CHAPITRE 2 (NV)

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Jonathan

En me levant ce matin, je me sentais excité. Aujourd'hui étaient les qualifications pour le match de basket qui aurait lieu dans deux mois. En repensant à tous mes efforts, je priais pour être dans les meilleurs joueurs. Même si je n'étais pas parfait, je me débrouillais plutôt bien. Justin et Jason, mes amis, étaient beaucoup plus expérimentés que moi et c'étaient, d'ailleurs, eux qui m'avaient appris les bases du basket.

En entrant dans le salon, je vis mon père dormir sur le canapé, la télécommande sur le ventre. Sa respiration était irrégulière et je sentais qu'il n'était pas en train de rêver, mais de cauchemarder. Il murmura des mots incompréhensibles, mais son expression m'indiquait clairement de qui il rêvait. Mon cœur se figea à l'instant où il prononça deux mots très clairement.

— Pars... pas.

Il ne s'adressait pas à moi, mais au fond, je savais à qui était destinée cette phrase. Ne voulant plus y repenser, je marchai jusqu'à atteindre la cuisine. Grande et spacieuse, cette dernière était définitivement le seul endroit de la maison qui ne datait pas du 18e siècle, avec le bordeaux et le blanc comme principales couleurs, cela ramenait de la vivacité et de la gaieté à l'endroit. En me dirigeant vers l'étagère pour prendre un bol de céréales, mon attention se concentra sur une photo... Pourquoi était-elle toujours accrochée sur le frigo ? Je la pris et la mis à la poubelle. Plus besoin de ça maintenant.

Des pas derrière moi m'extirpèrent de mes pensées. Je voulais passer une bonne journée alors j'essayais le plus possible de l'éviter, mais malgré tous mes efforts pour le haïr, je n'y arrivais pas. C'était mon père après tout.

— Bonjour... dit-il, avec ce regard triste qui m'était devenu si familier.

— Salut, lançai-je, froidement.

Nulle envie de lui parler. Je me fis un simple bol de céréales, mon attention ne déviait pas vers mon père qui, sans doute, me regardait avec pitié. Du coin de l'œil, je l'examinais : ses cheveux bruns ébouriffés lui donnaient ce côté soucieux et sa petite barbe accentuait le fait qu'il était misérable. Décidément, les coups de vieux ce n'était pas beau à voir.

— Bien dormi ?

Fixant mon téléphone que j'avais sorti de ma poche au préalable, je répondis :

— Hum...

Je voulais juste qu'il abandonne cette image de père attentif, il n'en était pas un. Quand une petite voix derrière moi parvint à mes oreilles, je soupirai de soulagement, car cela voulait dire que le silence était maintenant rompu.

— Salut ! lança-t-il.

— Salut, Damien, lui dis-je, en ébouriffant ses cheveux.

Damien, mon petit frère était mon panneau "Stop". Quand je m'énervais - ce qui arrivait souvent - il était là pour me rappeler que la vie valait la peine d'être vécue et que tout n'était pas tout blanc ou tout noir. J'étais chanceux d'avoir eu un petit frère qui n'était pas ce genre de petit frère arrogant, prétentieux, contrairement à ce que j'avais pu être à son âge (et que je suis toujours). Il était très attentif, assez intelligent pour son âge, même beaucoup trop. Il comprenait des choses assez complexes et était intéressé par des sujets qui d'habitude ennuieraient les gosses de son âge. Certes, il piquait des crises parfois, mais ce n'était pas la mer à boire. J'étais content d'avoir un petit frère comme temps mort, je n'avais pas besoin de faire semblant avec lui.

— Tu m'emmènes à l'école ?

Et ça lui arrivait de profiter un peu trop de ma générosité.

Rends-moi mon corps ! TOME 1 #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant