- Bonjour.
John déposa ses courses sur le tapis roulant faisant face à une caissière machant un chewing-gum avec passion, qui venait de l'ignorer grandement. Tant pis. Il préférait l'ignorance plutôt que les caisses automatiques avec lesquelles il se disputait sans cesse.
Il observait scrupuleusement chaque article qu'il déposait afin de s'assurer de n'avoir rien oublié et d'avoir assez d'argent sur lui pour tout payer.
Une fois cette tâche terminée il continuait de regarder avec attention ce qui défilait devant lui au fur et à mesure que la caissière s'en saisissait.Tout à coup, ses yeux se posèrent sur une petite boîte de carton bleue ayant approximativement la taille d'un paquet de cigarette. N'ayant absolument aucun souvenir d'avoir déposé un tel objet sur le tapis, il tendit la tête et essaya de lire ce qui était écrit en lettres argentées. "XL"... John tomba des nues. Jamais il n'aurait posé un tel article et il n'imaginait pas le client derrière lui capable de l'avoir glissé dans ses affaires pour lui faire une farce. Alors qui ?
Il se retourna vivement cherchant le coupable de cette situation qui ne le faisait pas franchement rire. C'est à ce moment précis qu'il vit un grand homme aux cheveux bruns et bouclés enroulé dans sa longue veste en tweed, lui faire un clin d'œil en poussant la porte de sortie du magasin.
Sherlock... John soupira et se mit à le maudire. Il jeta un autre rapide coup d'œil à la petite boîte que la dame allait très bientôt empoigner. Il remarqua à nouveau l'inscription argentée qui s'y trouvait et pouffa discrètement ; jamais il n'aurait pensé que Sherlock avait ce côté très humain de la sur estimation liée à l'ego.
- Eh bah. C'est votre copine qui doit être contente. Hurla presque la caissière en attrapant le petit paquet.
John, le bon docteur, aimant soigner et sauver son prochain, souhaita de toutes ses forces que cette femme s'étouffe en avalant son chewing-gum.
Il prit rapidement toutes ses affaires qu'il rangea dans des sacs avant de partir en vitesse, honteux.
Pourquoi Sherlock avait-il fait une chose pareille ? Ils n'avaient pourtant pas utilisé le genre de contenu présent dans la boîte en carton, l'autre soir.
Peut-être était-ce sa façon à lui de signaler à John qu'il voulait continuer sur leur lancée ?Cette pensée fit sourire le petit homme. Le geste de Sherlock était purement symbolique. C'était sa manière à lui, poussée par sa sociopathie, de montrer son intérêt pour John.
Une berline noire s'arrêtant à sa hauteur le fit sortir de ses pensées. La portière passager s'ouvrit et Anthea, qu'il avait rencontré plus d'une dizaine de fois à présent, lui ordonna de monter dans la voiture. Il lui obéit en râlant ; il savait pertinemment où il allait mais la théâtralité indescriptible de Mycroft commençait sérieusement à lui taper sur le système.
- Il pourrait simplement m'appeler vous savez. Tout ceci est inutile.
Comme à son habitude la jeune femme lui jeta un regard malicieux mais ne lui répondit pas. Il attendit donc patiemment jusqu'à ce que le véhicule s'arrête devant une grande bâtisse et qu'un homme en costard lui ouvre la porte avant de lui indiquer la direction à suivre.
- Je connais le chemin, merci.
À force d'effectuer des allers et retours sur l'un des lieux de travail de Mycroft, John connaissait l'endroit comme sa poche. Ainsi, il arriva donc rapidement devant le bureau de celui qui était connu pour être le gouvernement à lui tout seul. Il frappa pour s'annoncer puis entra sans attendre une quelconque permission.
- Docteur Watson !
L'aîné des Holmes se leva de son fauteuil en arborant un large faux sourire qu'il ne revêtait que pour accueillir quiconque passait la porte de son bureau.
- Que me voulez vous ?
- Une petite discussion, rien de bien méchant. Asseyez-vous.
Les deux hommes prirent place l'un face à l'autre ; John se tenait droit, ne sachant pas à quelle sauce il allait être mangé tandis que Mycroft, fier de l'effet qu'il procurait à son interlocuteur, croisa les jambes et posa ses mains sur ses genoux, en signe de supériorité.
- Alors ?
- Que se passe-t-il entre Sherlock et vous ?
- De quoi parlez-vous ?
John feint ne pas comprendre les dires de Mycroft. Cependant il savait très bien que personne ne pouvait cacher quoi que ce soit à l'homme de glace. Celui-ci avait sûrement déduit leur relation secrète de quelque chose de totalement ordinaire comme une ride un peu plus creusée ou un changement dans sa coiffure. Ou peut-être même avait-il vu le petit paquet brillant au travers de l'un des sacs plastiques que John tenait.
Le docteur pensa aussi à ce que lui avait précédemment dit son colocataire. Les caméras. Peut-être qu'une de celles se trouvant dans la rue pointait en direction d'une de leurs fenêtres. Peut-être aussi que Mycroft était allé jusqu'à en installer dans leur appartement.
- Je vais être plus clair dans ce cas.
L'homme au cœur de pierre s'avança et s'appuya sur les coudes pour être au plus près de John qui avait l'impression que son regard noir transperçait son âme.
- Je sais exactement ce qu'il se trame entre vous et mon frère. J'ai eu vent de vos petites... occupations. Alors je vais vous demander une chose Docteur Watson ; ne vous approchez plus de Sherlock Holmes. Pas de cette manière là du moins.
- Il me semble que je suis assez responsable pour prendre seul les décisions me concernant.
- Je n'en doute pas le moins du monde. Vous saurez donc pertinemment ce qu'il vous reste à faire. Souffla-t-il avec un regard et un sourire autant vicieux l'un que l'autre. Je ne vous raccompagne pas, la porte est derrière vous.
- Attendez, je connais le goût que vous partagez avec votre frère pour la mise en scène, mais sérieusement ? Tout ça... Pour ça ?
Mycroft se réinstalla confortablement dans son fauteuil et tapota dramatiquement sur son bureau tout en toisant John du regard.
- Je ne pensais pas avoir à dire une telle chose avant, mais mon frère avait raison ; votre esprit est ridiculement simple. Sherlock est, comme il adore le répéter, sociopathe. Il est incapable du moindre sentiment. Il se joue de vous, John. C'est son moyen à lui de passer le temps. Ne tombez pas dans le piège.
John se leva brusquement, mâchoire et poings serrés. Il ne croyait pas un mot de ce que lui disait Mycroft, mais ses piques envers Sherlock le mettaient hors de lui.
- Il vous revient la décision de me croire, Docteur Watson. Mais vous verrez, j'ai toujours raison.
- Non. Votre frère avait raison ; vous êtes un idiot.
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Escape Your Deduction - Johnlock
FanfictionTout le monde connaît l'histoire du détective Sherlock Holmes et de son partenaire le docteur John Watson. Mais... Et si certaines parties étaient cachées, restées secrètes, ou simplement sous-entendues ?