Nouvelle génération

Approcher

Alors qu'il attendait près du terrain de Quidditch sa première classe, Harry était nerveux. Terriblement nerveux. Autant que son premier cours de vol, des années auparavant quand il était un enfant.

Il s'était lancé dans cette aventure sans vraiment réfléchir, comme souvent. Il avait été heureux de revenir à Poudlard, de changer d'air, de changer de métier. Il avait également pensé à se rapprocher de ses fils.

Sauf qu'il n'avait pas pensé en devenant professeur qu'il devrait apprendre quelque chose à des enfants.

Il soupira nerveusement et regarda autour de lui, s'assurant que les balais étaient alignés au sol, proprement, reproduisant ce dont il se souvenait de son tout premier cours de vol. Madame Bibine l'avait abreuvé de conseils, au point où il ne savait plus exactement ce qu'elle lui avait dit. Il avait juste retenu que c'était le cours le plus important puisqu'ils allaient voir les bases du vol ...

Et puis commencer par les Serpentard l'inquiétait légèrement, compte tenu du fait qu'il y aurait Albus et Scorpius.

Il vit les élèves approcher au loin, et se redressa, masquant sa nervosité au mieux. Il parviendrait peut être à faire illusion après tout... même si Albus le connaissait bien trop pour se laisser abuser.

Il se présenta d'une voix qu'il espéra ferme, et expliqua ce qu'il attendait d'eux aux enfants qui le regardaient avec de grands yeux. Hormis son fils, tous semblaient impressionnés d'avoir pour professeur Harry Potter, légende du monde sorcier.

Il fit placer les enfants à côté d'un balai, les alignant soigneusement et leur demanda de prendre l'objet en main. Harry masqua un soupir et essaya de ne pas rire nerveusement face aux yeux écarquillés des gamins qui semblaient un peu perdus, bien qu'ils aient déjà vu ce point avec Madame Bibine lors de leur premier cours.

Conformément à ses instructions, les enfants levèrent la main au dessus du balai au sol et prononcèrent "Debout" d'une voix forte. Certains comme Scorpius parvinrent du premier coup à attraper leur balai. D'autres comme Scarlett Goldstein eurent besoin de plusieurs essais.

Harry arriva devant Albus et fronça légèrement les sourcils en voyant les yeux verts si semblables aux siens pleins de larmes.

- Albus ? Un souci ?

Personne n'ignorait que Harry était le père d'Albus, et il avait dit en entrée de cours qu'il n'appellerait pas son fils "Monsieur Potter" mais que cela ne l'empêcherait pas de se montrer parfaitement impartial. Il avait ignoré les regards suspicieux, déterminé à montrer qu'il ne ferait pas de favoritisme.

C'est pourquoi il était passé dans les rangs pour terminer par Albus.

Son fils leva les yeux vers lui et se mordilla la lèvre.

- Ça... ça ne marche pas. Je ne dois pas faire correctement.

- Montre-moi ça.

Albus hésita mais soupira et ses épaules retombèrent. Il tendit une main tremblante au dessus de son balai et prononça distinctement le "Debout" d'une voix mal assurée. L'objet au sol trembla mais ne décolla pas.

Harry soupira.

- Ce n'est rien. Tu es trop tendu. Continue de t'entraîner, et ne t'inquiètes pas, ça viendra.

Harry continua son tour des élèves, rectifiant les positions, donnant des conseils, félicitant, rassurant, tout en gardant un œil inquiet sur son fils. Il ne se préoccupait pas réellement du fait que le garçon soit en difficulté, il était plus inquiet par la façon dont il prenait les choses à cœur.

Plus le cours avançait, plus Albus s'énervait et s'entêtait, se crispant davantage, au bord des larmes.

Finalement, il envoya tout le monde ranger son balai mais il demanda à son fils de rester près de lui.

Une fois seuls, Albus se mit à pleurer en silence et parla avant même que Harry n'ait le temps de dire quoi que ce soit.

- Tu dois avoir honte de moi !

Le héros du monde sorcier sursauta et attira le garçon dans ses bras.

- Pourquoi j'aurais honte de toi ?

- Parce que je suis nul.

Harry soupira et obligea Albus à lever les yeux vers lui.

- Écoute bonhomme. Quoi que tu puisses en penser, je reste fier de toi. Je ne vais pas changer d'avis juste parce que tu as l'impression d'avoir échoué aujourd'hui.

Albus se dégagea et ses joues rougirent de colère.

- Mais j'ai échoué ! J'ai même pas réussi à faire bouger ce fichu balai !

- Et alors ? J'ai toujours été nul en potions ! Est-ce que tu vas arrêter de m'aimer pour ça ?

Albus gonfla les joues et secoua la tête.

- C'est pas pareil. Toi tu as sauvé tout le monde. Tu... Tu es un héros. Tu aurais même pu devenir un grand joueur de Quidditch !

Harry gloussa doucement.

- Je n'ai pas eu le choix tu sais. Je n'ai pas eu mon mot à dire, je me suis juste battu pour survivre. Mais je n'étais pas tout seul ! Il y a eu d'autres sorciers bien plus méritants que moi. Et pour le Quidditch, j'étais un bon attrapeur à Poudlard, certes. Mais ce n'est pas plus admirable que n'importe quelle autre discipline.

Albus soupira.

- Comme je suis ton fils, tout le monde va...

- Peu importe Albus. Ta tante Hermione est probablement la sorcière la plus intelligente qui soit et pourtant elle est mal à l'aise sur un balai, sans compter qu'elle a rencontré les mêmes difficultés que toi au début.

- Mais...

- Albus. Tu t'inquiètes bien trop. Tout le monde ne peut pas naître un balai dans la main, et il n'y a pas que le Quidditch dans la vie, tu sais.

Leur conversation fut interrompue par Minerva qui arrivait à toute vitesse. La sorcière se planta devant Harry, essoufflée et inquiète.

- Harry, j'ai besoin de votre aide.

Le Sauveur acquiesça et donna congé à son fils, lui offrant un clin d'œil rassurant. Puis il reporta toute son attention sur Minerva.

- Que se passe-t-il ? Un problème ?

- Vous aviez cours avec les Serpentard, n'est-ce pas ?

- Oui.
- Joshua Goyle était il présent ?

Harry fronça les sourcils en se mordillant la lèvre, et finit pas secouer la tête.

- Non. Il n'était pas là. Un problème ?

- Il a disparu. Personne ne l'a vu depuis ce matin. Il a pris le petit déjeuner et... il s'est volatilisé.

- Il s'est peut être caché pour une raison ou pour une autre ?

- Que Merlin vous entende, Harry ! Pourriez-vous venir nous aider à le chercher ?

Harry sourit malicieusement et sortit la carte des Maraudeurs.

- J'ai un moyen infaillible de le localiser, Minerva...

Cependant, quelques instants plus tard, le sourire de Harry se fanait alors qu'il se rendait compte que Joshua Goyle n'était présent nulle part dans le château...