CHAPITRE 9 (NV)

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Kalie

Respire, respire. Dans un gang les personnes étaient plutôt gentilles ? Enfin, ils avaient tous un esprit d'entraide et adoraient sortir des phrases tels que mon frère de sang ou des trucs comme ça. Oui, c'était ça, j'essayais de me persuader par tous les moyens possibles que ce qui m'attendait n'était pas si terrible que ça.

Nous étions toujours dans la voiture en train de rouler vers l'inconnu, ma tête contre la vitre songeant à une mort possible qui allait survenir dans quelques minutes. C'était en m'imaginant des scénarios plus fous les uns que les autres que Justin pénétra dans un parking sombre que l'on pouvait retrouver dans les films d'horreur.

La fin était proche.

Mes mains allaient saigner si je continuais de les ronger comme je l'avais fait depuis le début du trajet, mais je ne pouvais m'empêcher de ressentir un sentiment d'insécurité, ou même de peur quand je me retrouvais dans ce parking souterrain synonyme d'angoisse. Il arrêta la voiture et tout le monde descendit de celle-ci, sauf moi qui essayais de battre mon record au mannequin challenge. Une invention qui, pour ma part, n'était pas d'une grande utilité puisque Justin me traîna par le bras tout en me disant des choses telles que : tu es bizarre, tu n'es pas le même que d'habitude.

Oui ! C'était peu de le dire, j'étais une fille coincée dans un corps de garçon, et pas n'importe lequel, mais le garçon que je détestais et qui me faisait vivre un cauchemar pendant environ deux ans. Si je lâchais une bombe pareille, ils penseraient tous que je suis sous l'effet d'une drogue spéciale. Jonathan m'avait prévenu, il fallait que j'agisse comme lui, mais c'était sans savoir qu'il était dans un putain de gang.

Si je le vois, je l'étripe.

Obligée de les suivre dans ce parking, je m'efforçais de ne pas faire attention aux toiles d'araignée au plafond ou alors aux crissements de pneus au loin ou encore aux gouttes d'eau noircies qui s'échappaient des tuyaux mal entretenus. Oui, il fallait ignorer tout cela pour se focaliser sur quelque chose de positif comme le fait que je ratais des cours de l'après-midi qui ne m'enchantaient pas trop et surtout que je le faisais sous la couverture Jonathan. Cet abruti ne m'était pas totalement inutile.

C'était en imaginant plusieurs moyens de torturer Jonathan que nous nous dirigeâmes vers une porte grise, et je ne voulais même pas mentionner son état. Si on m'avait dit qu'elle faisait partie d'une des portes des maisons de la Seconde Guerre mondiale, j'y aurais cru. Mais où est-ce que j'avais mis les pieds ? Ma conscience me criait de m'enfuir et pourtant, je restais là à les suivre. J'aurais dû partir quand j'en avais encore l'occasion.

Nous nous retrouvions face à des escaliers que nous montions et un silence de mort régnait dans ce petit espace ce qui ne me déplaisait pas, au contraire, si jamais on me demandait de prendre la parole, j'aurais peur que ma voix me trahisse.

Après avoir fini de grimper ces escaliers, Justin nous devança et ouvrit une autre porte qui donnait cette fois-ci sur un grand hall avec plusieurs personnes circulant de gauche à droite. L'espace était peu lumineux et le sol qui était tapissé d'un rouge bordeaux donnait un semblant de caractère à ce hall peu commun pour un gang. De ma perspective, j'aurais plutôt cru voir un entrepôt insalubre avec des hommes portant des battes de Baseball, un bandana sur la tête avec comme chef un homme super baraqué rempli de tatouages et de piercings. Voir que c'était loin d'être le cas me rassurait un peu, mais il ne fallait jamais crier victoire trop vite.

Un homme dans la quarantaine au crâne chauve portant un jean et un t-shirt noir se dirigea vers nous. Il y avait une chose en particulier qui me chiffonnait, il portait une oreillette et tenait une sorte de bloc à pince, on aurait dit une sorte de manager.

— Les gars ! Vous êtes-là, génial. Doug vous attend dans votre loge, préparez-vous et je dirai aux mécaniciens de faire les dernières vérifications. Jonathan est le premier. Va te changer et rejoins-nous quand tu auras fini, dit-il en me regardant.

— Vous rejoindre ?

Il m'observa pendant un long moment pour ensuite ajouter :

— Il va bien ?

— C'est ce que je me demande depuis qu'il est né, riposta Drake.

— Stop ! Les mecs, ce n'est pas le moment de s'embrouiller, fit Justin. Jonathan, tu te changes dans ta cabine, la numéro douze, ensuite tu nous rejoins dans la salle principale, OK ? On y va.

La bande s'en alla avec le manager me laissant seule. Ce Drake avait vraiment un problème avec Jonathan, mais quoi ? Pourquoi il le détestait autant ? Ma cabine était le numéro douze, mais il y avait plusieurs choses que je ne comprenais pas. Je n'étais pas dans un gang ou alors, un gang assez bizarre. La télévision accrochée sur le mur dans le couloir capta mon attention :

X a fini la course avec deux minutes de retard comparé à Strep qui est encore vainqueur de cette troisième course ! Est-ce que Strep arrivera à combattre Scars ? La réponse dans une demi-heure !

Des... des courses ?! Alors c'était ça ? Des courses ? Il était hors de question que je conduise une voiture de sport ou je pourrais perdre ma vie ! Il en était hors de question point final. J'étais en colère et très remontée, même le gang était une meilleure idée, mais des courses de voitures ? C'était du suicide, je n'avais jamais conduit de ma vie.

En déambulant dans les couloirs à la recherche de ma loge, je pensais à quelle température j'allais brûler l'autre imbécile. Et c'était pile à ce moment que je sentis quelqu'un m'attirer par le bras et m'entraîner dans une pièce qui n'était rien d'autre que ma loge.

La personne appuya sur l'interrupteur puis l'ampoule au plafond éclaira la pièce. Un sentiment de surprise suivi d'une colère immense se frayait un chemin en moi.

— Jonathan ! Je ne sais pas vraiment si je dois t'étriper ou être ravie que tu sois là.

— Kalie, je m'excuse sincèrement d'avoir oublié de te parler de tout ça. Comme tu peux le constater, la communication ce n'est pas un de nos points forts. Mais je suis là maintenant, c'est ce qui compte non ?

C'était la première fois que j'avais entendu des excuses de sa part. Même pour Lucas, il ne s'était jamais excusé. Sur le visage de Jonathan, enfin le mien techniquement parlant, je pouvais lire de la culpabilité ce qui apaisa instantanément mes tensions. Décidément même dans un autre corps, il arrive à donner ce genre de regard. Un silence s'installa et Jonathan s'assit sur l'un des nombreux sièges dans la pièce et songea pendant au moins sept bonnes minutes.

— Donne la combinaison.

Sa soudaine prise de parole me fit légèrement sursauter, qu'entendait-il par combinaison ?

— De quoi tu veux parler ?

Il se leva pour aller chercher une combinaison que portaient les personnes qui faisaient des courses en voitures. Une combinaison épaisse et en cuir, celle-ci avait plein d'autocollants, sûrement des sponsors.

— Et qu'est-ce que tu comptes faire ? demandai-je.

— Bah, voyons, faire ma course.

Rends-moi mon corps ! TOME 1 #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant