Cher moi-même

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Albus tournait en rond, maussade, dans les couloirs de Poudlard. Il savait qu'il ne devrait pas se promener seul, son père le lui avait bien recommandé, mais hormis Scorpius, il était plutôt solitaire.

Son ami avait voulu assister à l'entraînement de l'équipe de Quidditch de Serpentard. Albus avait immédiatement refusé de s'y rendre, préférant rester seul au château. Le Quidditch était un sujet sensible pour lui. Il savait que son père avait été un champion, et son grand père avant lui. Il avait vu les trophées que Poudlard gardait précieusement et quelque part au fond de lui, quelque chose s'était tendu.

Lui ne suivrait jamais la tradition familiale. Il ne verrait jamais son nom dans la salle des trophées, puisque déjà, monter sur un balai était quelque chose de compliqué à ses yeux.

Il n'était pas à l'aise, et malgré toute la patience de son père, il ne parvenait pas à se détendre et à voler convenablement.

Bien sûr, Albus faisait comme si tout allait bien, comme si c'était peu important. Mais il souffrait à l'idée de décevoir son père.

Pour éviter toute mauvaise rencontre - et Albus ne pensait pas en premier lieu au mystérieux inconnu qui enlevait des enfants - il changeait de couloir ou se précipitait dans les escaliers dès qu'il entendit du bruit. Il n'était pas d'humeur à subir une confrontation avec une bande de Gryffondor stupides.

Il se retrouva au septième étage, dans un couloir qu'il n'avait jamais vu encore. Son père lui avait parlé des secrets de Poudlard, mais il ne se souvenait pas qu'il y ait quelque chose de marquant à cet endroit.

Bien entendu, Albus ne pouvait pas savoir que son père n'avait jamais évoqué la salle sur demande explicitement, pensant - à juste titre - que c'était quelque chose qu'il devrait découvrir par lui même. Après tout, cette pièce était connue avant tout pour apparaître aux élèves qui en avaient besoin.

Albus se rendit compte qu'il tournait en rond. Lorsqu'il entendit des bruits de voix qui approchaient de là où il était, il ouvrit la première porte qu'il trouva. Il ne se rendit même pas compte que la porte n'avaient pas été là quelques instants auparavant.

Il fronça les sourcils en entrant dans une grande pièce vide, aux murs noircis - comme s'il y avait eu un incendie. Perplexe, il regarda autour de lui, se demandant où il était avant d'écarquiller les yeux brusquement.

Lorsque parfois son père parlait de la guerre avec son oncle Ron et sa tante Hermione, il évoquait un feudeymon qui avait brûlé une partie de Poudlard. Il parlait d'une pièce magique qui était apparue pour les aider.

James avait posé des questions à leur père pour savoir où était cet endroit mystérieux, mais il avait toujours refusé de répondre. Albus soupçonnait cependant que leur mère lui avait révélé tout ce qu'il avait voulu savoir...

Soudain, il sentit son cœur se serrer. Il aurait aimé partager sa découverte avec son frère aîné, lui montrer cette pièce qui faisait probablement partie du passé de leur père.

Les larmes aux yeux, il fit demi-tour, prêt à s'enfuir de la salle étrange, mais trébucha sur un carnet assez épais, qui semblait avoir été jeté au sol.

Il hésita un bref instant. Son père lui avait souvent dit de ne prendre garde aux objets abandonnés dont il ne pouvait pas vérifier la provenance. Mais il était trop curieux pour le laisser au sol...

Avec une légère hésitation, il ouvrit le carnet et se figea en lisant la première page.

"Cher moi-même, je vais enfin obtenir réparation pour ce que j'ai perdu. Je vais attaquer les serpents mangemorts sur ce qu'ils ont de plus cher : leurs héritiers..."

Albus haleta, les yeux écarquillés. Les mots qu'il venait de lire déclenchèrent immédiatement une alarme dans sa tête, et il pensa à Scorpius. Scorpius qui était le fils de Drago Malefoy et il savait que son professeur portait la marque des Ténèbres.

Sans même réfléchir au fait qu'il était entré dans cette étrange pièce pour échapper à un groupe d'élève qui passait dans le couloir, Albus sortit en courant et ne prit pas garde à ce qui l'entourait.

Le jeune garçon ne ralentit pas un seul instant alors qu'il se dirigeait vers le bureau de son père.

Il frappa violemment à la porte, haletant, et s'engouffra dans les appartements de son père. Harry grogna doucement, mais fronça les sourcils, inquiet à cause du comportement de son fils habituellement si réservé.

- Albus ?

- Papa ! J'ai trouvé quelque chose et je pense que tu devrais voir ça !

- Tu es seul ?

Albus se tendit et mit le carnet dans les mains de son père sans dire un mot.

Harry l'ouvrit avec prudence, et lut les mots qui avaient fait réagir son fils un peu plus tôt. Il se crispa et posa l'objet sur une table avant de lancer une série de sorts dessus.

- Albus ? Où as-tu trouvé ça ?

Albus hésita, mais répondit finalement comme son père insistait.

- Je... J'étais au septième étage et j'ai entendu des voix qui arrivaient vers moi.

Harry sursauta.

- Au septième étage ?

- Oui. Et je suis entré dans une pièce et ce truc était par terre.

- Comment était cette pièce ?

- Immense. Vide. Et...

- Et quoi Albus ?

- Et les murs étaient brûlés.

Son père pâlit brusquement et vacilla un bref instant. Puis il soupira.

- Tu as découvert la salle sur demande, mon fils. C'est une pièce un peu particulière, même si je ne pensais pas qu'elle existait toujours. La dernière fois que j'y suis entré... elle était en feu.

Albus resta silencieux, observant son père.

Après une plongée dans ses souvenirs, Harry fronça les sourcils.

- Tu étais seul dans les couloirs, Albus ? Où est Scorpius ?

- A l'entraînement de Quidditch avec l'équipe.

- Pourquoi n'es-tu pas allé avec lui ?

Boudeur, le garçon haussa les épaules.

- Pas envie.

Harry observa son fils avec attention, puis hocha brusquement la tête.

- Nous devrions aller le rejoindre. Pour s'assurer qu'il rentre bien sain et sauf. Et à l'avenir, je préférerais que tu obéisses Albus, et que tu ne reste pas seul. Si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour ton ami, j'ai bien peur qu'il soit une cible de choix pour la personne qui a écrit ce journal.

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