Allongé dans un lit d'hôpital, reposait le corps presque inconscient du célèbre détective.
Sa blessure à la tempe avait été recousue et les médecins le disaient hors de danger. Cependant, il avait inhalé beaucoup de fumée potentiellement toxique et il était préférable qu'il reste une nuit sous surveillance.
Sherlock ne s'en plaignait pas le moins du monde ; ses pulsions de toxicomane étaient comblées par la morphine qui lui était infiltrée dans le sang. Il somnolait, plus ou moins conscient de ce qu'il se passait autour de lui ; en d'autres termes il entendait d'une oreille absente son frère, qui était entièrement remis sur pied, charrier comme à son habitude son ami et colocataire qui semblait épuisé du fait que si tôt après une chute en hélicoptère, le représentant du gouvernement avait retrouvé toutes ses forces et donc son éternel pédantisme.
- Vous avez l'air inquiet.
- Je le suis.
- Vous l'êtes ?! S'étonna faussement Mycroft.
- Bien sûr que je suis inquiet ! C'est mon meilleur ami ! S'insurgea John en montrant Sherlock.
- "Meilleur ami"...
- Je vous demande pardon ?
- Vous n'êtes pas amis, John.
- Très bien. Alors que sommes nous ?
John lançait un défi à Mycroft ; décrire leur étrange relation. Le représentant du gouvernement avait toujours l'air de tout savoir mieux que les autres ; alors que déduisait-il cette fois-ci ? Peu importe sa réponse, John penserait qu'il aurait tord. Sherlock et lui étaient réellement des amis, de très bons amis. Le détective n'avait pas d'amis, certes ; mais il en avait au moins un. En aucun cas il ne fallait les réduire à de simples collègues.
- À vous de le découvrir. La seule chose que je peux vous dire est que vous ne vous aimez pas comme de vulgaires "amis". Lança Mycroft avec un sourire narquois à l'intention de son interlocuteur.
- Pour la énième fois, Mycroft ; je ne suis pas gay.
- Non, bien sûr que non. Vous n'êtes pas gay. Vous êtes simplement amoureux de Sherlock Holmes.
Sur ses dernières paroles, Mycroft lança un ultime regard à son frère, puis, avec un sourire en coin, quitta la pièce de sa démarche posée et hautaine. John était persuadé que l'homme à la tête du gouvernement britannique se complimentait intérieurement du désordre qu'il venait de créer dans l'esprit du docteur.
Le lendemain, en plein milieu d'après-midi, Sherlock avait enfin la permission de rentrer chez lui. John, toujours inquiet par son état de santé, avait trouvé préférable qu'il s'assure lui-même de son bon retour à Baker Street. Il avait donc pris un taxi afin de retrouver son ami, qui durant le trajet de retour, ne lui avait adressé aucun mot, son esprit étant encore légèrement endormi par la morphine.
Les deux hommes montèrent les escaliers en silence, et Sherlock entra dans l'appartement comme s'il le découvrait pour la première fois, suivi d'un John très affectueux qui lui retira son manteau avant de l'accrocher à la porte.
- Il me faut une cigarette.
- Non.
Le détective stoppa net son état et sa démarche fantômatiques et se tourna vivement vers le docteur.
- John, où as-tu caché mes cigarettes ?
Son fidèle acolyte ne répondant pas, Sherlock se mit à fouiller en renversant sur son passage tout ce que John avait, ayant profité de l'absence de son ami, préalablement rangé.
- Tu ne les trouveras pas.
Une lueur de défi s'alluma dans les yeux du seul détective consultant au monde. John ne le pensait pas capable ; très bien, il allait lui prouver que même en étant encore un peu endormi, il était toujours autant doué.
Il scruta les environs les yeux légèrement plissés. Il cherchait le moindre changement de lieu d'un objet. Selon le génie, toutes ses affaires avaient été minutieusement réparties dans l'espace ; il remarquerait si quelque chose avait été déplacé.
Soudainement il se déplaça avec de grandes enjambées jusqu'au crâne posé sur la cheminée. Il le souleva et brandit fièrement le petit paquet en carton blanc avant que John n'ait eu le temps de le rejoindre. Une demie seconde plus tard, le petit homme attrapa avec précipitation ce que le sociopathe prenait pour son trophée.
- Il faut que tu fasses attention, Sherlock. Tu as eu les poumons remplis d'une fumée nocive, ça n'est vraiment pas le moment d'y mettre quelque chose de si toxique.
Le cadet des Holmes se renfrogna, même s'il savait très bien qu'au fond John avait amplement raison. Pour une fois, le docteur ne cherchait pas à le priver du plaisir que la cigarette lui procurait, il essayait simplement de veiller à son rétablissement complet ; et il ne pouvait pas le lui reprocher.
Le détective n'ayant aucune enquête en cours, John put le convaincre de manger un vrai repas qu'il lui avait spécialement concocté. Une fois l'estomac bien rempli, il le poussa dans sa chambre tout en lui énumérant toutes les raisons pour lesquelles il devrait se reposer.
Il força Sherlock à s'asseoir sur son lit avec une pression sur sa poitrine qui obligea le détective à se laisser tomber sur le matelas. Sans rechigner, le sociopathe se glissa sous les draps. John était si attentionné avec lui, il pouvait bien lui faire le plaisir de se plier à ses ordres au moins une fois.
- Demain, tu auras récupéré toutes tes forces.
- Merci d'être là, John.
Le docteur fut surpris par cette toute nouvelle gentillesse de la part de son ami. Il s'était attendu à tout ; des cris, de la résistance, mais certainement pas un remerciement.
- C'est normal. Tu aurais sûrement fait la même chose pour moi. Dit-il sans grande conviction en s'asseyant aux côtés de son ami.
- Probablement pas.
Le détective avait dit cela avec une certaine aigreur. Il n'aimait pas le fait qu'il ne soit que rarement aux côtés de son ami quand celui-ci en avait besoin, alors que John ne l'avait pas quitté une seule seconde lors de toutes les dernières épreuves qu'il venait de traverser. Mais Sherlock était comme cela ; il avait du mal à savoir ce qu'il fallait faire dans de telles situations, une grande lacune en ce qui concerne les sentiments, et d'importantes difficultés à montrer de l'affection.
- Tu es l'homme que je me suis toujours refusé d'être, John.
- Merci ? Je crois ?
Ces mots dans la bouche de Sherlock sonnaient comme un compliment, cependant le petit homme était incapable de dire si c'en était réellement un. Comme s'il lisait dans ses pensées, le génie de la déduction chercha à le rassurer.
- Comme dit Mycroft : l'affection n'est pas un avantage. J'y ai toujours cru et j'y crois encore.
- D'accord. Répondit l'ancien militaire un peu perdu pour combler le silence que les paroles de Sherlock avaient laissé derrière elles.
- Tu me donnes la preuve que l'inverse est tout aussi vrai.
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Escape Your Deduction - Johnlock
FanfictionTout le monde connaît l'histoire du détective Sherlock Holmes et de son partenaire le docteur John Watson. Mais... Et si certaines parties étaient cachées, restées secrètes, ou simplement sous-entendues ?