La légère brise me faisait un bien incroyable. Être assise ici était apaisant avec seul camarade le bruit des vagues qui s'écrasaient sur le sable. Mes pieds dans ce dernier, je me laissais aller en oubliant tous mes soucis.
Mais ce répit n'allait pas durer.
Une voix, que maintenant je pouvais reconnaître, retentit dans cet espace si paisible qu'était l'océan.
— Vous ne pouvez pas rester éternellement ici, me dit-il sur un ton compatissant.
Je souris à l'entente de ces mots et répondit sur le même ton :
— Alors qu'est-ce que vous faîtes là ? Vous aussi vous devriez aller au Paradis.
— C'est différent, je suis mort alors que vous... vous respirez encore, mais qui sait pour combien de temps.
— Alors que le temps s'écoule et que je disparaisse à jamais, souris-je.
Le vent fouettait fort sur ma peau mais cela m'était égal, j'allais juste rester ici à contempler le paysage qui était magnifique. Les oiseaux au-dessus de la mer, le couché de soleil... un spectacle incroyable. Ce que je voyais n'était pas la seule raison pour laquelle je ne voulais pas y retourner. Ici, j'avais la conscience tranquille, je ne me sentais plus coupable au contraire.
Peut-être que c'était ce qui devait arriver. Peut-être qu'au fond, j'étais destinée à mourir. Dans tous les cas l'envie de vivre n'était plus là. Retourner à la réalité serait affronter un divorce, des pleurs, des crises de nerfs et le regard rempli de haine du garçon que j'aimais.
La vie était pleine de surprises en effet. Qui aurait cru que ma mère était si cruelle ? Non. Ne pas penser à la réalité, penser seulement au présent était la clé. Alors je fermai les yeux encore une fois, mais tout de suite après la même voix retentit dans mes oreilles.
— Je comprends votre peine.
Ces mots sortirent si facilement que je retournai la tête pour mieux l'observer. Leiw. Il n'avait pas changé depuis la dernière fois.
— Croyez-moi, j'aurais préféré que les choses se passent autrement, reprit-il.
— Pourquoi moi ? Pourquoi m'avoir choisi alors que ce que j'ai vu concernait Jonathan ? Pourquoi m'avoir posé un tel fardeau sur mes épaules ? Que les choses se passent autrement, vous dites ? dis-je en le perçant du regard. Arrêtez de vous mentir, si vous voulez vous faire pardonner ce n'est pas qu'avec de simples paroles.
La sérénité que j'avais réussi à avoir disparu aussi vite qu'elle était apparue. Si seulement on pouvait me laisser en paix. Juste moi et moi-même. Je ne pensais plus avoir de larmes en réserve et pourtant malgré moi quelques unes coulèrent le long de mes joues pour s'échouer sur le sable laissant une couleur brunie sur ce dernier.
— Si je n'avais pas existé, non... si je n'avais pas connu Jonathan dès le début, rien de tout cela ne serait arrivé. Mais revenir dans le passé est impossible n'est-ce pas ?
Je m'éclaircis la voix et me mis debout en face de Leiw qui fit de même. Il n'était pas très grand, mais assez pour me faire lever la tête légèrement. C'est avec un regard plein de sincérité et de larmes également que je prononçai ces mots qui malgré moi me brisaient au plus profond de mon être. Mais j'étais sûre de mon choix, j'y avais réfléchi longuement et c'était la meilleure décision qui m'était venu à l'esprit.
— Écoutez-moi, Leiw, je suis prête à retourner dans mon corps à une condition.
Je me raclai la gorge. J'hésitai. Devrais-je vraiment le faire ? Si ce n'était pas maintenant alors jamais je n'aurais le courage de le faire.
— Je voudrais que la mémoire de Jonathan soit effacée.
Il écarquilla les yeux et inspira très fortement à l'entente de mes mots. Lui non plus ne s'y attendait pas vraiment. Mais c'était la meilleure idée dans ces moments-là. De plus, je savais que Leiw pouvait le faire. Il pouvait répondre à ma requête.
— Tous les souvenirs qu'il a de moi ou de ma famille... effacez-les.
Tous.
— Je crois bien que c'est imposs...
— Vous nous avez fait échanger nos corps, alors je suis sûre qu'avec vos "pouvoirs magiques" vous pourrez faire ce que je vous demande.
Il soupira et se tut pendant un moment qui me paru interminable.
— Il faut quelque chose en échange. Dans ce genre de situation, il faut qu'il y ait une contre-partie. Qui est-ce qui nous dira que vous n'allez pas profiter de cette situation pour vous approcher de lui avec un meilleur départ, de nouveaux souvenirs ?
Je m'y attendais mais quand je disais que j'avais réfléchi à tout ce n'était pas une blague.
— Je vous offre quelque chose que les personnes dans votre genre raffole.
Il plissa les yeux et me regarda avec curiosité.
— Si jamais je m'approche de Jonathan, si jamais j'ose engager une conversation avec lui, alors...
Je marquai une pause puis reprit :
— Vous prendrez mon âme.
Il baissa le regard puis avant qu'il ne prenne la parole je le devançai :
— Je vous offre ma vie et aussi retour à la case départ pour Jonathan. Pensez-vous vraiment que j'oserai profiter de la situation avec ces conditions ? Alors s'il vous plaît, rendez à Jonathan sa vie... le bonheur qu'il mérite avec une mère et un père, dis-je avec un léger sourire qui en réalité ne cachait que partiellement mes larmes.
— Kalie...
Un genou à terre, puis le deuxième.
— Je vous supplierai cent fois s'il le faut, dis-je en baissant la tête pour cacher mon visage rempli de larmes. Je suis prête à m'agenouiller cent fois également, à pleurer cent fois, mais je vous en supplie, faites ce que vous pouvez. Rendez-lui son bonheur.
Un long silence s'installa pendant dix bonnes minutes, je décidai de ne pas lever la tête de peur de voir qu'il avait disparu, c'était alors que j'entendis ces mots. De simples mots.
— Qu'il en soit ainsi.
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Rends-moi mon corps ! TOME 1 #Wattys2020
Roman pour AdolescentsJonathan Byler était jaloux de Kalie Cole, sa voisine d'en face. Il la détestait. Pendant presque deux ans, il l'énervait, se moquait d'elle, lui faisait des coups bas. Un vrai gamin en son genre. Mais Kalie ripostait, elle ne se laissait pas faire...