Nouvelle génération

Morceau de gâteau

A l'heure du repas dans la Grande Salle, la table des Serpentard était curieusement clairsemée. Beaucoup d'élèves manquaient à l'appel. Et sans surprise, ceux qui restaient étaient ceux qui n'aimaient pas Albus Potter, le plus souvent à cause de son nom de famille.

A la table Gryffondor, James jubilait, content d'avoir humilié son frère au point qu'il n'ose pas se présenter dans la Grande Salle. A aucun moment, il ne se rendit compte que sa cousine Rose était absente elle aussi. Ni que Minerva MacGonagall n'était pas à sa place habituelle. Il ne fit même pas le lien entre les nombreux absents chez les verts et argent et le mauvais tour qu'il avait joué à Albus un peu plus tôt.

Il était en train de déguster sa part de gâteau en riant avec ses amis, satisfait de sa journée. Après tout, il était le leader des Gryffondor, incontestablement. Il était le fils du plus célèbre d'entre eux, le Sauveur du monde sorcier, ce qu'il n'oubliait jamais de rappeler, inlassablement.

D'un coup, les portes de la Grande Salle s'ouvrirent brutalement et le silence se fit, pesant.

James fut probablement l'un des derniers à réagir et à regarder ce qui se passait. Lorsqu'il se retourna, riant joyeusement, un morceau de gâteau dans la cuillère qu'il tenait à la main, il ne s'attendait certainement pas à tomber sur la scène qu'il découvrit.

Entrant dans la Grande Salle aux côtés de Minerva MacGonagall, il y avait un Harry Potter fou de rage. Ses joues rouges, ses lèvres pincées, ses yeux brillants et ses cheveux encore plus ébouriffés qu'à son habitude étaient particulièrement évocateurs de son état d'esprit.

Il aurait pu y avoir de la fumée qui lui sortait des oreilles que ça n'aurait pas été surprenant.

James se figea, bouche bée. Il émit un couinement étranglé mais n'eut pas le temps de faire le moindre mouvement que son père fondait déjà sur lui.

- James Sirius Potter ! Ne crois pas que tu vas t'en sortir sans ennuis cette fois-ci !

Le jeune homme regarda autour de lui, et croisa le regard mécontent de Minerva MacGonagall. Il sentit ses joues s'empourprer de honte alors que dans la Grande Salle éclataient quelques rires amusés de le voir chuter du piédestal sur lequel il s'était lui même placé.

- Papa ? Qu'est-ce...

- Suis-moi. Immédiatement.

- Mais...

- Maintenant James.

James connaissait suffisamment son père pour savoir que lorsqu'il prenait ce ton, mieux valait ne pas discuter. C'était dans ces moments qu'il montrait sa puissance.

Harry fondit sur son fils dès qu'ils eurent passé les portes.

- Ton comportement... Est inqualifiable ! Comment as-tu osé !

- Quoi ?

Le ton mi boudeur- mi agressif de son fils fit serrer les poings à Harry.

- Ce que tu as fait à ton frère...

- Ce cafard t'a appelé ?

La gifle partit immédiatement, sèche et brutale. James posa la main sur sa joue brûlante, des larmes de colère plein les yeux, regardant son père avec rancune. Minerva posa une main sur le bras de Harry et le Sauveur se reprit rapidement.

- Ton frère a disparu. Par ta faute.

Voyant que James ne semblait pas prendre l'information au sérieux, Harry grogna.

- Tu vas aller me chercher la carte des Maraudeurs. Tu n'en es pas digne, loin de là. Je te conseille d'être extrêmement rapide, et de ne pas chercher à échapper à ta punition. Ensuite, pour ton comportement, Minerva s'en occupera. Et crois-moi, s'il arrive quoi que ce soit à Albus...

Harry laissa sa phrase en suspens, la menace étant clairement perceptible. Minerva soupira.

- Harry. Je vais m'en occuper, d'accord ? Allez chercher Albus...

- Juste un détail encore, Minerva. Ça me simplifiera les choses.

James partit à toute vitesse et Harry se frotta le visage, au bord de la nausée.

- Je n'ai pas fait attention... J'ai vu qu'ils n'étaient pas très proches, mais Albus est si... discret que je ne me suis pas inquiété.

- Harry, ce n'est pas de votre faute...

- Mon propre fils... Il se conduit comme... Comme mon père avec le professeur Rogue. Sauf qu'il ne s'attaque pas à un camarade mais à son petit frère.

- Harry...

- Non. Je sais que vous n'êtes jamais intervenue pour aider Rogue. Mais mon père s'est réellement conduit comme un monstre. C'était cruel, et... Le jour où j'ai vu ses souvenirs dans sa pensine, accidentellement, j'ai été horrifié. J'ai détesté mon père, j'ai détesté Sirius aussi. Je les ai détesté et pourtant je n'avais pas la moindre affection pour Severus Rogue. Et aujourd'hui, mon premier fils - qui porte leurs prénoms - reproduit leur comportement sur mon second fils.

Minerva pressa son épaule, doucement, l'air un peu triste.

- Harry, vous n'êtes pas responsable. Au contraire, vous agissez immédiatement, avant que ça ne devienne trop grave. Contrairement à vous, j'ai commis l'erreur de fermer les yeux, parce que je n'ai pas pris la situation au sérieux autrefois. Vous savez quelles conséquences ça aurait pu avoir, Severus aurait pu...

Ils restèrent silencieux un moment, pensant à l'homme qui avait perdu la vie pendant la dernière bataille. Puis Harry se frotta le visage nerveusement avant de soupirer, soudain fatigué.

Minerva hésita un instant.

- Harry ? Puis-je vous demander qui vous a prévenu de la disparition d'Albus ? Miss Weasley ?

Harry secoua la tête en signe de négation, puis laissa échapper un rire sans joie.

- Drago Malefoy.

Minerva eut l'air surprise puis elle gloussa.

- C'est... inattendu.

- Son fils l'a prévenu et... il a estimé que je devais être au courant de ce qui se passait.

- Que vous a t-il dit pour que vous soyez autant en colère à votre arrivée ? Encore vos éternels affrontements ?

Harry eut l'air sincèrement surpris en se rendant compte que Minervait pensait qu'il était en colère à cause de Malefoy. Il nia immédiatement.

- Non, son courrier était parfaitement courtois. C'est ce que j'ai appris qui m'a rendu furieux.

- Le comportement de James ?

- Oui. Et le fait qu'Albus semble penser que je préfère son frère parce qu'il ressemble à mon père. Je me suis laissé déborder par le travail au Ministère, et j'en ai oublié mes enfants. L'un est devenu un idiot prétentieux et l'autre semble persuadé que je ne l'aime pas.

En voyant James arriver avec la carte des Maraudeurs à la main, Harry se redressa pour toiser son fils d'un air mécontent. Puis il s'empara du parchemin et partit à grands pas sans jeter un regard en arrière.