Soufre

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Louis et Scarlett étaient sur le point de reprendre les cours. Ils avaient récupéré de leur enlèvement, et s'ils étaient excessivement inquiets, ils allaient bien dans l'ensemble.

Albus et Scorpius, mis au courant par leurs pères respectifs, avaient été les premiers à venir les voir, et leurs liens s'étaient resserrés.

Les choses semblaient plus calmes dans l'école, mais les professeurs n'étaient pas dupes. Ils étaient parfaitement conscients que le coupable n'avait pas été arrêté, et qu'une menace pesait toujours sur les élèves. Particulièrement sur les élèves de Serpentard.

Drago était en plein cours de potions, avec la classe de troisième année de Gryffondor. C'était sa classe la plus difficile surtout parce qu'il y avait le fils aîné des Potter. Alors qu'il appréciait sincèrement Albus et qu'il était heureux que son fils s'en soit fait un ami, il ne pouvait pas supporter James toujours aussi méprisant et imbu de sa personne.

Il n'hésitait pas à lui retirer des points et à l'envoyer en retenue, mais il mettait un point d'honneur à ne jamais s'en plaindre à son collègue. Il ne voulait pas montrer la moindre faiblesse devant le gamin, de peur de rendre la situation encore plus intenable qu'elle n'était.

Drago sentait parfois sur lui le regard d'Hermione Granger - désormais Weasley - qui semblait pensive. Puisqu'il y avait un Weasley dans sa classe également, il supposait qu'elle était au courant du comportement de son neveu et des punitions qu'il donnait à chaque cours, mais tant qu'elle n'aborderait pas le sujet, il resterait silencieux.

Si à son arrivée à Poudlard, il n'avait pas eu d'idée précise sur le style d'enseignant qu'il voulait être, il avait vite commencé à prendre exemple sur son parrain pour certains détails. Ainsi, même s'il n'était pas aussi partial que l'avait été Severus Rogue, il était intransigeant avec la discipline et n'acceptait pas le moindre bavardage pendant sa classe.

Quand son fils s'en était étonné, il avait souri et avait répondu que c'était une question de sécurité : un moment d'inattention suffisait pour provoquer l'explosion d'un chaudron. En se montrant sévère, il obligeait ses élèves à être attentifs à ce qu'ils faisaient.

Il avait rapidement découvert que l'étiquette d'ancien Mangemort effrayait les élèves - au moins pour la plupart -, et il avait décidé de forcer le trait en portant le même style de robes austères que feu son parrain. Et c'était suffisant pour canaliser la majeure partie des élèves.

Restait encore James Potter qui était d'une autre trempe. S'il avait hérité quelque chose de son père en plus de ses cheveux ébouriffés, c'était bien de son caractère entier, refusant de céder surtout sous la menace.

Lorsque quelqu'un frappa à la porte pendant son cours, il soupira intérieurement de soulagement. Il était sur le point de ligoter l'impertinent, et de l'expédier proprement ficelé à son père pour qu'il se débrouille avec sa progéniture...

Il espérait voir Minerva, mais ce fut Harry qui passa la tête dans entrebâillement de la porte, fronçant le nez à l'odeur de soufre dégagée par la potion en cours de brassage.

Avec un grand sourire, il lui demanda s'ils pouvaient se voir tous les deux quelques instants, et Drago leva brièvement les yeux au ciel avant de réprimer un sourire amusé. Bien qu'il soit désormais un homme, Potter avait parfois encore des manière enfantines, comme s'il ne changeait pas vraiment au cours des années.

Aucun des deux professeurs ne fit attention aux élèves et plus particulièrement au regard mauvais de James.

Ce dernier détestait cordialement Drago Malefoy et faisait tout pour le pousser à bout. Mais malgré tous ses efforts, le blond gardait toujours son calme. Il perdait des points et gagnait des heures de retenues, mais ce fichu Mangemort n'élevait jamais la voix.

Voir son propre père - qu'il méprisait dorénavant tout sauveur qu'il fut - venir sympathiser avec l'ennemi sous ses yeux le mit dans une rage folle. Les poings serrés, il bouillait, cherchant une façon de s'en prendre à l'insupportable blondinet qui avait le culot de s'exhiber à Poudlard au lieu d'être à Azkaban.

En voyant Drago Malefoy hocher la tête et commencer à traverser la salle pour rejoindre Harry Potter, James grogna et attrapa une poignée d'ingrédients qu'il jeta négligemment dans son chaudron avant de s'écarter en direction de Fred par prudence.

James était mauvais en potions, une vraie calamité. Mais il savait que jeter n'importe quoi dans un chaudron bouillonnant était souvent le meilleur moyen de provoquer une explosion.

Son chaudron commença à siffler, et la réaction qu'il avait provoqué s'emballa au moment où Drago arriva à sa hauteur. Il était trop tard pour que le professeur intervienne.

Harry de sa position avait vu James faire un geste brusque en direction de son chaudron puis s'écarter prudemment. Sur le moment, il avait froncé les sourcils.

En entendant le sifflement caractéristique d'un chaudron sur le point d'exploser - il avait après tout souvent été aux premières loges avec Neville près de lui, sans compter qu'il avait lui même provoqué quelques magnifiques explosions - ses yeux s'étaient écarquillés d'horreur.

Alors que Drago semblait prendre conscience de ce qui se passait, Harry eut juste le temps de lancer un bouclier pour protéger à la fois son collègue et les élèves autour. Puis le chaudron explosa, avec une violence impressionnante.

Harry soupira, soulagé d'être appuyé contre le chambranle de la porte de la salle de classe. Il tremblait tellement qu'il n'aurait probablement pas tenu debout.

Drago resta figé quelques secondes avant de cligner des yeux. Il jeta un regard plein de gratitude à Harry puis se tourna vers James et Fred.

SI le premier avait un rictus satisfait, le second - complice involontaire de son cousin - semblait horrifié de la force de l'explosion.

- Potter ! Weasley ! Cinquante points en moins et une semaine de retenue !

James s'apprêta à protester mais Harry s'éclaircit la voix, rappelant à son fils qu'il était présent et qu'il ne lui permettrait pas d'échapper à la sanction.

Après avoir vérifié que personne n'était blessé, il demanda à tout le monde de sortir. Il n'avait pas bougé, restant là où il était, une main sur la table à ses côtés, et Harry suspecta qu'il tremblait autant que lui même.

Une fois seuls, Harry entra et ferma la porte derrière lui, s'y adossant. Puis il laissa échapper un léger rire nerveux.

- Bordel... Je suis trop vieux pour ces conneries.

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