#98

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Je soupire en entrant chez moi.

La nuit est en train de tomber dehors, mais la demi-pénombre dans laquelle est plongée ma baraque, est bien loin de suffir à cacher son intérieur saccagé.

Je dégage les débris du pied sur mon chemin jusqu'à la chambre de la petite flic, et m'arrête devant la porte.

Du bout de l'index, je compose le code sur le boîtier à droite de l'encadrement, et active l'ouverture du battant.

"Clic".

Le voyant passe au vert et je pousse doucement la porte, avant de pénétrer dans la pièce.

Contrairement au reste de la baraque, il fait nuit noire ici.

Normal, connard, tu lui as refilé une chambre sans fenêtre.

La voix nasillarde de la secrétaire-pute, s'invite dans mon esprit sans me demander mon avis :

"Il l'a empêchée de se suicider... Il a peur qu'un jour où elle se sentira de nouveau seule, faible ou prise au piège, elle recommence..."

Seule ? Elle ne l'est plus maintenant que je suis de retour. Et j'ai du temps à revendre en attendant de reprendre mon job.

Faible ? Pour l'instant elle l'est, mais elle dort justement pour reprendre des forces. Alors ce sera bientôt réglé. 

Prise au piège... Elle l'est belle et bien, et je compte pas la libérer... donc disons que la sortir de cette mini-chambre confinée et lui donner accès à l'intégralité de cette baraque, suffira.

On est quand même sur du deux-cents mètres carrés. C'est pas rien.

Et puis même si elle sera toujours prisonnière, avec mes énormes baies vitrées elle aura presque l'impression d'être dehors.

Je fais quelques pas dans la chambre en profitant de la lumière du couloir. 

Je m'attends à être accueilli par un silence pesant -caractérisque des comateux- en approchant du lit king-size, mais ce sont de petits gémissements plaintifs qui parviennent à mes oreilles.

Arrivé au niveau de la tête de lit, je m'approche de ma prisonnière.

Elle n'est plus sur le dos comme je l'avais laissée, mais allongée sur le flanc.

Son visage n'est plus paisible, mais ses traits crispés, comme si elle souffrait.

Son sommeil semble agité, ses draps sont froissés, et elle s'est recroquevillée sur elle-même, serrant ses bras autour de son abdomen.

Pas la peine d'être un génie pour comprendre que quelque chose ne va pas.

  - Merde...

J'abandonne sur le sol le sac en papier glacé que je tenais dans la main, et m'assoie sur le bord du matelas, dos à la tête de lit.

Je la fais rouler sur le dos, et passe un bras derrière ses épaules pour la redresser.

La maintienant en position assise à mes côtés, je cale sa tête contre mon torse et passe la main sur son front.

Il est trempé.

  - Hey ! je lance d'une voix forte, alarmé. Qu'est-ce qu'il y a ? Où est-ce que tu as mal ?

Je tire sur le col de son sweat pour jeter un coup d'œil à la blessure par balle qu'elle a à l'épaule, mais son pansement est intact.

Elle geint plus fort, et je grogne en sentant ma poitrine s'alourdir d'inquiétude. 

Je me mets à tapoter la joue de la petite flic pour la réveiller.

  - Ça va être compliqué de combattre la drogue qui circule dans tes veines, bébé, surtout après aussi peu de repos mais... tu vas devoir ouvrir les yeux et me dire ce qui ne va pas.

Je te lâcherai pas tant que ça sera pas fait.

Lorsque mes petites tapes se transforme en claques bien senties, elle ouvre enfin les yeux.

Putain.

Ses paupières se soulèvent faiblement, et je ne peux résister à l'envie de la presser contre moi. 

  - Où est-ce que t'as mal ? je m'empresse de lui demander, de peur qu'elle soit de nouveau plongée dans le coma, avant d'avoir eu le temps de me le dire.

Elle lève des yeux mi-clos à l'aspect un peu trop fiévreux vers moi, et pose la main sur son ventre par-dessus le hoodie trop large que je lui avais filé.

  - Là... elle gémit, les larmes aux yeux.

Je me sers de ma main qui n'est pas dans son dos pour faire remonter le sweat.

Je découvre ses cuisses, sa culotte et son abdomen, mais prend bien soin de m'arrêter sous sa poitrine, que je sais déjà nue sous ce foutu habit.

C'est pas le moment de se remettre à bander.

  - Là ?

De la paume, je caresse doucement son ventre.

Elle hoche la tête, et se mord la lèvre, retenant sans doute un bon petit cri de douleur.

Ses doigts viennent aggriper ma blouse, sur laquelle ils se crispent, et elle s'adresse à moi :

  - Il-Il faut que j...

Ce qui sort ensuite de sa bouche n'est qu'un murmure haletant.

J'arrive pas à capter la fin de sa phrase.

Et puis elle s'agite trop, son corps frotte contre le mien et j'arrive pas à me concentrer.

  - Hein ? je demande en la serrant plus fort contre moi, frustré de pas être capable de l'aider. Répète, ma belle, s'il-te-plaît. Qu'est-ce que t'as dit ?

Au prix d'un effort surhumain, elle se calme, prend un instant pour reprendre son souffle et, cette fois, lâche très distinctement : 

  - Il faut que je fasse caca.

***

Oui 😅😅😅

LE LIVREUR [TOME 1/BTS, V, LEMON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant