CHAPITRE 3 (NV)

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Kalie

Allongée dans mon lit, je me mis à repenser à tous les événements de la journée. Enfin à un seul événement qui a ruiné ma journée. Jonathan méritait amplement ce que je lui ai balancé à la figure, je ne ressentais aucun remord. Mais je dois avouer que je ne me savais pas d'une aussi grande cruauté, car même si c'était dur à admettre, j'ai été cruelle. Je le voyais dans son regard qu'il était blessé, il n'essayait même pas de le cacher ce qui était anormal venant de Jonathan. Au fond, j'étais consciente d'avoir touché sa corde sensible, mais je ne le regrettais pas. C'était comme une revanche pour ce qu'il m'avait fait l'an passé.

J'étais en couple, ou plutôt en cours de processus. Lucas, un garçon de ma classe me plaisait énormément et c'était réciproque. On s'envoyait des messages, on se voyait tous les week-ends, et puis Jonathan s'en était mêlé. Je ne savais pas ce qu'il lui avait dit, mais du jour au lendemain, plus rien. Lucas ne me parlait plus ni en face ni par message. J'essayais de comprendre, mais étant à bout de forces, j'ai décidé d'abandonner. Après quelque temps, j'ai su que Jonathan avait dit à Lucas que j'étais sexuellement contagieuse. Apparemment, Jonathan aurait été contaminé par moi et comme un con Lucas l'a cru. Je ne connaissais pas les détails, mais Jonathan avait été très persuasif.

Je serrai la mâchoire pour éviter de penser à ce chapitre de ma vie que j'aurais préféré ne pas vivre. À l'époque, je n'avais pas eu la force de riposter, je m'occupais à pleurer dans mon coin. Moi qui me dis forte et froide... Il était temps que je lui rende la pareille. Comme on dit, c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Je mentirais si je disais que j'adorais cette relation que j'entretenais avec lui. Un véritable fardeau, voilà ce qu'elle représentait. Pour la première fois, j'avais peur de ce que Jonathan pourrait me faire.

Pour chasser ces pensées qui devenaient insupportables, je me levai de mon lit et me dirigeai vers ma cuisine. Ma mère devait être en train de préparer à manger, l'odeur de poulet en témoignait. Avec un sourire béat, je rentrai dans la cuisine puis vis ma mère en train de couper des carottes en rondelles sur le plan de travail flambant neuf.

— J'adore quand tu me gâtes comme ça ! dis-je en m'asseyant sur un des tabourets du comptoir.

Ce qu'elle préparait était mon plat préféré et vu que ma mère ne me faisait pas part de sa présence à la maison très souvent, faute de temps, je mangeais autre chose, mais rien ne pouvait égaler sa cuisine. Même quand elle était un minimum présent, elle me faisait toujours plaisir. Mon père enchaînait déplacement sur déplacement ces temps-ci. Il essayait à tout prix d'obtenir la promotion, en vain. Alors, il devait faire ses preuves.

— Tu feras la vaisselle en échange ? sourit-elle.

— Oh, je viens de me souvenir des tonnes de devoirs que j'ai à faire pour demain.

— Mais bien sûr !

Son regard parcourut mon visage et je pouvais lire dans ses yeux un sentiment de tristesse.

— Je sais que je ne suis pas belle et une erreur de la nature, mais si tu es si triste en me regardant...

— Tu grandis si vite... me coupa-t-elle.

— Maman, ne commence pas. Tu sais très bien que je serais toujours ton bébé même à mes soixante-dix ans, relax.

Ses lèvres se retroussèrent pour former un large sourire chaleureux.

— Bon, il faut que je le finisse ce poulet ! Au fait, c'est quand votre sortie ? demanda-t-elle.

Je fronçai les sourcils signe d'incompréhension. De quelle sortie voulait-elle parler ?

Rends-moi mon corps ! TOME 1 #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant