Nouvelle génération

Ce qui pourrait être juste

En voyant Albus et Scorpius se relever ensemble et partir de la Grande Salle en discutant, penchés l'un vers l'autre, Harry sourit, amusé. Les deux garçons avaient pris la peine de leur faire un discret signe de la main, un large sourire aux lèvres.

Mais le Sauveur fronça les sourcils en voyant James se lever d'un bond, laissant son assiette presque pleine, pour partir à son tour à grands pas rageurs. Pressentant qu'il ferait mieux de s'assurer que tout allait bien, Harry se leva et se pencha vers Minerva pour lui dire qu'il devait s'éclipser quelques minutes.

- Rien de grave, Harry ?

- Je veux juste vérifier quelque chose. Je vous rejoins dans votre bureau.

La directrice soupira et hocha la tête. Harry ne perdit pas de temps à expliquer son départ à Hermione, il lui fit un vague signe puis partit rapidement.

Harry s'attendait à beaucoup de choses en partant à la suite de James. Mais jamais il n'aurait pensé assister au spectacle qu'il découvrit en tournant dans un couloir désert.

Albus et Scorpius étaient acculés côte à côte dans un renfoncement, et James les surplombait, l'air furieux. Il bousculait son petit frère de plus en plus violemment, ignorant Scorpius qui essayait de faire barrage. Ou plus exactement, Albus et Scorpius essayaient de se protéger l'un l'autre, tandis que James se conduisait comme une brute sans cervelle.

En plus de la bousculade, le Gryffondor déversait un torrent d'insultes et de menaces, ne reculant devant rien.

En se rapprochant, trop choqué pour dire quoi que ce soit, Harry entendit que James reprochait à Albus sa venue à Poudlard.

Harry croisa le regard paniqué de Scorpius et c'est ce qui lui fit retrouver l'usage de sa voix.

- James Sirius Potter !

James sursauta et recula, le regard mauvais. Harry s'assura d'un coup d'œil que les deux plus jeunes ne soient pas blessés, et concentra son attention sur James, les sourcils froncés.

- Tu devrais avoir honte de toi ! Ton frère ne m'a pas appelé, mais il aurait été en droit de le faire.

Harry parlait fort, et rapidement il y eut un attroupement autour d'eux.

- Tu es la honte de la famille Potter, James ! Je pensais d'avoir élevé correctement mais... je vois que je me suis trompé...

James faisait face à son père en serrant les poings. Autour d'eux, les élèves de Poudlard qui passaient s'arrêtaient et des vagues de murmures commençaient à s'élever.

Depuis son arrivée à l'école, James s'était conduit en vrai despote, se servant honteusement de la notoriété de son père pour s'imposer. Personne n'osait s'opposer à lui, de peur de se mettre à dos le héros du monde sorcier. Après tout, il était son fils aîné. Son héritier.

Il n'était pas apprécié et beaucoup jubilaient de voir que le grand Harry Potter, dont ils entendaient parler depuis leur naissance, ne cautionnait pas les actes de son fils.

Parmi les Gryffondor présents, beaucoup avaient mené la vie dure aux Serpentard et à Albus en particulier en pensant que si James se conduisait ainsi, alors il avait l'accord plus ou moins explicite de son père.

Voir Harry en colère changeait la donne : d'un coup, plusieurs d'entre eux se remettaient en question et regardaient Albus d'un autre œil. Peut être qu'ils avaient suivi le mauvais fils Potter après tout.

Pire encore : ils avaient assisté au repas et avaient vu Harry Potter, héros du monde sorcier, et Drago Malefoy, ancien Mangemort, discuter amicalement. Puis, le Sauveur en personne s'était interposé entre James et deux Serpentard.

James n'avait pas besoin d'entendre les commentaires de ses camarades de maison pour savoir qu'il allait perdre un grand nombre de soutien. Déjà il voyait le regard des autres changer sur son frère et ce constat le rendait fou de rage.

Le Gryffondor lança un regard haineux à son père et s'apprêta à partir en le bousculant, mais Harry le rattrapa par le bras.

- Je te préviens James. Il n'y aura pas d'autre avertissement. Tu as intérêt à te reprendre. Et ce qui pourrait être juste serait que tu sois traité comme tu as traité ton frère...

James ne répondit pas et se dégagea, montrant presque les dents, puis partit à grands pas rageurs. Le jeune homme était fermement décidé à continuer de faire ce qu'il voulait, et surtout, il voulait faire payer son frère.

Harry regarda autour de lui et nota l'attroupement.

- Et bien ? Vous n'avez pas cours ? Circulez !

Les élèves se dispersèrent en jetant des coups d'œil curieux à Albus et Scorpius, mais cette fois, il n'y avait aucune animosité dans leurs regards. Une fois seuls, Harry soupira.

- Ça va les garçons ?

Albus hocha rapidement la tête, mais Harry le retint.

- Albus... Depuis quand ça dure comme ça avec ton frère ?

Le garçon haussa les épaules, mais Scorpius lui donna un coup de coude en haussant les sourcils, pour le convaincre de parler.

- C'est rien papa. Juste depuis la rentrée. Avant il m'ignorait juste mais... Il est furieux que j'ai été réparti à Serpentard.

Harry ôta ses lunettes et se frotta le visage en soupirant.

- J'aurais du m'en douter. Écoute mon grand, sois fier de ta maison, et... oublies ton frère pour l'instant, ok ?

Albus hocha doucement la tête et fronça les sourcils.

- Ça veut dire que je pourrais retourner à la maison pour les vacances ?

Harry hoqueta.

- Quoi ? Mais qui t'as dit que... Pourquoi tu ne pourrais pas rentrer ? Si c'est James, ton frère n'a aucun droit de te dire ce genre de choses.

Albus voulut battre en retraite mais Scorpius le rattrapa. Puis il leva les yeux vers Harry. Ignorant les protestation de son ami, il lâcha l'information.

- Ce n'est pas James, Monsieur Potter. Al a reçu un hibou qui venait de chez vous.

Harry soupira en fermant les yeux, au bord de la nausée. Il y avait déjà un moment qu'ils n'étaient plus vraiment sur la même longueur d'onde avec Ginny, mais il estima qu'elle venait de dépasser les bornes.

- Si ta mère refuse que tu rentres à la maison, je resterai à tes côtés à Poudlard. Je ne te laisserai certainement pas seul, pas après avoir passé toutes mes vacances scolaires ici quand j'étais élève.

Scorpius passa son bras sur les épaules de son ami.

- Et si vous restez tous les deux, je demanderai à mon père de rester avec moi ici également.

Harry gloussa.

- Je ne suis pas certain que ton père soit enchanté de me supporter pendant les vacances en plus de la période scolaire, jeune homme...

Mais Scorpius se contenta d'un léger sourire, en se souvenant de tout ce que son père avait pu dire sur l'homme qui avait libéré le monde sorcier avant même d'être majeur. Il avait bien évidemment évoqué leur opposition mais il n'avait jamais caché ses regrets.

- Oh vous pourriez être surpris, Monsieur Potter...