Chapitre 22 - Black Mail

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- Incroyable, non ? Le pouvoir de l'amour ! S'écria l'homme à l'écran avec une voix haut perchée et ridicule. Ce pouvoir qui peut faire faire tout et n'importe quoi au plus grand des cœurs de pierre ; Sherlock Holmes !

Si ces paroles ne plaisaient pas du tout au détective, ce qui s'affichait ensuite à l'écran le sortit encore plus de ses gonds. Cette fois-ci, la vidéo présentait les deux amants dans la chambre de Sherlock, s'embrassant et prenant part à tout un tas d'autres actions que le sociopathe ne voulait pas définir.

- Maintenant, j'aimerais te montrer une dernière chose. Un pouvoir plus grand. C'est excitant, non ? Interrogea-t-il à la manière d'un enfant surexcité.

Certaines rues de Londres et du monde apparurent dans le téléviseur. Elles présentaient des écrans géants sur lesquels la tête de Moriarty et le message "Miss Me ?" étaient affichés.

Le génie de la déduction comprit immédiatement où le Napoléon du crime voulait en venir, et lorsque ce dernier réapparu surplombé d'une couronne, Sherlock souhaita qu'il soit bel et bien vivant afin de pouvoir par la suite jouir de son assassinat.

- Voici mon pouvoir ! Impressionnant, n'est-ce pas ? Parlons d'homme à homme à présent, je vais te faire part de mon plan, et tu m'aideras à le résoudre.

- Je refuse. Répondit Sherlock sachant pertinemment que c'était inutile.

- Je dois t'avouer que je me suis plutôt bien amusé avec toi, mais tu ne m'es plus d'aucune utilité, alors vois cela comme un cadeau d'adieu, chéri. Je veux Mycroft...

- Prends le...

- ...et tu vas m'aider.

- ...et laisse John en dehors de ça.

- Non, chéri. Je peux avoir Mycroft sans ton aide, mais c'est moins amusant, et j'aime te savoir être mon complice. Souviens-toi : chaque conte de fée a besoin d'un bon vieux méchant ; je ne vais quand même pas me réduire à Mycroft ? Je l'aurai, je t'aurai, et j'aurai John. La partie se termine, Sherlock.

- Je ne sais pas comment mais je suis persuadé que d'une certaine manière tu m'entends, toi ou tes hommes de main. Je vous donne Mycroft, prenez moi, mais personne ne touchera à John. Je vous préviens, je suis armé et je le resterai s'il le faut.

- Et c'est là que ça devient intéressant ! Tu périmes, Sherlock, tu deviens de moins en moins efficace. Alors je vais te demander de faire quelque chose dans tes cordes. Quitte le. Ne le touche plus, ne l'approche plus. Bien sûr, vous continuerez de vivre ensemble, résoudre les crimes que je mettrai en scène spécialement pour vous en remerciement pour Mycroft ! Mais la petite idylle de John et Sherlock, c'est terminé.

- Pourquoi ?!

- Je te vois déjà t'affoler : pourquoi ? Annonça Moriarty en imitant grossièrement et absurdement quelqu'un qui s'inquiète. Laisse moi t'expliquer : une fois que John sera détruit, j'aurai John, si John est détruit, il détruira Sherlock, j'aurai Sherlock, si Sherlock est détruit, il détruira Mycroft, et j'aurai Mycroft. Donne-moi ton frère, Sherlock.

Le détective consultant voulut s'emporter. Nuire à Mycroft pour sauver son John, il en était capable, il avait déjà failli le faire. Nuire aux deux, impossible. Jamais il ne ferait volontairement quoi que ce soit de nocif à son compagnon de route.

- Bien sûr si tu ne le fais pas, tes vidéos pourraient se retrouver affichées dans le monde entier ; des écrans dans les rues jusqu'aux télévisions dans les salons. New York, Londres, Paris,... Je vous y vois déjà. La fin de Sherlock Holmes et John Watson !

Sherlock était sans voix. Il sentait qu'un étau se resserait et qu'il ne pouvait rien faire contre.

- Pense aux caméras, chéri. Je vous surveille, jour et nuit. Et si je vois le moindre petit rapprochement, la moindre petite affection, le monde saura. Annonça le génie du crime en faisant semblant d'appuyer sur la télécommande qui avait préalablement lancé les vidéos. Alors là, John aura honte, John sera énervé, il ne voudra plus de Sherlock. Sherlock dépérira, John dépérira. John s'en ira, Sherlock sera seul. Ajouta-t-il à la manière d'un conteur avant de faire une aparté de sa voix si joueuse. Et on sait tous comment tu es lorsque tu es seul, chéri. Et si John découvre l'état dans lequel Sherlock sera, il s'en modra les doigts, ça sera sa faute, il sera le monstre de l'histoire.

Les pensées de Sherlock se décuplèrent et se percutèrent. Quoi qu'il fasse, il ne pourrait épargner John. Tout ce qu'il avait fait jusqu'à présent, les erreurs comme les efforts, essayer de plaire au docteur, le faire sourire, se montraient inutiles.

- Il n'en tient qu'à toi maintenant. Qui sera le monstre ? John ? Sherlock ?

L'écran s'éteignit contrairement à l'esprit du détective qui continuait de s'embraser. Sherlock sera perdant dans les deux cas, mais il ne comptait pas ; seul John importait, mais il perdra aussi. Était-il préférable que John déteste Sherlock, ou qu'il se déteste lui-même ?

Malgré l'égoïsme qu'il possédait, le sociopathe ne douta pas ; il devait détruire son ami, même si en faisant une telle chose il signerait sa propre mort. John vivrait, sans lui, mais il méritait de vivre, d'avoir une autre vie.

Le détective sentit ses yeux s'humidifier. Il ne voulait pas pleurer, pas devant Moriarty, pas devant ses hommes. Il ne pouvait pas se laisser abattre. Il aura de toute façon bien des raisons de laisser couler ses larmes dans les jours à venir.
Tout de même, il ne put retenir sa colère. Il sortit l'arme à nouveau et tira sur l'écran cette fois-ci. Sachant ce qu'il allait devoir faire, son reflet dans la vitre mate lui était insupportable ; il ne voulait plus se voir, il ne voulait plus voir Moriarty, il voulait disparaître.

Une fois le pistolet vidé de toutes ses balles, deux hommes autant déguisés que les premiers vinrent à la rencontre de Sherlock. L'attrapant sous les bras, ils le tirèrent jusqu'à la voiture luxueuse avant de le jeter à l'intérieur.

Le véhicule démarra, Sherlock était toujours autant entouré que lors du premier trajet. L'aller et le retour se passèrent de la même manière ; dans le silence ambiant et le raffut des pensées du détective qui regardait par la fenêtre.

Soudainement il sentit quelque chose lui rentrer violemment dans l'avant-bras. Retenant un cri il se retourna pour distinguer son rival, James Moriarty, posté dans le coffre de la voiture, affichant un regard et un sourire machiavéliques aussi espiègles que mauvais, tenant fortement une seringue dont la pointe se trouvait dans la peau du détective.

- Bien plus que 7%, chéri.

Ledit chéri voulu l'attraper de sorte à se délivrer, mais à peine eut-il levé la main que les autres passagers, gardes du corps de Moriarty, sortirent des armes qu'ils pointèrent dans sa direction.

Au même moment la berline s'arrêta devant le 221B. Le Napoléon du crime disparut à nouveau hors de la portée de Sherlock, tandis que l'un de ses hommes de main ouvrit la porte au détective. Toujours la cible des pistolets, il sortit lentement, sentant la substance qu'il ne connaissait que trop bien lui couler dans les veines.

Sans un dernier regard pour celui qui, malgré tous les efforts du génie de la déduction, avait définitivement gagné, Sherlock rentra chez lui, monta tranquillement les escaliers, se défit en douceur de son manteau, son écharpe et ses gants, et s'assit délicatement sur son fauteuil sachant pertinemment ce qu'il allait lui arriver.

Utilisant ses quelques dernières forces, il releva sa manche et posa son bras bien en évidence sur l'un des accoudoirs. Lui seul devait être le monstre de l'histoire. Il fallait que John pense qu'il s'était lui-même drogué. Le petit homme s'énerverait, certes, mais il aurait la possibilité d'être encore heureux.

Escape Your Deduction - JohnlockOù les histoires vivent. Découvrez maintenant