Refuge

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La première semaine de cours avait été terriblement compliquée pour Albus. Il avait l'impression d'avoir des difficultés dans toutes les matières, il devait faire face au rejet dans sa propre maison, parce qu'il était le fils de Harry Potter... Même si ce point était en nette voie d'amélioration avec l'aide des frères Zabini.

Et surtout, il devait supporter son frère.

Loin de leurs parents, James n'avait plus aucuns scrupules à martyriser son petit frère ouvertement. Albus ne comptait plus les bousculades, les insultes, les moqueries. Son frère semblait décidé à lui faire vivre la pire année qui soit, ne lui laissant pas un seul instant de répit.

James n'avait pas prononcé son prénom depuis qu'ils étaient à Poudlard. Non. Il était "le cracmol". Même si Scorpius lui chuchotait toujours de l'ignorer, Albus sentait à chaque fois son cœur se serrer en se demandant ce qu'il avait fait pour mériter une telle chose.

Albus savait que Rose notait chaque confrontation entre les deux frères pour envoyer un compte rendu fidèle à sa mère, et il avait dans l'idée que sa tante Hermione en tiendrait son père informé. Mais le garçon ne se faisait pas vraiment d'illusions : Harry Potter était un Auror célèbre et bien trop occupé pour avoir le temps de gérer les querelles de ses deux fils...

Au début de la semaine, Albus avait eu dans l'idée d'échapper à son frère en l'évitant : Poudlard était immense, et hormis la Grande Salle, ils n'avaient que peu de chances de se croiser, surtout en n'appartenant pas à la même maison.

Sauf que loin de s'espacer, les rencontres soit-disant fortuites avec son frère s'étaient multipliées, et Albus avait rapidement compris que son frère utilisait la carte du Maraudeur que leur père lui avait remise. Ce n'était alors plus de simples moqueries, mais bel et bien des actes de méchanceté gratuite.

Pire encore, il semblait y avoir toujours quelqu'un pour raconter à James les difficultés que rencontrait son petit frère. Et Albus perdait confiance en lui, à mesure que James le rabaissait.

Le summum de la cruauté fut atteint à la sortie du premier cours de vol d'Albus. Le Serpentard avait alors découvert qu'il n'avait pas hérité du don de son père, puisqu'il avait été incapable de faire lever son balai. Madame Bibine l'avait regardé avec une pointe de pitié au fond des yeux et il avait fallu toute son énergie au garçon pour ne pas fondre en larmes.

Bien entendu, James l'attendait dans le hall du château, à l'endroit où il y aurait le plus d'élèves.

Et James avait ri de sa médiocrité. Il avait hurlé qu'il était un cracmol, qu'il ne serait jamais un vrai sorcier. Albus était pétrifié d'effroi, les joues rouges, alors qu'il y avait une foule de plus en plus nombreuse qui assistait à son humiliation.

Il était seul, Scorpius était parti en avance pour envoyer un parchemin à son père, et il sentait la panique le gagner, alors que son frère se montrait de plus en plus dur, de plus en plus cruel.

Un instant, Albus crut voir les cheveux fous de sa cousine, mais il oublia rapidement Rose lorsque James lui porta le coup fatal.

- Papa va avoir tellement honte de toi ! Le pauvre comme s'il n'avait pas assez de soucis, tu lui pourris encore la vie. Incapable jusqu'au bout !

Les larmes avaient commencé à couler sur les joues de Albus et il avait émit un couinement étranglé avant de partir à toutes jambes, bousculant ceux qui restaient sur son chemin. Plutôt que de tenter de rejoindre sa maison, il sortit du château pour rejoindre le seul endroit où il savait qu'il serait en sécurité.

Sachant que James avait la carte du Maraudeur, Albus savait qu'il devait aller à un endroit qui n'y apparaissait pas. Or, hormis la salle spéciale dont leur père avait évoqué l'existence et qu'il n'avait pas encore trouvé - leur père avait refusé de leur en révéler l'emplacement en disant que ce serait la salle qui les trouverait - il y avait un autre endroit où il pourrait se terrer en attendant de se reprendre.

La forêt interdite.

Il se souvenait parfaitement des histoires de son père, et des cris mélodramatiques de son oncle Ron lorsqu'ils abordaient le sujet des acromentules. Il savait que la forêt était dangereuse, peuplée de créatures qui n'étaient pas forcément amicales.

Pour autant, à cet instant, c'était le seul endroit où il pourrait échapper à son frère et ça lui semblait être le paradis sur Terre.

Albus était décidé à s'enfoncer dans la forêt et à trouver un refuge où il pourrait se glisser. Il y resterait le temps qu'il faudrait, jusqu'à ce qu'il ait trop faim ou trop froid probablement. Il n'était pas prêt à faire face aux élèves de Poudlard, qui avaient assisté à la scène. Le bouche à oreille ferait le reste, et une fois de plus, tout Poudlard rirait de lui. Il espérait juste que Rose se montrerait gentille avec Scorpius le temps de son absence. Il n'avait aucun doute que son meilleur ami serait inquiet, et il s'en voulait un peu de ne pas l'avoir attendu. Avec lui à ses côtés, les choses n'auraient probablement pas été aussi loin...

Albus était loin de se douter que Rose avait entendu une partie des mots de James, et qu'elle avait cherché à rejoindre son cousin en se frayant un passage dans la foule. Lorsqu'elle était arrivée près de James, Albus s'était déjà enfui et le Gryffondor ricanait, fier de lui.

Rose l'avait alors giflé de toutes ses forces, ses yeux lançant des éclairs.

James n'avait pas eu le temps de répliquer qu'il avait été sèchement rappelé à l'ordre par Minerva qui avait enlevé cinquante points à Gryffondor pour le spectacle qu'il avait offert. Il n'avait pas osé protester, compte tenu du fait que la Directrice semblait folle de rage.

En voyant Scorpius entrer dans le hall de Pouldard et regarder autour de lui les sourcils froncés, Rose s'était précipitée vers lui et avait attrapé son poignet pour l'entraîner à sa suite.

La jeune fille lui avait expliqué en quelques mots ce qui venait de se produire et lui avait demandé où pourrait se cacher Albus. Et c'est inquiète que Rose oublia ce qu'elle reprochait à Scorpius, alors qu'ils cherchaient leur ami et cousin désespérément.

Nouvelle générationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant