Sentant du mouvement dans ses draps, Sherlock jeta un coup d'œil furtif à l'homme nu qui s'y trouvait ; John s'était réveillé et n'arrivait pas à se rendormir. Le détective ferma les yeux et continua de faire semblant de somnoler, étudiant avec précision chacun des gestes et des râles de John.
Il sentait le regard appuyé du docteur, qui se baladait sur son visage et son torse en passant par ses épaules et ses cheveux. Sherlock se surprit à se demander ce que John pensait de lui. Le trouvait-il à son goût ? Était-il déçu de leurs actions vespérales ? Son esprit était-il aussi incertain que le sien quant à la suite de leurs aventures ? John voudrait-il même continuer de vivre et de travailler avec lui ?
L'homme qui hantait les pensées de Sherlock finit par se lever et quitter la chambre en silence. Le détective se redressa dans son lit et tendit l'oreille ; il voulait savoir si quelque chose dans les actions de John pouvait trahir ce à quoi il pensait en ce moment.
Le docteur agissait comme à son habitude ; pas de gestes plus brusques ou plus bruyants que d'ordinaire ce qui prouvait qu'il ne ressentait aucune colère. C'était déjà un point suffisamment positif pour Sherlock ; savoir que John était énervé contre lui provoquait toujours un pincement désagréable dans la poitrine du sociopathe qui n'arrivait pas à expliquer cette réaction.
Cependant, les pas de John étaient plus lourds que de coutume ; ce qui trahissait un esprit tourmenté. Mais qu'est ce qui pouvait bien poser un problème au docteur ? Il l'avait voulu pourtant, tout autant que lui. Il avait réagi à ses caresses. Il avait désiré le toucher, il l'avait touché. Sherlock se dit d'abord que le soucis venait probablement de lui. Peut-être que les non-réactions de son corps ainsi que son incapacité monstrueuse à montrer et dire ce qu'il voulait étaient un poids pour le petit homme ?
Les minutes passèrent et l'ancien militaire n'avait pas l'air de tenir en place. Soudain, il se leva avec vivacité de son fauteuil et quitta l'appartement avec le même entrain. Sherlock en profita pour se lever et se rua jusqu'à l'une des fenêtres du salon juste à temps pour apercevoir John prendre place dans un taxi.
L'évidence sauta aux yeux de Sherlock ; Mary lui manquait. C'était la première fois que John partageait un lit depuis la mort de sa femme. Il s'en voulait, sûrement. Alors il regrettait.
Jamais le sociopathe n'aurait imaginé qu'une déduction à propos de son meilleur ami avait la capacité de le mettre dans un tel état. Sherlock ressentait un mélange de tristesse et de colère, saupoudré de compassion pour John. Le détective se donna l'ordre de mettre un terme à cette relation naissante ; ce n'était pas ce dont voulait le docteur alors soit, il arrêterait.
Cependant, par amitié pour ce dernier il ne put s'empêcher de partir à sa suite. John ne voulait peut-être pas de lui comme il voulait de John, mais il restait néanmoins son ami le plus proche. Il s'habilla donc rapidement puis sauta dans le premier taxi en direction du cimetière.
En arrivant derrière John, Sherlock douta ; il ne savait pas quoi faire. Devait-il le prendre dans ses bras ? Ou alors John n'approuverait peut-être pas un tel geste après ce qu'il s'était passé ?
Il s'avança vers son ami et posa sa main sur la nuque de celui-ci ; pas sur son épaule pour ne pas faire trop amical, mais pas non plus à un autre endroit de façon à rester amical.
John ne pleurait pas mais avait les yeux humides ce qui fit se tendre Sherlock ; ses craintes étaient fondées, Mary restait la personne la plus importante dans le cœur du docteur.
- Sherlock...
John parlait. John allait tout lui dire. John allait le mettre à l'écart. John allait le refuser. Le détective ne voulait pas laisser une telle chose se passer ; cela attristerait son ami et le briserait lui. Il devait prendre les devants ; quitte à passer pour le méchant de l'histoire, comme il l'avait fait lorsqu'il avait endossé la mort de Mary Watson.
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Escape Your Deduction - Johnlock
FanfictionTout le monde connaît l'histoire du détective Sherlock Holmes et de son partenaire le docteur John Watson. Mais... Et si certaines parties étaient cachées, restées secrètes, ou simplement sous-entendues ?