Liens

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Hermione faisait une ronde dans les couloirs sombres et déserts de Poudlard.

Elle prenait son temps, regardant autour d'elle avec une pointe de nostalgie, se rappelant des années où elle était elle-même à Poudlard. Elle avait plus d'une fois bravé le couvre feu, lorsqu'elle était élève. Ils avaient risqué leurs vies régulièrement également, bien trop souvent.

Les couloirs étaient silencieux, et elle laissait son esprit divaguer, préférant revivre son passé plutôt que d'inspecter chaque recoin avec minutie. Après tout, elle vérifiait qu'aucun élève ne soit en danger immédiat, rien de plus.

Aussi, lorsqu'un sort la percuta dans le dos, l'immobilisant totalement, elle se maudit de son étourderie. Comment avait-elle pu oublier ce qui se passait dans l'école ? Elle ne s'était pas méfiée, parce qu'elle était une adulte et que les victimes avaient été des enfants. Et voilà qu'elle venait de prendre un Stupefix dans le dos, la mettant à terre à la vitesse de l'éclair, sans aucun moyen d'attraper sa baguette et de se défendre... Il était évident qu'elle avait perdu la plus élémentaire prudence depuis la fin de la guerre...

Alors qu'elle sentait des liens entourer ses poignets et ses chevilles, elle se jura de faire de son mieux pour protéger les deux enfants disparus si elle venait à les rejoindre. Il était évident que son agresseur avait un lien direct avec toute cette affaire, puisqu'il serait vraiment improbable que deux agresseurs sévissent en même temps à Poudlard.

Horrifiée, Hermione entendit des bruits de pas et des gloussements. C'était des voix encore enfantines indiquant sans le moindre doute qu'il s'agissait de deux élèves bravant les interdits pour errer dans les couloirs.

Incapable de les prévenir, elle sentit des larmes de rage perler à ses paupières, souffrant de son incapacité à agir.

Cependant, au lieu de rester sur place en position de force, des pas précipités indiquèrent à Hermione que son agresseur prenait la fuite.

L'instant d'après, elle entendait des exclamations étouffées et des chuchotements virulents. Puis, quelqu'un se précipitait sur elle pour la libérer tandis qu'un autre lui lançait un "Enervatum" la libérant du stupéfix.

Elle se releva un peu tremblante et reçut contre elle un corps chaud, qu'elle identifia rapidement comme étant celui de son neveu Albus. A ses côtés, son meilleur ami l'observait, un air inquiet sur le visage.

Il ressemblait terriblement à son père, mais Scorpius avait un air plus doux, lui donnant un air plus enfantin et plus agréable.

Hermione lui sourit en le remerciant et ébouriffa les cheveux d'Albus.

Puis elle se redressa et s'obligea à prendre un air sévère. Légèrement sévère, puisque les deux garçons n'eurent pas l'air le moins du monde effrayés.

- Je peux savoir ce que vous fichez hors de votre dortoir alors que le couvre-feu est passé ?

Albus échangea un bref regard avec Scorpius et lui offrit son plus beau sourire.

- Heureusement qu'on t'a trouvé tante Hermione !

Elle retint un ricanement moqueur aux mots du garçon, songeant qu'il avait parfaitement sa place chez les vert et argent. Elle se rappela que Harry avait eu cette manie identique de tenter de détourner l'attention lorsqu'il venait de se mettre en danger. Effectivement, il était évident qu'Albus n'était pas différent de son père.

- Vraiment ?

Albus hocha la tête d'un air convaincu, en la fixant de ses grands yeux verts, les mêmes que son père... Hermione soupira.

- C'est vraiment... gentil de m'avoir secourue les garçons. J'avoue que sans votre présence et votre intervention, je risquais de passer la nuit sur ce sol de pierre.

Les deux Serpentard échangèrent un coup d'œil rapide et semblèrent se détendre. Hermione eut un sourire en coin et elle reprit, durcissant le ton.

- Cependant... Le couvre-feu n'est pas là pour rien.

Les deux garçons baissèrent la tête, sans répondre. Hermione reprit.

- Qu'est ce que vous fichiez dehors à cette heure ?

Scorpius jeta un coup d'œil nerveux à Albus et ce dernier soupira.

- C'était mon idée. Je... En fait j'ai tellement entendu papa parler de ce qu'il avait vécu ici que j'ai eu envie de... Je sais pas, voir les endroits où ça s'est passé en vrai.

La colère d'Hermione retomba et elle souffla doucement.

- C'est fou ce que tu peux ressembler à ton père... Albus, en tant que professeur, je ne peux pas t'encourager à te comporter ainsi. Tu ne dois pas sortir de ton dortoir après le couvre-feu.

Scorpius intervint d'une petite voix.

- Vous allez nous retirer des points ?

Hermione resta songeuse. La transgression appelait bien évidemment une punition, mais d'un autre côté, les garçons l'avaient sorti d'une bien mauvaise situation. C'était leur première escapade - au moins la première lors de laquelle ils se faisaient attraper. Et elle espérait qu'ils comprendraient la leçon... Bien que si Albus ressemblait autant à Harry qu'elle le soupçonnait, elle risquait de les croiser encore à des endroits interdits.

Elle grogna et secoua la tête.

- Non. Vous êtes venu m'aider, je ne vais pas vous pénaliser. Cependant, si jamais je devais vous retrouver à errer dans les couloirs à une heure où vous devriez être au fond de vos lits, vous aurez droit à une retenue qui vous fera passer l'envie des expéditions nocturnes. C'est clair ?

Les deux garçons s'empressèrent d'acquiescer, visiblement soulagés de s'en tirer à si bon compte.

- Je vous raccompagne à la porte de votre dortoir. J'espère que vous avez compris que ces disparitions ne sont pas une plaisanterie. Je compte sur vous pour ne pas ébruiter ce qui s'est passé cette nuit, ce n'est pas la peine de déclencher un mouvement de panique.

Albus hocha vivement la tête.

- On dira rien, Tante Hermione. Promis.

Alors qu'ils avançaient dans le couloir menant aux cachots et à l'entrée de la maison Serpentard, Hermione s'arrêta avec un petit sourire en coin.

- Au fait... Je ne vous ai pas demandé, mais où alliez vous tous les deux ?

Albus rougit fortement et baissa la tête. Il marmonna quelques mots et Hermione dut se pencher pour comprendre.

- Je voulais voir la chambre des secrets.

Hermione hoqueta.

- Albus... Je peux comprendre que tu aies envie de voir où se sont passé les histoires que ton père t'a raconté, mais... la chambre des secrets n'est pas vraiment un excellent souvenir, tu sais. Sans compter qu'elle n'est pas accessible. Seul Harry peut y descendre, parce qu'il est Fourchelang.

Le jeune garçon détourna la tête et soupira.

- Je n'y ai pas pensé.

Cependant, même sous la torture, il n'aurait pas pu avouer qu'il était lui même Fourchelang et qu'il avait soigneusement gardé ça secret. James un jour avait dit d'un ton méprisant que leur père avait hérité ce "talent" de Voldemort et que c'était quelque chose de mauvais.

Il salua vivement sa tante - évitant son regard suspicieux - et saisit le poignet de Scorpius avant de l'entraîner à toute vitesse en direction de leur dortoir.

Nouvelle générationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant