#33

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Y'a plus personne.

La petite idiote a disparu.

Et avec la dose de drogue que je lui ai faite ingérer, une chose est sûre : elle s'est pas faite la malle toute seule.

Non !

Je m'attrape la tête entre les mains et, incapable de le retenir, je laisse échapper le cri de rage qui traverse mes lèvres.

J'arrive trop tard.

Ces enculés l'ont enlevée, et ils ont pas perdu de temps. 

Pas comme moi, qui ai bousillé le mien à me prendre la tête avec des questions inutiles.

- Bordel, le CON !

J'envoie un coup de pied dans le tronc le plus proche avec une telle violence, que le bois explose sous ma botte, projetant des éclats d'écorce dans tous les sens.

Je grimace en sentant remonter le long de ma jambe, la douleur sourde du choc.

Cette dernière est bien loin d'être suffisante à me faire oublier la colère et l'inhabituel sentiment de détresse, qui se sont emparés de moi.

Putain, ça c'est sûr.

Pour les oublier, il faudrait au moins que je retrouve et réduise en miettes, les merdes qui ont osé voler mon colis.

Et cette idée ne fait pas que me traverser l'esprit, elle s'impose dans mon esprit comme ma nouvelle putain de priorité.

Ouais. Je vais lui courir après, à cette fille.

Parce que ses ravisseurs ont certainement pas encore eu le temps d'aller bien loin.

Parce que ça me fait putain de mal de rester là, à rien faire.

Et enfin parce que maintenant que le trafic du réseau est interrompu, j'ai rien d'autre à foutre.

J'interromps brusquement mes réflexions, aux aguets.

Un bruit vient d'attirer mon attention.

Celui de tissu qui se déchire.

C'est-à-dire un foutu son, que je suis pas du tout censé entendre en étant seul ici, à moitié enfoncé dans une forêt endormie, à quelques mètres d'une route vide. 

Je me retourne vivement, à l'instant même où un éclair bleu traverse mon champ de vision.

- Prend ça, connard ! crie une voix aiguë.

Une énorme branche vient s'écraser sur ma nuque, et je m'écroule sur le tapis de feuilles mortes en même temps que l'espèce de massue en bois, que mon agresseur laisse tomber sur le sol.

Le tambourinement mat de pieds nus qui s'éloignent en courant me parvient, alors que je grogne en essayant de me redresser, groggy.

Je secoue ma tête devenue lourde comme la pierre, et me remets sur pieds en m'aggripant à un tronc.

En levant les yeux vers la route, j'aperçois la petite conne en robe que je croyais enlevée, en train de courir vers ma caisse... ou plutôt en train de zigzaguer bizarrement dans sa direction.

Pas un foutu doute, elle est encore sous l'effet l'alcool et de la drogue que je lui ai refilée.

- Mais merde..., je grommelle, les nerfs à vif même si un poids immense a quitté mes épaules au simple fait de la voir sauve. Elle est pas humaine, c'est pas possible... Elle devrait même pas être debout.

Je me masse la nuque en secouant à nouveau la tête. Et une dizaines de secondes plus tard, j'ai achevé de retrouver mes esprits.

Je perds pas une seconde : je prends appui sur l'arbre et m'élance vers ma voiture, dans laquelle l'idiote est parvenue à entrer.

Elle n'a pas prit le temps de fermer la portière, alors je l'aggripe sans mal par le bras une fois arrivé à son niveau, et je la tire hors de l'habitacle juste avant qu'elle puisse tourner ces foutues clés que j'ai laissées dans le contact. 

- Qu'est-ce que tu crois être en train de faire ? je l'interroge en la plaquant à ma caisse, ignorant son cri de douleur lorsque son dos heurte la carrosserie.

Je peux pas m'empêcher de sourire en mesurant notre grande différence de force. Et donc, ma supériorité...

- Tu penses pouvoir me voler et t'enfuir, poupée ? je ricane en l'écrasant de tout mon poids pour l'immobiliser. 

- Laisse-moi partir, espèce de taré ! elle hurle pour toute réponse, se démenant pour essayer de me repousser et se dégager, sans succès. C'est toi qui l'a dit, ça devait être la première et dernière fois que je te voyais, mais tu es à nouveau là ! Dégage pour de bon et laisse-moi partir !

- "Laisse-moi partir" ? Je t'ai libérée au milieu de nulle part, idiote. Pourquoi t'es encore là, si tu tiens tant à dégager ?

- Je n'en ai pas eu le temps !

- Alors tu t'es réveillée juste avant que j'arrive...

Mes lèvres s'étirent d'elles-mêmes, dévoilant mes dents.

- Pas de chance pour toi. T'aurais ouvert les yeux un peu plus tôt, et t'aurais pu t'enfuir. Je t'aurai jamais retrouvée.

Je me penche sur la petite peste, parfaitement conscient de ce que ce geste provoque en elle, et lui murmure sur un ton de confidence :

- Maintenant que je suis revenu spécialement pour te récupérer, que j'ai perdu mon temps et gaspillé mon énergie pour toi... Aucune chance que je te laisse partir.

- Hein ?  

Elle écarquille les yeux en me voyant passer la langue sur mes lèvres, et ses protestations s'amplifient encore lorsque je me mets à la détailler sans la moindre gêne. 

- Hum... T'as une mine affreuse, si tu te voyais. Tes cheveux sont dégueulasses et tout emmêlés, tes yeux cernés de noir parce que ton foutu maquillage a coulé, et ta robe est...

Je baisse les yeux entre nos deux corps, et hausse un sourcil appréciateur.

- ...déchirée au possible. Regarde-moi le carnage... Je vois presque ta petite chatte.

À ces mots, la prude qu'elle est ferme enfin son clapet, et se met à rougir.

Je m'en veux même pas de trouver ça adorable.

De toute évidence, c'est le truc en lambeaux qu'elle porte, que j'ai entendu se déchirer plus tôt et qui a trahi sa présence.

- Dégage, pervers..., elle lâche d'une toute petite voix.

- Moi aussi, poupée, je suis content de te revoir, je raille en l'observant un instant détourner les yeux, aussi amusé qu'excité par sa timidité.

Je me décale légèrement et la presse encore davantage contre la carrosserie, pour qu'elle réalise à quel point mon corps pense ce que je dis...

***

(ashtag "fire dans le pantalon" 😂 La suite arrive, mes amours)

LE LIVREUR [TOME 1/BTS, V, LEMON]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant