CHAPITRE 22 (NV)

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Jonathan

Qu'est-ce qu'il fait froid ! C'était la première pensée qui percuta mon esprit. Quelque chose clochait, j'étais où exactement ? Je regardais autour de moi et petit à petit, je percevais mieux les alentours, ou du moins je percevais mieux le vide qui se présentait sous mes yeux. Rien d'autre qu'une traînée de brouillard et un paysage triste.

Il n'y avait pas de soleil ou de pluie, il n'y avait rien, juste une pièce immense qui paraissait interminable. Mais il y avait autre chose qui clochait. Je regardai mes mains et me touchai le corps. C'était le mien, le vrai, celui du vrai Jonathan. Alors ça voudrait dire que j'aurais retrouvé mon corps ? Et donc Kalie...

— Kalie ! criai-je.

La seule réponse était un écho de ma propre voix. Et puis d'un coup, tout me revint en mémoire d'un seul coup, la dispute, les cris, et l'explosion finale. Je me souvenais de m'être comporté comme un connard de première avec Kalie. Toutes ces choses que je lui avais dites m'étaient restées en travers de la gorge, je ne savais pas que je possédais un tel niveau de méchanceté. Mon but était de m'excuser et putain, pour me planter, j'avais réussi haut la main. Sans le moindre remords, j'avais utilisé ses sentiments, qu'elle éprouvait dans le passé, pour moi. Le pire, c'est que je les aie utilisés pour me justifier. Même quand je suis déterminé à faire une bonne action, mon impulsivité prend le dessus et je m'énerve.

La culpabilité n'était pas un sentiment que j'aurais cru être capable d'éprouver à son égard et pourtant, je me sentais terriblement coupable. Pourquoi à chaque fois qu'on essayait de trouver un terrain d'entente, un autre secret faisait son apparition. À croire qu'on était destiné à se détester.

Maintenant la question était de savoir ce que je faisais ici. Et c'était où cet ici ? La façon dont j'étais habillé était d'autant plus étrange. Je portais une sorte de robe d'hôpital et elle se mariait très bien avec le décor de par sa couleur et sa laideur. Mais où est-ce que j'étais tombé enfin ?

Des bruits.

Des rires.

Je m'approchais vers ces derniers et une lumière devenait de plus en plus vive à mesure que je m'approchais d'elle. Une vitre transparente se présenta à moi et ce que je vis me glaça le sang.

Je me voyais moi, Kalie et tout le reste de la classe dans ce fameux restaurant. Qu'est-ce que c'est que ce bordel encore ? Il fallait que je me calme, après tout c'était peut-être un rêve. Je me rassurais en me répétant ces mots.

Mon regard balaya la pièce jusqu'à ce que mes yeux se posèrent sur Kalie. Si j'étais ici devant cette scène, c'était que le destin voulait me faire signe, me dire quelque chose. Mais quoi ?

— Coca s'il vous plaît !

La voix de Kalie résonnait interminablement dans la pièce où je me trouvais comme ci elle se trouvait avec moi et puis le temps s'arrêta d'un coup sur cette scène. Plus de bruits ni de rires. Il n'y avait qu'un silence inquiétant, perturbant et oppressant. Je me rapprochais de plus en plus de cette fameuse vitre, mais c'était bien plus que ça.

Avec appréhension, je tendis une main vers cette substance inconnue et quand je vis qu'elle était passée à travers, je la retirais tout de suite.

N'aie pas peur Jonathan, tu peux le faire.

Avec, cette fois-ci, un peu plus d'assurance je tendis la main et la laissai traverser la substance étrange. Ce n'était pas dur et résistant comme une vitre, mais ce n'était pas non plus visqueux et totalement liquide.

On aurait dit que ma main traversait un chewing-gum géant, mais en plus épais et surtout transparent. Après avoir fait passer mon bras entier, je fis passer le reste de mon corps. En rouvrant les yeux, que j'avais préalablement fermé, je me retrouvais de l'autre côté, en d'autres termes, dans le restaurant. Mais quelque chose avait changé, le temps c'était comme... figé. Il y avait toujours du mouvement, mais c'était extrêmement lent.

Rends-moi mon corps ! TOME 1 #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant