LE LIVREUR [TOME 1/BTS, V, LEMON]

#75

DU POINT DE VUE DE V

Je suis à toi... Je me désengage auprès de mon fiancé... Je t'appartiens, corps et âme, pour autant de temps que tu voudras... Je m'abandonne volontairement à toi... Kim Taehyung, je suis à toi...

Parce qu'elle m'excite à mort, et que je suis devenu inexplicablement possessif à son égard dès que je l'ai rencontrée : ces mots sont exactement ceux que je rêvais d'entendre.

Mais je m'attendais pas du tout à ce qu'elle les prononce.

Putain de bordel de merde...

Cette petite idiote est à genoux sur le sol alors que je suis accroupi devant elle, ses mains sont posées sur mes joues, et elle me sort le genre de phrases qui devrait me faire bander.

Vraiment très dur.

Parce qu'elle est en train de m'offrir son corps et de me promettre de quitter son foutu fiancé.

Ce qui devrait me faire jubiler comme un porc...

En théorie.

Parce qu'en réalité, c'en est pas du tout le cas.

En fait, je crois bien que mon putain de cœur a jamais été aussi lourd.

Merde...

C'est comme si j'avais un morceau de roc entre les pecs.

Parce que même si cette fille est comme moi enivrée par chacun de nos contacts physiques, elle se donne pas à moi parce qu'elle a envie de le faire.

Non, elle le fait pour que je ne m'en prenne pas à son copain.

Putain, exactement.

Les yeux remplis de larmes et la lèvre tremblante, elle se sacrifie à un gars qui la terrifie pour sauver cet enculé.

Et je suis ce gars qui la terrifie.

Je serre les dents.

Une vague de chaleur, lourde, oppressante, envahit ma poitrine.

Je connais cette sensation : c'est la colère qui monte en moi.

Et pour la première fois depuis une éternité, c'est contre ma propre personne qu'elle est dirigée.

Tae, sale con... T'as vraiment réussi à effrayer la seule fille qui ait jamais éveillé ton intérêt comme ça. Tu la fais flipper au point qu'elle veuille se prostituer pour protéger un mec que tu menaces...

Le mec en question, le foutu fiancé, choisit cet instant précis pour enfoncer la porte de la pièce.

J'ai pas le temps de me relever, juste celui de tourner les yeux vers le brun en uniforme qui se jette sur moi.

La petite idiote lâche mon visage, rompant tout contact. L'enfoiré, lui, prend appui sur l'une de ses jambes et pivote à la vitesse de l'éclair pour m'envoyer un coup de pied retourné dans les dents.

L'arme que je tiens à la main me glisse des doigts et va valdinguer en direction de la porte-fenêtre.

Ma tête est violemment projetée en arrière, et mon corps la suit.

S'il voulait m'éloigner de sa petite chatte, cet enculé a réussi : mon dos heurte le sol plus loin, et je glisse sur un mètre ou deux avant de m'arrêter, complètement sonné.

Le sang et son sale goût métallique envahissent ma bouche, mais la seule chose à laquelle je pense en reprenant mes esprits, c'est que putain de bordel de merde, ce coup était vachement bien exécuté.

Allongé sur le dos, je me passe les mains dans les cheveux, et lâche un ricanement.

Ce gars est pas comme sa copine : il est pas flic pour rien. C'est évident qu'il a beaucoup plus d'expérience qu'elle dans le métier.

Et ça me fait chier, autant que ça me botte.

Parce que lui et moi, on va se battre pour la même chose, et je déteste gagner trop facilement. Alors même si c'est contrariant : ça me plaît qu'il sache se défendre... ou attaquer.

Je me redresse sur les coudes, et jette un coup d'oeil du côté de la porte vitrée donnant sur le jardin de ma baraque.

Et merde...

Le revolver qui s'y trouvait n'y est plus.

Ce qui veut dire que cet enfoiré a eu le temps de la récupérer, et que s'il n'avait plus de balles dans son propre flingue, maintenant, il en a autant que moi.

Putain, heureusement que j'aime les challenges...

Mes yeux glissent vers le centre de la pièce, où ce voleur de fiancé s'est laissé tomber à genoux aux côtés de ce qui m'appartient.

Il est en train de passer ses sales pattes sur son petit corps, de souiller mon sweat en le tâtant de partout pour s'assurer que la conne va bien.

La colère qui montait en moi, celle qui s'est amplifiée quand cet enfoiré est entré dans la pièce, se transforme en rage bouillonnante.

Grinçant des dents, je passe la main dans mon dos, et enroule mes doigts autour de la crosse du second revolver, que j'avais glissé sous ma ceinture.

- Jungkook ! crie l'idiote en me voyant l'extraire de mon froc pour le pointer droit sur lui.

Je lui lance un clin d'œil insolent.

Mes lèvres s'étirent en un sourire, découvrant mes dents.

Avec tout ce sang dans la bouche, je dois ressembler à un putain de psychopathe.

Mais j'en ai rien à foutre.

Ça m'empêche pas de tirer.