LE LIVREUR [TOME 1/BTS, V, LEMON]

#92

Je sais pas si j'ai bien fait d'échanger l'uniforme contre un masque et une blouse blanche à l'infirmerie.

Fallait que je cache mieux mon visage aux caméras et que je me débarrasse de ces frippes ensanglantées.

Mais je dois dire que là, en plein milieu de cet ascenseur bourré de monde, plus je grimpe dans les étages et plus j'ai l'impression que tout le monde me mate.

Normal, crétin. Les médicaux bossent qu'au rez-de-chaussée et toi, tu balades ton cul de faux-médecin ici.

J'aurai voulu passer inaperçu et porter des fringues normales, mais j'ai rien trouvé de mieux.

Mais si on voit le bon côté des choses : même si j'attire l'attention dans ces sapes, il y a personne pour me reconnaître ou m'arrêter.

Et c'est le principal.

L'ascenseur s'immobilise dans un "clong" sonore, et les portes coulissantes s'ouvrent.

Je suis au 21ème étage.

Celui du service criminalité.

Celui où bossent le fiancé et sa petite chatte.

Aish...

Je joue des épaules pour m'extraire de la cabine, et observe en grognant les portes se refermer.

Jusqu'à ce qu'on me bouscule.

Bordel...

Je regarde autour de moi et constate qu'ici aussi, ça grouille de poulets.

Il y en a pour tous les goûts -uniforme ou cravate/chemise- et de tous les côtés : assis à des bureaux au milieu des ordinateurs et piles de dossier, en train de courir, en train de pioncer debout près de la machine à café...

En bref, une effervescence et un brouhaha qui me tapent direct sur le système.

Où est ton bureau, enfoiré...

Je sens déjà que je vais y trouver pas mal de trucs intéressants. Sur moi, sur mes collègues, sur la mission dont il était chargé avec sa fiancée.

Je profite d'être légèrement plus grand que la moyenne, pour balayer l'espace du regard par-dessus les têtes.

Si ce gars est censé être le futur gendre d'un Haut-Commissaire, alors il bosse pas ici.

Je le vois plutôt dans un bureau individuel. Un truc du genre pour les gars avec de hautes responsabilités.

Et ça tombe bien, parce qu'il y a justement une entrée de couloir à ma droite, au-dessus de laquelle est inscrit "Direction".

Je m'y élance et le parcours au pas de course.

Je cherche pas longtemps avant de tomber sur la porte avec le fameux "Jeon Jungkook" gravé dessus.

Nickel.

Avant d'enfoncer ma semelle dans la serrure pour la faire claquer, je jette un coup d'œil à droite et à gauche.

Aish...

Le couloir est aussi "calme" que le reste de l'étage. C'est-à-dire pas du tout.

Il y a trop de monde pour que je puisse tenter quoi que ce soit contre cette foutue porte de mes deux.

Et si...

J'enroule les doigts autour de la poignée, et la fait tourner sans effort.

Putain, ouais, c'est ouvert.