Nouvelle génération

Je ne le ferais pas pour tout l'or du monde

Jusqu'à ce qu'il rejoigne ses collègues, Harry n'était pas resté inactif. Une fois mis au courant de la disparition de la jeune Scarlett, il avait mis à profit le temps libre qu'il avait à la fin de son cours pour partir à sa recherche.

Il avait inspecté minutieusement la carte des Maraudeurs, attentif à ne laisser aucun recoin du château inexploré.

Alors qu'il traversait les couloirs déserts de l'école - puisqu'il était l'heure du dîner, et que tous les élèves étaient dans la Grande Salle, Harry pensa qu'il était en train d'accomplir un genre de monstrueux pèlerinage.

Après avoir longuement arpenté les couloirs, il se dirigeait vers les toilettes pour filles du troisième étage.

A sa connaissance, il était le dernier fourchelang vivant, tout du moins en Angleterre. Après la mort de Voldemort, il n'avait jamais reparlé de son don de pouvoir communiquer avec les Serpents et il supposait que l'information avait été oubliée au fil des années. C'était une capacité rare, souvent associée à la Magie Noire, surtout depuis qu'il était de notoriété publique que Voldemort avait parlé le langage des serpents. A sa connaissance, aucun nouveau Fourchelang n'avait été recensé.

Il était donc probablement la seule personne à pouvoir descendre dans la chambre des secrets.

Normalement, la localisation de la pièce légendaire était restée secrète. Cependant, il préférait ne pas prendre de risques et descendre dans les souterrains cachés de Poudlard, pour être certain de ne rien laisser passer. Mieux valait être trop prudent que pas assez.

Face au petit serpent gravé sur la robinetterie, il siffla doucement le "ouvre-toi" de rigueur qui dégagea l'entrée. Puis, après une légère hésitation, due surtout à l'appréhension de plonger dans ses souvenirs, il se laissa glisser dans le tunnel sombre.

La dernière fois, tout lui avait semblé plus grand et plus impressionnant. Mais la dernière fois, il avait été un jeune garçon de deuxième année effrayé.

Il dégagea l'éboulement provoqué par Lockart d'un geste sec de sa baguette et progressa lentement, en regardant avec curiosité autour de lui. Lorsqu'il avait découvert cet endroit, il était trop inquiet pour Ginny pour détailler ce qui l'entourait, après tout.

Il resta un long moment face aux restes du Basilic, le trouvant immense - peut être encore plus que lorsqu'il était enfant. Un instant, il crut voir le fantôme du corps de Ginny étendu sur le sol de pierre. Puis avec un soupir las, il tourna le dos à son passé pour sortir de cet endroit plein de souvenirs.

Il passa rapidement aux cuisines pour demander un léger en-cas - puisqu'il avait manqué le repas - et retourna à ses appartements. Sans surprise, ses collègues et amis débarquèrent peu après, pour y discuter de ce qu'ils pourraient faire pour retrouver les deux enfants disparus.

Ron n'était pas reparti, estimant en tant qu'Auror que la disparition de deux enfants était suffisante pour nécessiter son intervention.

Harry résuma les recherches qu'il avait menées. En apprenant qu'il était descendu dans la chambre des secrets, Ron avait frissonné.

- Quand je pense que tu es retourné là-bas... Moi, je ne le ferais pas pour tout l'or du monde !

Face à l'air perplexe de leurs camarades, Harry haussa les épaules.

- C'est dans la chambre des secrets que j'ai rencontré le fantôme de Voldemort lui-même pour la première fois. A travers son horcruxe.

Ron grogna.

- Tu oublies surtout de préciser que tu as fait face à ce fichu basilic !

Drago laissa échapper une exclamation de surprise, espérant sans doute des détails, mais Harry refusa d'en dire plus, ramenant le sujet sur les enfants manquants.

- Puisqu'ils ne sont de toute évidence pas dans le château ni dans la cabane hurlante, ils ne peuvent être que dans la forêt interdite.

Ron pinça les lèvres en marmonnant sous le regard moqueur de Harry. Il savait parfaitement pourquoi son meilleur ami était aussi réticent à explorer la forêt... Puisqu'ils avaient fait de mauvaises rencontres au cours de leur scolarité.

Drago gloussa en voyant son ancien rival aussi boudeur et ce dernier le fusilla du regard.

- Oh ça va Malefoy ! Tu ne ferais pas le malin si tu étais tombé sur une armée d'acromentules.

Harry soupira.

- Sérieusement ? Et bien, vous pourrez toujours rester ici à parler du bon vieux temps si vous le voulez, mais moi je vais aller inspecter cette foutue forêt dès demain en espérant que les gosses vont bien et qu'ils seront sains et saufs.

Ron s'empourpra, vaguement honteux et se passa la main dans les cheveux en coulant un regard discret vers Hermione. Puis il grogna.

- Ok mec. Mais si jamais je revois une seule de ces satanées bestioles je te tuerais, ok ?

Harry ricana.

Hermione leva les yeux au ciel, comme si au fil des années elle avait assisté à bien des scènes semblables. Ignorant son mari et son meilleur ami, elle s'éclaircit la gorge.

- J'irais à l'infirmerie voir avec Madame Pomfresh s'il y a un moyen de réveiller Joshua. S'il pouvait nous dire qui l'a enlevé, ou seulement où il se trouvait, nous aurions de plus grandes chances de retrouver les autres.

Drago grogna.

- Magnifique. Une troupe de Gryffondor stupides prêts à se lancer tête la première...

- Tu vois une autre solution, Malefoy ?

Au ton agressif de Ron, Hermione leva les mains en signe d'apaisement.

- Pas la peine de s'énerver. On fait juste ce qu'on peut pour ces enfants. Et pour protéger les nôtres également.

Avant qu'ils ne puissent entamer une dispute sur un autre sujet, quelqu'un frappa à la porte des appartements de Harry.

Il eut la surprise en ouvrant de tomber sur Albus et Scorpius. Le fils de Drago était légèrement en retrait, comme s'il avait été entraîné malgré lui.

En se rendant compte que son père n'était pas seul, Albus s'empourpra en reconnaissant son oncle et sa tante, ainsi que le père de Scorpius.

- Oh. Euh... Désolé papa. Je t'ai pas vu au repas ce soir et je voulais savoir si ça allait.

Sans un mot, Harry fit signe aux deux garçons d'entrer. Scorpius croisa le regard de son père et s'empourpra.

- Je... On... On ne doit pas sortir seuls alors je l'ai accompagné.

Drago haussa un sourcil amusé.

- Au moins, les consignes sont respectées.