#96

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- Si l'Officier Jeon cherche sa fiancée de partout dès qu'il rentre de mission, s'il la surprotège, qu'il n'a d'yeux que pour elle puis qu'ils sont gosses... c'est parce qu'il l'a déjà empêchée de se suicider.

La salope souffle sur l'une de ses putains de griffes de merde, pour la débarrasser du vernis qu'elle y a arraché.

- Et il a peur qu'un jour où elle se sentira de nouveau seule, faible ou prise au piège, elle recommence.

Bordel.

Alors étant donné où se trouve ma petite prisonnière en ce moment, la situation pourrait pas être pire pour elle.

Seule, faible, et prise au piège...

Sans oublier dans notre cas : blessée, droguée, limite violée et bientôt, livrée.

Une douleur bien vive me traverse les gencives tout à coup, et je me rends compte que je suis en train de grincer des dents.

Mes paumes prennent cher aussi : quand je desserre les poings, elles sont couvertes d'entailles rouges qu'elles doivent aux ongles que j'y ai enfoncés.

Et merde...

Je fais mon possible pour détendre mes muscles bandés par cette soudaine appréhension de merde.

Y'a pas lieu de paniquer, grand con.

Pour l'instant, ton idiote joue à la Belle aux Bois Dormants.

Après tout, si le fait d'être "prise au piège" la dérange au point de faire ressortir ses vieux instincts suicidaires, j'ai toujours le temps de trouver un moyen pour la faire sortir de cette petite chambre sans fenêtre... mais sans pour autant la libérer complètement.

Je vais y réfléchir en sortant d'ici.

  - Pourquoi elle a essayé de se suicider ? je demande à la cougar qui, frustrée, s'est mise à se caresser les seins pour me donner envie de la rejoindre sur le bureau.

Je tire vers moi la grosse chaise à roulettes du fiancé, et pose mon cul nu dessus.

- Comment ça c'est passé, hein ?

Je m'affale contre le dossier, et pose mes coudes sur les accoudoirs avant de croiser les doigts sur mon abdomen.

J'essaie de me donner l'air le plus calme possible, mais j'ai bien conscience que mes pouces qui s'agitent trahissent ma nervosité.

Putain, ma vie a beau être remplie de violence et jonchée de cadavres, c'est fou ce que cette histoire de suicide me dérange.

  - Qu'est-ce que j'en sais, me répond la secrétaire en me toisant d'un air dédaigneux. C'est arrivé à l'époque où ils étaient au lycée... j'ai l'air d'y avoir été avec eux ?

  - Te fous pas de moi, je grogne ; tu dois bien avoir entendu des ragots. Dis-moi donc ce qu'on raconte sur la fille du Haut-Comissaire.

La cougar reste coite, les sourcils froncés, puis ouvre à nouveau sa sale gueule :

  - L'un des gars qui gère les dossiers à l'étage du dessous, était dans l'établissement scolaire du petit couple, il y a dix ans.

Elle décroise les jambes, abandonnant sa position séductrice pour s'installer plus confortablement sur le bureau.

Je manque de me lever pour la gifler quand elle lâche volontairement un putian de bâillement, avant de poursuivre :

- Apparemment, notre Haut-Comissaire était déjà haut placé dans la police à l'époque. Il envoyait beaucoup de gens au trou. Et malheureusement pour sa fille, certaines personnes qu'il a fait enfermer pour fraude se trouvaient être des parents d'élèves de sa classe. Quand leurs familles ont tout perdu du jour au lendemain, les enfants se sont vengés à l'école. Sur elle.

C'est plus fort que moi, je lâche un grondement sourd.

Rien qu'imaginer des petits pisseux s'en prendre à la gosse toute frêle qu'elle devait être, me donne envie de leur arracher la tête.

La secrétaire-pute lâche un ricanement en entendant ma réaction.

Je sais pas ce qu'elle veut à cette fille, mais il est clair que son récit l'amuse autant qu'il me fait rager. 

  - Se faire voler ses vêtements aux vestiaires après les cours de sport, se faire renverser un bol de ramen sur la tête au réfectoire, être forcée de boire l'eau des toilettes du lycée... Elle a supporté ça pendant quelques mois, puis elle a craqué, et est enfibmontée sur le toit de l'un des bâtiments du lycée.

Bordel, idiote...

- Ils l'ont tous accompagnée, à ce qu'il paraît. Seulement quelques-uns d'entre eux souhaitaient se venger, mais personne ne voulait rater ça...

Je l'imagine sans mal faire face au rebord, les orteils dans le vide.

Je la vois serrer fort les paupières, alors qu'une troupe de merdeux en uniformes s'est agglutinée dans son dos, et qu'ils lui gueulent en cœur de faire un dernier pas en avant.

LE LIVREUR [TOME 1/BTS, V, LEMON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant