John se réveilla aux premières lueurs du jour dans le lit de Sherlock à quelques centimètres de celui-ci. Le torse nu du détective se soulevait et s'abaissait en un rythme régulier qui apaisait le docteur.
Ce dernier se sentait étrangement bien. Il était comblé de joie et d'une chaleur que le corps de Sherlock contre le sien avait laissé.
Cependant, quelque part dans un coin de sa tête, se promenait un sentiment de culpabilité. Mary... Il ne voulait pas donner l'impression de l'avoir oublié. Il se rassurait en se disant que la jeune femme savait très bien de son vivant que la relation des deux hommes sortait de l'ordinaire.D'ailleurs, même si John se sentait plutôt heureux d'avoir fait ce qu'il avait fait, de s'être laissé aller, il craignait la suite. Qu'est-ce que Sherlock en pensera ? Que voulait-il de lui ? Qu'allaient-ils devenir ?
Sherlock Holmes, l'homme au cœur de pierre ne ressentant aucun sentiment, l'avait embrassé quelques jours auparavant et voilà qu'ils venaient de coucher ensemble.Mycroft l'avait décrit comme vierge pourtant, lorsqu'il était nu à Buckingham Palace. Nu à Buckingham Palace. John pouffa en ressassant ce souvenir. Le détective l'avait traîné dans toutes sortes d'aventures et toutes sortes d'endroit ; le palais de la reine, Appledore, Sherrinford. Et voilà qu'à présent il se trouvait dans son lit ; ce qui était selon lui l'une des destinations les plus excitantes vers laquelle Sherlock l'avait tiré.
Toujours les yeux fixés sur son ami, John se dit que celui-ci n'apprécierait peut-être pas sa présence dans ses draps. Et si Sherlock regrettait ? Pour ne pas brusquer le détective et sa sociopathie de renom, le docteur décida de se lever en faisant le moins de bruit possible et de partir en direction de la cuisine.
La dernière fois qu'il avait quitté un lit si discrètement fut lorsqu'il partait travailler pour l'hôpital et qu'il faisait de son mieux pour ne pas réveiller sa compagne endormie à côté de lui.
Le souvenir de Mary le fit soupirer et jeter un dernier regard à Sherlock avant de fermer la porte. John décida de se caler dans son fauteuil avec un journal tout en buvant son thé matinal. Cependant il n'arrivait pas à se concentrer sur ce qu'il lisait ; les phrases des articles de presse n'avaient aucun sens. À chaque fois qu'il clignait des yeux, l'image de la jeune femme blonde lui revenait.
Il frotta donc ses paupières et réessaya de fixer toute son attention sur le papier dans ses mains. C'était, encore une fois, peine perdue. Il replia violemment le journal et le jeta sur la petite table à ses côtés. Son esprit ne pouvait pas s'empêcher de penser à Mary, très bien ; il allait lui donner exactement ce qu'il voulait. En se dirigeant vers la porte il prit son manteau, ses clés, descendit les escaliers et héla un taxi.
Devant la tombe où sa femme reposait, John parla doucement ; c'était un vieux réflexe. Il lui raconta quelques petites choses qui lui étaient arrivées récemment, son travail à l'hôpital, leur magnifique fille qui grandissait, tout en omettant volontairement ou non de mentionner la nuit avec Sherlock.
La relation des deux hommes s'était complexifiée ces derniers jours, et, même si John et Mary s'étaient promis une vie à deux, le docteur se dit qu'elle devait regarder l'évolution de leur drôle d'amitié avec son éternel sourire angélique au coin des lèvres.
L'ancien militaire respira profondément ; il appréciait le tournant que Sherlock et lui étaient en train de prendre. Certes, s'être laissé aller aux plaisirs charnels lui faisait questionner le véritable sens du mot amitié ; mais les quelques autres rapprochements auxquels il avait participé avec le sociopathe permettaient à leur situation d'évoluer sans forcément changer du tout au tout. John se remémora le baiser que Sherlock lui avait donné quelques jours auparavant ainsi que leur moment d'intimité partagé lorsqu'ils s'étaient retrouvé enfermés dans un entrepôt, peu après que le frère du représentant du gouvernement eut été la victime de coups de fouet.
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John, s'étant refroidi les mains du mieux qu'il le pouvait, les apposait sur les blessures de Sherlock afin de calmer la douleur qu'il pouvait ressentir.
Plus le temps passait et plus le silence entre les deux hommes se faisait pesant. Ils étaient habitués à passer de longs moments sans se dire un mot ; cependant les circonstances n'avaient jamais été les mêmes que celles auxquelles ils faisaient actuellement face.
La pièce était froide, le détective à la chemise déchirée aux côtés de John était froid. La seule source de chaleur présente pour le docteur était celle de ses vêtements. Il se recroquevillait pour se tenir chaud sous les regards en coin de Sherlock qui de son côté n'avait pas l'air de beaucoup souffrir de la température.
Le détective réfléchissait et s'agitait. Il se levait brusquement pour vérifier la porte, s'asseyait, se relevait pour étudier la salle ; sans réponses à toutes ses questions, il ne tenait pas en place.
Au contraire, du côté de John, la fatigue se faisait sentir ; sa nuit incomplète et perturbée ne lui avait pas fourni tout le sommeil dont il aurait eu besoin. Ses yeux se fermaient malgré lui et sa tête tombait quelques fois sur le côté.
- John.
L'interpellé tourna sa tête à l'appel de son nom par la voix grave et posée de son ami, pour apercevoir celui-ci le regarder avec amusement. Sherlock amena sa main à son épaule et, se pinçant les lèvres, la tapota, invitant le docteur à s'y installer.
John se rapprocha donc de Sherlock et posa sa tête sur son épaule et s'endormit peu de temps après dans cette exacte position.
Le bruit des hélices d'un hélicoptère le réveilla quelques longues minutes après. Il ouvrit les yeux puis, en se redressant, il se rendit compte que quelque chose le retenait légèrement ; Sherlock avait passé son bras autour de lui et le serrait gentiment contre son torse.
Lorsque le sociopathe se rendit compte que John avait remarqué son geste, il retira vivement son bras et, détournant le regard, il fit comme si rien ne s'était passé ; ce qui procura un sourire au docteur.
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John fut tiré de ses pensées par une main froide qui s'apposa sur sa nuque ; inutile de se retourner pour savoir à qui elle appartenait. Quelques années auparavant John était devant la tombe de Sherlock, et la main de Mary s'était glissé dans la sienne. Maintenant il était devant la tombe de Mary ; la déduction était aisée, même pour un esprit apparemment si simple que le sien.
John leva les yeux vers la silhouette de Sherlock qui se dessinait dans le coin de son champ de vision. Celui-ci fixa son regard sur la stèle portant le nom de Mary Watson avant de le poser sur l'homme à ses côtés sans un mot.
- Sherlock... Commença John difficilement, la voix tremblante.
- C'était une erreur.
Le docteur crut que le monde s'effondrait autour de lui. Sherlock et lui avançaient ensemble et voilà que le génie regrettait tout. Ou peut-être seulement leur nuit à deux ? John se dit que le sociopathe ne se sentait sûrement pas prêt. Il essayait de se rassurer en se disant que les relations intimes n'étaient potentiellement pas quelque-chose d'acceptable aux yeux de Sherlock ; mais tout de même, c'est lui qui l'avait embrassé auparavant, c'est lui qui avait tout commencé.
- Une erreur ?!
- Une erreur, John. N'en parlons plus.
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Escape Your Deduction - Johnlock
FanfictionTout le monde connaît l'histoire du détective Sherlock Holmes et de son partenaire le docteur John Watson. Mais... Et si certaines parties étaient cachées, restées secrètes, ou simplement sous-entendues ?