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Le petit monde du Blackout capte enfin qu'un accident grave vient d'avoir lieu dans son club de merde.

Des hurlements brisent le silence relatif.

Puis comme escompté, c'est le mouvement de foule.

Et je perds pas une seconde.

Dépassant sans les voir les deux chiennes sûrement traumatisées par la violence de mon acte délibéré, je me fraye un chemin à coup d'épaules parmi les fêtards qui encombrent les escaliers métalliques.

Quand je parviens enfin en bas de ces derniers, je suis aussitôt happé par la masse d'imbéciles paniqués à la vue du sang qui, j'en suis putain de sûr, jonche le sol quelque part sous le balcon sur lequel je me trouvais trois minutes plus tôt.

Et ces cons m'entraînent vers la sortie, alors que leurs beuglements de porcs aussi apeurés qu'émechés, me déchirent les tympans à la place de la musique tech qui s'est enfin arrêtée.

Luttant pour résister au troupeau qui s'acharne à essayer de m'en éloigner, je me redresse de toute ma hauteur pour tenter d'apercevoir ma proie.

- Petite, petite, petite..., je siffle entre mes dents serrées. Montre-toi que je t'attrape...

Je balance sans retenue de grands coups de coudes et de genoux à ceux et celles qui font l'erreur de me rentrer dedans.

Puis soudain, il entre dans mon champ de vision, le petit colis en robe bleu que j'ai encore 30 minutes pour livrer.

Je bifurque sur la gauche, bandant les muscles de mes cuisses pour ne pas me laisser emporter avant de l'atteindre.

La conne qui me sert de cible ne parvient pas à en faire autant, et se laisser entraîner par la foule... pile dans ma direction.

- Nickel... Par ici, poupée.

Je tends le bras lorsqu'elle passe à ma portée, et attrape le sien pour l'attirer à moi, sans me soucier des enfoirés qui passent entre nous en gesticulant. 

Ma proie s'aggripe à ma veste comme à une bouée de sauvetage, plantant ses espèces de griffes parfaitement manucurées dans le cuir de mon blouson, avant de lever vers moi ses yeux aux pupilles dilatées par...

L'ecstasy !?

Pas ouf pour une petite innocente...

La fille que j'ai attrapée bugge un instant, et moi aussi. Mais pas pour la même raison.

Elle, parce que comme toutes les autres, elle est impressionnée par mon physique.

Moi, parce que je me rends compte que...

- Merde, c'est pas la bonne.

Cette salope-là est beaucoup plus belle que celle que j'ai repérée depuis le second étage.

Elle est plus vieille aussi, et carrément moins innocente que l'autre... Comme le prouve l'impressionnant décolleté de sa robe marine, beaucoup moins sage que celle de la fille qui m'intéresse.

Bordel.

La défoncée qu'elle est, me sourit alors bêtement.

- T'es... canon... mon... jo... joli, elle articule d'une voix pâteuse, en se mettant à glousser.

Ses doigts aux ongles crochus glissent jusqu'à la braguette de mon jean, et je la repousse vivement.

- Dégage, pétasse, je crache. C'est pas toi que je veux.

D'une pression sur les épaules, je l'éloigne suffisamment pour que la foule l'engloutisse de nouveau.

Mais je n'ai pas le temps d'éprouver de la satisfaction à la voir disparaître, car une masse sortie de nulle part, me percute à l'arrière du crâne.

Mes cheveux me couvrent le front, tandis que mon cou est forcé de plier en avant.

- Hey ! T... Toi !

Je grogne en portant une main à ma tête, légèrement sonné, et me retourne vers la petite connasse qui a osé m'envoyer son sac à main dans la face.

- Espèce de...

Je m'arrête au milieu de ma phrase. 

Elle est bourrée, elle tient à peine debout à force de se faire bousculer, et le doigt accusateur qu'elle applique sur mon torse a du mal à y rester mais...

C'est bien elle.

La proie.

Le colis.

Qui, par un heureux hasard, vient se jeter directement dans la gueule du loup.

- Toi..., répète la petite chose qui me fait face en titubant, les sourcils froncés. J'ai... tout vu... Connard... Tu as... oublié de... de récupérer... ça.

Sans prévenir, elle lance le bras en avant pour attraper l'une de mes mains, et la tourne paume vers le ciel pour y foutre...

Des débris de verre ensanglantés.

Ces derniers me perforent la peau à divers endroits... Mais la douleur vive qu'ils provoquent n'est pas ce qui retient mon attention.

Non.

Ce qui me secoue tout entier, c'est plutôt le frisson électrique, qui me parcourt du bout des orteils à la pointe des cheveux, à l'instant où sa peau effleure la mienne.

LE LIVREUR [TOME 1/BTS, V, LEMON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant