Un cycle de vie

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Finalement, Ginny était repartie, vociférante, à moitié traînée par son frère.

Suite à l'entretien, Minerva furieuse avait sèchement demandé à ses deux professeurs de retourner à leurs occupations. Harry avait tenté de s'excuser du comportement de son épouse, mais Minerva l'en avait empêché.

- Je n'ai rien à redire à votre comportement Monsieur Potter. Ne vous excusez pas pour quelque chose que vous n'avez pas fait.

Hermione avait salué l'écossaise et avait entraîné Harry à sa suite.

- Elle a complètement perdu le sens commun ! Je ne peux pas croire que...

- Hermione. J'ai... Ne le prends pas mal mais j'aimerais être seul un peu.

Son amie soupira et hocha la tête, tristement.

- Je comprends. Tu sais où me trouver si tu as besoin de parler.

Harry l'enlaça brièvement avant de s'éloigner à pas rapides, sous le regard soucieux d'Hermione. Cette dernière maudit sa belle-sœur entre ses dents avant de rejoindre à pas lents ses appartements.

Harry fit un premier arrêt aux cuisines de Poudlard et demanda une bouteille de Whisky pur feu. S'il avait su à l'époque où il était élève qu'il pourrait se procurer à peu près n'importe quoi à condition de le demander aux elfes, il aurait probablement profité honteusement de l'adoration que lui vouait Dobby pour profiter des friandises moldues.

Puis, toujours à pas rapides, il se dirigea vers la tour d'Astronomie. Il avait besoin d'alcool et de solitude.

Il se versa un premier verre qu'il sirota en contemplant le parc de Poudlard, perdu dans ses pensées. La confrontation avec Ginny avait été à la hauteur de ce qu'il craignait. Néanmoins, malgré tout, il était rassuré de se rendre compte que George l'avait soutenu. Tout comme Hermione et Ron. Il se sentait bien moins seul même s'il espérait qu'il ne provoquerait pas de disputes irrémédiables au sein du clan Weasley.

A peine vidé, il se versa un second verre bien décidé à s'enivrer. Il n'avait pas de cours à donner le lendemain, et il comptait bien noyer toutes ses émotions dans un maximum d'alcool.

Cette fois, il pensa à James en buvant. Essayant de se souvenir à quel moment son petit garçon était devenu un tel idiot.

James avait été son premier né, son petit bébé. Dès sa naissance, il avait voulu lui donner tout ce dont il aurait besoin. Peut être l'avait il trop couvé... Pourtant, Albus avait été autant choyé lorsqu'il était né.

Harry était certain de ne jamais avoir fait de différences entre ses deux fils. Il les aimait de la même façon, et ils étaient aussi précieux l'un que l'autre à ses yeux.

Les choses avaient dérapé quand il s'était éloigné de sa famille après la naissance de Lily, cumulant les heures supplémentaires...

Il se versa un troisième verre, posant son front un instant sur le garde fou.

Un rire amusé le fit se redresser et il fit apparaître un second verre d'un coup de baguette.

- Je t'en prie Malefoy. Sers toi.

- C'est donc ça la vie décadente du Sauveur ?

Harry haussa les épaules et répondit, la voix un peu pâteuse.

- Je n'ai pas cours demain. Et j'en ai besoin.

- Tu célèbres quelque chose ?

- La fin de mon mariage. Encore.

Il y eut un soupir et il sentit Drago s'installer à ses côtés.

- Tu sais que... je suis veuf n'est-ce-pas ?

Harry hocha la tête doucement.

- J'en ai entendu parler. Désolé pour toi, Malefoy.

- Un cycle de vie... C'est ce que j'ai eu avec Astoria. Elle m'a donné Scorpius, puis elle est tombée malade et nous a quitté.

- Tu l'aimais ?

Drago se servit un verre avant de répondre, et en but une bonne gorgée. Puis, il soupira.

- Non. Oui. Pas comme une épouse. Elle était ma meilleure amie.

Harry fronça les sourcils et Drago eut un sourire triste.

- C'était un mariage arrangé. Mes parents m'ont rappelé que j'avais de la chance qu'elle accepte d'honorer le contrat alors que j'avais la marque des ténèbres sur le bras...

- Mais c'est eux qui t'ont...

Drago leva une main pour le faire taire.

- Peu importe Potter. Ils avaient raison en un sens. Le nom des Malefoy est frappé d'infamie depuis... Depuis des années. Donc, j'ai été l'héritier obéissant et j'ai épousé Astoria. Même si elle était à Poudlard avec nous, je ne la connaissais pas vraiment. Il nous a fallu du temps avant de nous entendre mais finalement... je pense que nous avons eu un mariage heureux.

Harry soupira.

- Sans amour pourtant.

Drago haussa les épaules.

- Nous savions à quoi nous en tenir. Scorpius... a été notre rayon de soleil. Et comme je te l'ai dit, elle était ma meilleure amie finalement. Je ne regrette pas l'épouse, par contre je pense que je pleurerai jusqu'à ma mort l'amie précieuse qu'elle était.

Les deux hommes terminèrent leurs verres en silence. Harry fronça le nez et se penchant vers Drago.

- Pourquoi tu me racontes ça ?

- Tu as l'air d'être désespéré de la fin de ton mariage. Mais... Ce n'est pas la fin de ta vie, Potter.

- Probablement. C'est dur à avaler qu'elle... je la connais depuis que j'ai douze ans.

- Weaslette n'a jamais caché qu'elle voulait l'Élu.

Harry vida un autre verre et laissa échapper un ricanement nerveux.

- Et il m'a fallu toutes ces années pour me rendre compte qu'elle aimait ma célébrité. Pitoyable non ?

- Tu as ouvert les yeux au moins.

- Et c'est toi entre tous qui me console et me remonte le moral. La vie est... surprenante.

Drago soupira.

- J'ai fait pas mal d'erreurs, mais je n'ai jamais oublié que tu m'as sauvé la vie le jour de la bataille de Poudlard. Pas plus que je n'ai oublié que tu as témoigné en ma faveur et que grâce à toi j'ai échappé à Azkaban. Te consoler n'est pas la façon la plus pénible de te remercier.

Harry gloussa.

- Je pense que je suis ivre, Malefoy. Mais sois certain que je n'oublierai pas ce que tu as fait pour moi ce soir.

- Si tu me suis dans mes appartements, je ferais un peu plus encore pour toi : je t'offrirai une potion contre la gueule de bois. Fabrication maison, recette familiale transmise par mon génial parrain.

Harry gloussa à nouveau et se redressa doucement.

- Si tu fais ça, Malefoy, considères que ta dette est payée. Je déteste avoir la gueule de bois.

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