Nouvelle génération

La curiosité a tué le chat

Depuis le début de la journée, Harry n'avait pas cessé de sentir une présence. Mais il n'avait pas montré le moindre signe indiquant qu'il avait remarqué quelque chose.

Bien entendu, à l'instant où il s'était rendu compte que quelqu'un l'épiait avec une discrétion toute relative, il avait consulté la carte des Maraudeurs. Il n'était pas réellement surpris de l'identité de la personne qui était à ses trousses. Il attendait juste de voir ce qui allait se passer ensuite.

Cependant, le soir venu, son espion n'avait pas donné signe de vie, se contentant à priori de le suivre. Lassé de ce petit jeu, Harry prit la direction de son bureau, et accéléra légèrement le pas, les yeux fixé sur la carte des Maraudeurs. En tournant au coin d'un couloir, il s'engouffra immédiatement dans un des nombreux passages secrets de Poudlard pour attendre son poursuivant.

Alors qu'il passait à sa hauteur, il jaillit de sa cachette brusquement et empoigna le bras du jeune homme. Ce dernier ouvrit de grands yeux apeurés, et Harry ne put s'empêcher de glousser gentiment.

- Scorpius Malefoy... On ne t'a jamais dit que la curiosité a tué le chat ? Pour espionner efficacement mieux vaut ne pas se faire surprendre !

Voyant l'ami de son fils au bord des larmes, Harry soupira et lui fit signe de le suivre. Il l'entraîna dans son bureau et l'invita à entrer avec un sourire rassurant.

Le petit blond semblait au bord des larmes, presque à trembler de tous ses membres.

- Hey calme toi, je ne vais pas te manger tu sais.

Harry fit apparaître d'un coup de baguette un verre d'eau, qu'il tendit au garçon. Il trouvait déstabilisant de voir un garçon si renfermé et à fleur de peau qui ressemblait trait pour trait à Drago Malefoy.

Si physiquement le garçon était la copie parfaite de son père, il semblait qu'il n'avait absolument pas le même caractère...

- Si tu me disais pourquoi tu me suis depuis ce matin ?

Scorpius sursauta et s'empourpra, avant de détourné le regard visiblement mal à l'aise.

- Vous allez le dire à mon père ?

Harry secoua la tête en riant.

- Tu n'as rien fait de mal tu sais. A ton âge... Non. Oublie ça.

Voyant que son professeur semblait détendu, Scorpius soupira et posa la question qui lui brûlait les lèvres.

- Vous détestiez vraiment mon père quand vous étiez à Poudlard ?

Harry se mordilla les lèvres avant de hocher la tête.

- Et bien... oui. Nous étions réellement ennemis. Dès notre rencontre, nous nous sommes opposés, et nous nous sommes accrochés à cette... haine tout au long de notre scolarité.

Harry se laissa tomber sur une chaise et fit signe à Scorpius de s'asseoir. Le garçon obéit, tête baissée.

- Donc si vous détestez mon père, ça vous embête que je sois ami avec Albus ?

Le Gryffondor se passa la main dans les cheveux en soupirant.

- Déjà, je ne déteste plus ton père. Nous avons grandi, et je pense que c'était une querelle d'enfant tout simplement. Ensuite, tu n'es pas ton père, et Albus n'est pas moi. Si vous êtes amis, ça ne me gêne pas.

Scorpius eut un sourire soulagé, et Harry pensa qu'il pourrait facilement s'attacher à un jeune garçon comme ça. Malefoy avait bien élevé son fils, assurément.

- Merci Professeur. Je... Je voulais vous le demander parce que Albus... Et bien comme sa mère...

Harry leva la main pour le faire taire, sourcils froncés.

- Je me charge de ça, Scorpius. Et j'ai d'ores et déjà dit à Albus que j'étais fier de lui. Je ne lui tournerai pas le dos parce qu'il est ton ami.

Le jeune Serpentard hocha la tête, regardant Harry avec une pointe d'admiration. Il but son verre en silence, puis releva la tête, et parla de nouveau.

- Mon père m'a dit qu'il vous devait la vie. Vous l'avez sauvé et vous avez permis qu'il n'aille pas en prison.

Harry détourna le regard, gêné. Au fil des années, le procès de Drago Malefoy et son intervention soudaine pour le sortir de là était devenu un sujet tabou. Ses amis avaient régulièrement voulu savoir pourquoi il était intervenu mais Harry n'avait pas réellement de réponse. Ou plutôt, il ne voulait pas donner de réponse.

Finalement, il soupira.

- Ton père... Tu as du voir qu'il portait la marque des Ténèbres. Ton père n'a pas eu le choix. Il est juste né dans la mauvaise famille, et il a fait ce qu'il a pu pour survivre. Nous étions tous des enfants pris dans une guerre d'adultes. Je n'ai pas témoigné au procès de ton grand-père - en bien ou en mal - parce que j'estimais qu'il était responsable de ses actes. Mais ton père...

Harry s'interrompit en soupirant puis haussa les épaules.

- Je ne trouvais pas ça juste qu'il passe sa vie en prison pour avoir suivi l'éducation que ses parents lui ont donné.

Harry grogna doucement en voyant le regard plein d'admiration de Scorpius sur lui. Il soupira et secoua la tête.

- Scorpius, ton père aurait fait la même chose. Il m'a sauvé la vie pendant la guerre alors que j'étais prisonnier. S'il m'avait dénoncé, il aurait reçu les honneurs de Voldemort et la guerre aurait été terminée. J'aurais été tué, et... Je suppose que la vie aujourd'hui serait bien différente.

- Mon père ne m'en a jamais parlé. Il ne parle pas vraiment de... ça. Je sais juste qu'il fait des cauchemars et qu'il a fait condamner certaines pièces du Manoir ancestral.

- Comme je te l'ai dit, nous étions des enfants. Je suis heureux que ta génération puisse grandir avec plus d'insouciance que nous.

Scorpius hocha la tête en souriant. Il semblait largement rassuré de la réaction de Harry. Et ce dernier se sentait un peu gêné de lire de l'admiration dans le regard du fils de celui qui avait été son rival. Finalement, Harry soupira et se leva.

- Je vais te raccompagner à ton dortoir, d'accord ? Je ne vais pas te laisser retourner seul à ta maison, pas avec les... circonstances actuelles. D'ailleurs... quelle excuse as-tu donné à Albus pour lui fausser compagnie ?

- Et bien... je... en fait, il a passé la journée avec Rose. J'en ai juste profité parce que j'avais vraiment peur que vous ne vous décidiez à nous séparer.

Harry posa une main rassurante sur son épaule, et l'entraîna à sa suite dans les couloirs de l'école, lui assurant qu'il ne voyait aucun inconvénient à ce qu'il passe du temps - tout son temps - avec son fils.