Perdu dans un labyrinthe

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Albus était épuisé. Il marchait dans la forêt interdite depuis des heures, et il était affamé. Il était parti si rapidement, qu'il n'avait pas réfléchi un seul instant au temps qui lui faudrait pour retrouver Scorpius et Anna.

Pour autant, il était toujours autant déterminé. Il ne comptait pas faire de pause, pas tant qu'il pouvait l'éviter.

De temps à autres, il entendait des bruits autour de lui. Bruits de déplacement, de branches cassées, bruissement de feuilles. Il se raidissait à chaque fois, craignant de voir une créature fondre sur lui et l'attaquer. Mais heureusement, rien ne se passait.

Il s'estimait chanceux, parce qu'il avait conscience qu'il serait démuni face à n'importe quelle créature agressive de la forêt...

A plusieurs reprises, il avait croisé des abris de fortune, qu'il avait inspecté avec prudence. Il y avait des signes d'une présence passée, mais ils étaient toujours déserts.

Albus craignait plus que tout de se retrouver face à la silhouette dissimulée sous sa cape qui avait enlevé Scorpius. Il se souvenait parfaitement du sentiment d'impuissance qu'il avait ressenti, et de son incapacité à intervenir pour protéger Scorpius.

Mais lorsque la peur se faisait trop présente, il se souvenait qu'il était le fils de Harry Potter et qu'il faisait tout ça pour sauver son meilleur ami. Il était déterminé à ne pas échouer, à montrer à tout le monde qu'il n'était pas le cracmol que son frère James décrivait.

***

Lorsque Scorpius avait ouvert les yeux, il s'était senti complètement perdu. Un instant, il était dans le couloir avec Albus, riant et plaisantant, retournant dans les cachots pour rejoindre leur dortoir. Et voilà qu'il se réveillait dans un endroit sombre et glacial, apparemment ligoté. Il entendait quelqu'un renifler et pleurer à côté de lui, mais il n'osait pas parler pour savoir de qui il s'agissait.

Il lui avait fallu un long moment pour se souvenir qu'il avait été enlevé et une vague de panique l'avait envahi. Croyant que c'était son meilleur ami près de lui, il avait chuchoté son nom, tout doucement.

Mais ce n'était pas Albus qui lui avait répondu. C'était Anna Nott, une Serdaigle qu'il avait croisé à plusieurs reprises à la bibliothèque. Il se rendit compte qu'il ne savait même pas qu'elle avait disparu jusqu'à ce qu'il reprenne conscience à ses côtés.

Le soulagement d'apprendre qu'Albus n'était pas prisonnier fut de courte durée : il se demanda immédiatement ce qui était arrivé à son ami. Il se débattit avec l'énergie du désespoir, mais les liens qui le retenaient étaient solidement noués.

Haletant, il se calma et s'autorisa quelques minutes de désespoir, laissant les larmes couler. Il repoussa brutalement la pensée qu'ils avaient été abandonné dans cet endroit et qu'ils y resteraient sans que personne ne puisse les localiser.

Après tout, il avait perdu toute notion du temps passé, et il était incapable de dire depuis combien de temps il était ligoté dans cet endroit plongé dans les ténèbres. Il frissonnait, autant de peur que de froid, et il avait beaucoup de mal à rester positif.

A ses côtés, Anna sanglotait doucement, apparemment perdue dans ses cauchemars. La présence de Scorpius ne semblait pas l'avoir apaisée et elle n'avait pas l'air de le croire quand il lui avait assuré que son père et le professeur Potter viendraient les chercher.

***

Albus grogna en se cognant une fois de plus dans une branche. Il avait l'impression d'être perdu dans un labyrinthe, et il détestait cette sensation. Agacé, il traversa brutalement un buisson, se moquant des petits animaux qu'il dérangeait, en maudissant la forêt interdite et tout ce qui s'y rapportait. Il se jura que fils d'Harry Potter ou non, il n'était pas prêt de remettre les pieds à cet endroit, quoi qu'il arrive.

Il commençait à perdre son bel optimisme et la certitude qu'il allait retrouver Scorpius seul, comme un grand. En entrant dans une minuscule clairière de plus, il décida de faire une pause. Peut être qu'en se reposant quelques minutes, il retrouverait toute sa combativité et verrait les choses un peu moins sombrement...

Voyant une cabane - plutôt un abri branlant qui semblait tenir debout par magie - Albus décida de l'inspecter en premier. Puis, il soufflerait un peu avant de reprendre ses recherches, avec l'énergie du désespoir.

En entrant prudemment dans la construction fragile, Albus écarquilla les yeux, stupéfait. Il lui fallut quelques instants pour déterminer que ce qu'il entendait était des sanglots étouffés.

L'intérieur était bien entendu plus grand que l'extérieur, comme la tente de son grand-père Weasley. Albus repéra bien vite une porte au fond de la minuscule pièce et s'y précipita, oubliant toute prudence.

Lorsqu'il ouvrit la porte, il repéra immédiatement les silhouettes de ses deux camarades. Il resta paralysé par la surprises quelques secondes avant de se précipiter en pleurant sur Scorpius pour l'enlacer.

- Scorpius !

Voyant son ami ligoté, mais indemne, Albus gloussa nerveusement en s'acharnant sur les nœuds qui le retenaient prisonnier, avant de sortir sa baguette et de libérer le jeune homme d'un sort de découpe adroitement lancé.

Ils tombèrent dans les bras de l'autre, sanglotant de soulagement, heureux de se retrouver.

Albus ne s'écarta que pour libérer Anna mais il ne lâcha pas la main de son meilleur ami, craignant de le perdre à nouveau.

La voix un peu rauque, Scorpius posa la question qui lui brûlait les lèvres.

- On est où ? Tu es tout seul ?

Albus haussa les épaules. Il jeta un bref regard vers Anna qui semblait en bonne santé.

- On est au milieu de la forêt interdite. Et... Et bien je suis venu à ta recherche.

Scorpius renifla d'un air moqueur, souriant de toutes ses dents.

- Et tu disais que tu ne ressemblais pas à ton père ?

Anna s'éclaircit la voix, doucement.

- On devrait peut être partir avant que... la personne qui nous a... enlevé ne revienne.

Les deux garçons acquiescèrent et les trois enfants quittèrent la cabane. Une fois dans la clairière, Albus les entraîna à sa suite, repartant dans la direction d'où il était arrivé.

Sa fatigue semblait s'être envolée, comme si retrouver Scorpius lui avait donné un nouveau souffle.

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