CHAPITRE 15 (NV)

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Kalie

Je frappai frénétiquement la porte d'entrée de ma maison où se trouvait Jonathan. Il y avait urgence, code rouge. Bordel, Jonathan, ouvre-moi cette porte ! Après plusieurs coups, la porte s'ouvrit et je pus apercevoir Jonathan encore dans les vapes.

— Kalie, tu veux quoi de si bon matin ? murmura-t-il, la voix toujours endormie.

— Jonathan, il est midi.

— Oh.

Il ouvrit la porte en grand, puis me laissa entrer. Je claquai la porte derrière moi et rejoignis Jonathan sur le canapé où il somnolait encore. J'avais une petite idée de ce qui allait le réveiller.

— J'ai un rencard avec Victoria samedi prochain.

Jonathan était on ne peut plus réveillé maintenant. Mission accomplie. Ses yeux écarquillés, les mots ne lui venaient plus à la bouche. Il se leva d'un bon et plaça ses cheveux derrière ses oreilles.

— Oui, bon, euh... ça devait sans doute arriver.

— C'est tout ce que tu trouves à dire ?!

Je me trouvais presque à faire de l'hyperventilation tellement j'étais paniquée.

— Calme-toi, c'est qu'un rendez-vous. Vous allez faire quoi exactement ?

— Bah, j'en sais rien, elle a dit qu'on irait déjeuner en ville et qu'ensuite on irait au cinéma.

— Oh.

— Quoi « oh » ?

Il étira ses lèvres en un sourire mi-gêné mi-dégoûté, puis me répondit :

— Bah au cinéma, on ne regarde pas vraiment le film.

Une mine de dégoût apparut sur mon visage. Il était hors de question de bécoter Victoria pendant deux heures.

— Fais pas cette tête, c'est ma copine, je te signale.

— Oui, la tienne, pas la mienne.

— Kalie, n'aie pas peur. Tu sais comment embrasser une personne ? Tu fermes les yeux et t'imagines embrasser ton crush.

Il se tut immédiatement après avoir fini sa phrase, se rendant compte que c'était lui qui avait fait déguerpir mon crush. Mais, là n'était pas le problème. Et Jonathan s'en rendit compte.

— Tu sais embrasser pas vrai ?

— Oui ! m'empressai-je de dire.

Il haussa les sourcils.

— Nan. Mais pour ma défense, le seul baiser que j'ai eu c'était au collège. Ce n'était pas plaisant.

— Tu m'étonnes.

Nous soupirions en cœur, exaspéré par la situation.

— Je vais t'apprendre.

Je faillis m'étouffer avec ma propre salive à l'entente de ses mots.

— Je te demande pardon ?

— Ça ne me plaît pas plus que toi, m'embrasser moi-même me donne des frissons, mais si Victoria voit que tu embrasses comme un gamin de sixième, elle se posera des questions. Et crois-moi, ce n'est pas beau à voir quand elle s'en pose.

— J'ai une meilleure solution : je ne l'embrasse pas. Je lui dis que j'ai la crève.

— Nope, y a pas de ça entre nous.

— Beurk.

Je fixai mon corps où Jonathan se trouvait et fermai les yeux.

— Je ne pourrais pas. Je suis désolé, c'est plus fort que moi.

— Kalie. Finissons-en, comme ça au moins c'est fait. Et puis tu ressortiras avec une autre compétence à mettre dans ton curriculum vitae.

Il me prit par les épaules (ses épaules) puis se plaça à quelques centimètres de moi. Je pensai à tout sauf à l'instant présent. Des glaces, la plage, de beaux garçons en torses nus. Nos visages n'étaient plus qu'à quelques centimètres, je pouvais apercevoir les petites taches que j'avais dans les yeux. On fermait ces-derniers puis lentement... lentement...

La porte s'ouvrit.

— SURPRI...

Nous nous arrêtions dans notre lancée.

— ... SE, s'exclama ma mère.

***

L'atmosphère demeurait palpable. Ma mère, Jonathan et moi étions assis. À table. Pour le dîner. Oui, j'avais été invité à rester souper, et ça dans ma propre maison. Je gloussai intérieurement par apport à l'ironie de la chose. Mais mon sourire intérieur s'échappa rapidement quand je vis le regard interrogateur de ma mère rivé sur nous. Oui parce-que, je l'ai appelé maman. Moi, Jonathan Byler. En apparences.

Le fameux Jonahtan, le vrai, assis en face de moi, devant son assiette vide, me regardait ou plutôt me fixai, me suppliant d'engager la conversation. La gênance était à son apogée. Finalement, ma mère prit la parole :

— Alors, alors ! Tout est bien silencieux, s'exclama-t-elle.

Nous raclions nos gorges en même temps, Jonathan et moi, ce qui me valut un autre regard de sa part. Je pris la parole :

— Kalie m'a dit que vous rentriez tard, alors je suis venue lui rendre visite.

— J'ai vu ça, ricana-t-elle.

Gênée, je déposai mes mains sur mes genoux, le visage rouge de honte.

— Depuis quand vous fréquentez-vous, tous les deux ?

— On n'est pas ensemble, maman, déclara Jonathan.

— Ah bon ? Jonathan, dit-elle, en se tournant vers moi, comment va Victoria ? Tu sais ta petite-amie ?

— Maman ! insista-t-il.

— Tu es un gentil garçon, Jonathan, mais ne joue pas avec les sentiments de ma fille !

Entendre ma propre mère me faire la morale dans le corps d'un autre gamin était trop perturbant pour moi. Jamais je ne l'avais vu s'énerver comme ça.

— Maman ! C'est pour m'entraîner que je faisais ça !

Qu'est-ce que tu racontes Jo ?

— Excuse-moi ? T'entraîner ?

Jonathan soupira, puis avec une extrême assurance poursuivit :

— J'ai repris contact avec Lucas maman, je ne voulais pas te le dire tant que ce ne sera pas du sérieux. Le problème, c'est que...

— C'est que quoi ?

— Je ne sais pas embrasser maman ! Tu ne sais pas à quel point c'est extrêmement gênant pour moi d'avoir zéro expérience. Et puisqu'avec Jonathan, ça va mieux entre nous, et bien je me suis dit qu'il pourrait m'aider. Jamais il ne tromperait sa petite-amie, il... il l'aime trop pour ça.

Ma mère, l'air ébahi, hocha la tête doucement.

— Oh, d'accord... mais pourquoi ne pas m'en avoir parlé ?

— J'avais... honte ? Et même en ce moment, j'ai honte.

Elle sourit timidement puis caressa ma tête... enfin celle de Jonathan. Putain, il m'en fallait du temps avant de tout mettre en place.

— D'ailleurs, comment ça, « vu que tout se passe bien entre nous », vous étiez en froid ?

Il allait prendre la parole, interloqué par la question de ma mère, mais je le devançai.

— Non, c'est une façon de parler. On s'est toujours bien entendu.

Rends-moi mon corps ! TOME 1 #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant