Chapitre 26 - Séparation

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C'était un jour comme un autre. John s'était levé, avait regardé sa fille dormir paisiblement contrairement à lui qui ne trouvait plus le sommeil, était descendu dans la cuisine, s'était préparé un thé, avait pris place dans son fauteuil, avait ouvert un journal.
Il attendrait que la journée passe puis retournerait se coucher, et recommencerait le lendemain. C'était devenu son rituel.

Quelques fois il en venait même à oublier que Sherlock était dans la pièce à côté. Du moins c'était ce qu'il essayait de se faire croire ; ses pensées étaient hantées par le visage de l'homme à bouclettes. Il n'y avait que lorsqu'il l'entendait se mouvoir qu'il l'autorisait à prendre toute la place dans son esprit.

Cependant, ce matin là, lorsque la porte s'ouvrit et que les pas propres au détective annonçaient sa présence dans la pièce, John essaya le plus que possible de le sortir de sa tête. Il était persuadé que l'ermite ne faisait qu'un simple aller retour et allait rapidement retourner dans sa chambre ; alors s'il s'attardait sur son passage, Sherlock lui manquerait encore plus une fois hors de la vie en société.

Dans son champ de vision apparu la carrure du détective consultant. John s'interdit de lever les yeux et les garda rivés sur le journal, prétextant lire un article qui avait l'air très intéressant.

- Bonjour, John.

Il s'asseya, tout sourire, face à lui. Un sourire qui même pour quelqu'un qui n'était pas un génie de la déduction paraissait faux et forcé. Mais le docteur était trop fatigué pour y porter une grande attention.

- Quel jour sommes nous ?

- Je n'en ai aucune idée. Répondit Sherlock après s'être longuement penché sur la question.

- Ce n'est pas mon anniversaire. Noël non plus. Alors que me vaut l'exceptionnelle présence du mondialement connu Sherlock Holmes qui avait auparavant jugé que je ne la méritais plus ?

- Je t'en prie. Ne commence pas.

John souria. Le même sourire qu'il avait à chaque fois qu'il était poussé à bout. Celui qu'il avait arboré lorsque Sherlock était revenu d'entre les morts ou que Mary avait dévoilé sa véritable identité. Qu'avait-il fait pour mériter tout cela ?

- Que je ne commence pas ?! Dit-il sur un ton sec mais sans pour autant élever la voix. Ce n'est pas moi qui t'ai mis à la porte et t'évite depuis plusieurs jours il me semble.

- S'il te plaît, arrête.

Sherlock s'en doutait ; cela allait être compliqué. Mais il devait renouer avec John, il essaierait, il le ferait. Il ne voulait pas lui donner d'explications et encore moins se battre avec lui. De plus, John avait l'impression d'être épuisé, aussi physiquement que mentalement ; comme s'il pouvait se briser au moindre mouvement brusque.

- Pourquoi ? Explique moi.

Le sociopathe voulait terminer rapidement, passer à autre chose, reprendre la vie normale, retourner résoudre des crimes avec son bras droit. Il voulait à tout prix éviter la conversation et le sujet qui titillaient tant John. Il espérait au fond qu'il pourrait simplement demander pardon comme il l'avait toujours fait, effacer la tristesse du visage de son compère, le prendre dans ses bras, et ne faire de cette histoire qu'une parenthèse qu'il rangerait quelque part dans son palais mental et qui reviendrait le hanter par moment.

- Je suis désolé, John.

Il essayait d'être le plus diplomate possible. Jouer la carte de la vulnérabilité, s'excuser encore et encore, il fallait bien tout cela pour que le docteur ne pose aucune question à propos des actions de Moriarty. Mais le petit homme était déterminé ; Sherlock était plus qu'un ami, plus qu'un meilleur ami, il voulait percer la carapace sous laquelle il s'était récemment caché, il voulait comprendre ce qu'il se passait dans cette tête si impénétrable.

Escape Your Deduction - JohnlockOù les histoires vivent. Découvrez maintenant