait, tu l'as réduit à néant. Tu es inhumaine et laisse moi te dire que tu finiras seule dans ton joli petit royaume parce que la seule chose que tu sèmes autour de toi c'est la haine. J'espère seulement que tu brûleras en enfer, lui cria Sophia hargneuse

- Ainsi soit- il ma fille. Maintenant si tu n'as plus rien à me dire, aurevoir, répondit sa mère

Elle fut décontenancée par sa réponse et ne savait pas quoi dire ni faire face à cette situation et les larmes qui s' échappaient des yeux de sa mère lui prouvèrent qu'elle était allée un peu trop loin mais quand elle était en colère, elle ne maîtrisait plus sa bouche et criait directement ce qu'elle pensait. Elle n'en regrettait pas un mot et n'avait pas du tout l'intention de s' excuser. Ce serait hypocrite vu qu'elle ne ressentait aucun remord.

- Je... Je vais voir ma chambre une dernière fois, lui dit Sophia

Sa mère ne répondit pas et se contenta d' essuyer ses joues avec le revers de sa main droite.

Sophia monta rapidement les escaliers et s' engouffra dans sa chambre. On n'avait rien changé et elle en fut heureuse. Tout était absolument comme elle les avait laissé. Un carton dans un coin de sa chambre, retint son attention. Elle ignorait ce qu'il faisait là car il n'était pas ici quand elle habitait encore dans la maison.

Elle s' avança jusque dans le coin, s' accroupit et souleva le carton. Il était assez lourd; elle le déposa, puis l'ouvrit.
Ce qu'elle trouva dans ce carton réchauffa son coeur, elle eut envie de sauter de joie, de rire, mais surtout un sentiment de culpabilité lui serra le coeur. Elle était injuste envers sa mère.

Tout les souvenirs de son père étaient bien rangé dans ce carton et sa mère a bien fait attention de ne rien casser. Elle était émue; elle pensait que sa génitice les avait jeté mais non. Elle les avait gardé là soigneusement pour elle.
Mais le mal était fait, elle ne pouvait rien y faire puisqu'elle n'avait pas l'intention de s'excuser.

Sa mère avait raison : elle n'habitait plus dans cette maison. Ce n'était pas la peine de faire tout ce cirque. Et d'ailleurs, sa génitrice n'a jamais aimé son père et ne la portait pas non plus dans son coeur donc c' était un peu injuste de lui infliger leur vue à chaque fois qu'elle était dans le salon. Son acte était justifié, Sophia comprenait qu'elle avait envie de tourner la page.

Elle observa sa chambre comme si c'était la dernière fois qu'elle la voyait, ensuite prit son carton et descendit les escaliers. Elle trouva sa mère debout au milieu du salon, le regard dans le vide.

Sans la regarder, Sophia lui murmura un petit merci avant de s'en aller bien que celle ci se doutait encore qu' elle l'eut entendu.

Sa main resta bloquée sur la serrure de la porte quand sa mère l'interpella. Elle interrompit son geste mais ne se retourna pas.

- Tu es peut- être très attachée à tous ces souvenirs de ton père, mais sache que le seul endroit où tu pourrais les mieux garder et " lui " aussi, c'est dans ton coeur, car il sera toujours là.

Sophia esquissa un petit sourire, puis se retourna vers la femme qui l'a mis au monde:

-Merci, aurevoir!

Elle ouvrit rapidement la porte et rejoignit sa voiture. Aussitôt, son garde du corps démarra.

- Je ne veux pas aller à la maison maintenant. J'ai envie de voir la mer.

Elle avait besoin de réfléchir et quoi de mieux qu'une petite promenade tardive au bord de la mer comme elle avait l'habitude de le faire avec son père. Elle avait l'impression que sa vie allait prendre une autre tournure et espéra de tout son coeur que ce serait dans le sens positif.

Et surtout elle se rendit compte qu'elle n'avait pas parlé avec sa mère de la raison de sa visite et elle n'en avait plus envie. Il fallait tirer un trait définitif sur le passé et c'était ce qu'elle comptait faire.






" Un long discours ne parvient pas toujours à recoller ce qu'un seul mot a été capable de briser"

John Joos

Amour ou Haine?( Correction En Cours...)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant