Chapitre 30 - Jamais deux sans trois

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Le retour de l'hôpital se fit comme l'allée, dans la voiture d'Irina qui vint les chercher après l'appel d'Eléa qui somnola sur la banquette arrière mais, une fois rentrée, elle se sentit soulagée et satisfaite d'en avoir fini avec cette histoire, avec Eve qu'elle ne devrait plus jamais revoir.
Allongée contre l'accoudoir du canapé dans le salon, elle regardait sa mère leur préparer une collation, quelque peu à contrecœur, pour le voyage en train qui allait les ramener à l'institut Belforde dans deux heures environ.
Gabriel était assis à côté d'elle, conservant une distance de quelques centimètres, poli et aussi peut-être un peu gêné. Silvio avait trouvé parfait de s'installer entre eux, profitant de la chaleur de leurs corps et des caresses facilement accessibles.
L'instant était calme, paisible, simple, familial, du genre que Gabriel n'avait jamais réellement connu.
Soudainement, il fut rompu par la sonnerie d'un téléphone. Eléa se redressa, surprise par la subite éruption de ce bruit dans le foyer silencieux, puis elle fronça les sourcils en tentant d'identifier la chanson.
Gabriel eut une moue d'excuse alors qu'il sortait son portable de la poche arrière de son jeans. Il vérifia le nom de celui qui l'appelait sur l'écran, qui n'était visiblement pas celui auquel il se serait attendu à en juger par son expression perplexe, qui disparut bien vite de son visage pendant qu'il portait l'appareil à son oreille en décrochant.
À peine l'eut-il fait qu'une voix déformée par le haut-parleur jaillit en s'exprimant très rapidement, enchaînant les mots sans réellement prendre la peine de les articuler. Eléa ne saisit pas les paroles prononcées mais elle remarqua néanmoins que la personne à l'autre bout du fil était paniquée, voir même bouleversée, mais elle ne pouvait pas en apprendre davantage tant les propos étaient incompréhensibles.
Gabriel aussi apparemment puisqu'il signala à son interlocutrice :

« Je ne comprend pas, Lison, calme toi. »

Eléa fronça encore davantage les sourcils, étonnée que sa camarade aux yeux turquoises téléphone à Gabriel, surtout qu'ils seraient de retour à l'institut. Bien qu'elle appréciait le jeune homme, Lison n'était pas particulièrement proche de lui, comme personne d'ailleurs puisqu'il instaurait toujours cette distance sympathique avec tout le monde, exceptée peut-être avec Eléa.
Ce coup de téléphone était donc fort étrange et même alarmant. Du moins, ce fut ce dont Eléa se douta mais, lorsqu'elle vit le visage de Gabriel s'assombrir et se tendre pendant que la voix de Lison lui expliquait les raisons de cet appel, Eléa se mordit l'intérieur des joues, devinant que ce devait vraiment être très grave pour que le masque du jeune homme soit ainsi arraché de son visage.
Laissant Lison parler, il ne lui répondit rien ni ne fit aucun commentaire sur ses propos, se contentant de hocher gravement le menton à plusieurs reprises, l'air toujours aussi grave.
Après les mots d'au revoir réglementaire, où il signala à Lison qu'ils seraient bientôt de retour – pour la rassurer ou seulement dans une optique informative ? - Gabriel raccrocha. Son téléphone serré dans sa main, il observa tour à tour Eléa puis Irina qui le fixaient chacune d'un côté, attendant des explications sur ce qu'il arrivait de si grave à Lison. Même Silvio sembla le dévisager avec une lueur interrogative dans ses yeux de félins.
Le jeune homme hésita un instant, ne souhaitant pas les inquiéter, mais elles se doutaient que quelque chose de grave avait eu lieu et garder le silence renforcerait leurs inquiétudes avec toutes les hypothèses que pourrait formuler leur esprit, surtout qu'Eléa avait certainement deviné la cause de cet appel, comme en témoignaient ses mains crispées sur l'accoudoir du canapé.
Le jeune homme prit une profonde inspiration et annonça d'un ton sombre et pesant alors que ses épaules s'abaissaient :

« Il y a eu un autre meurtre (Eléa se contracta).
- Eléa, tu ne retourneras pas dans cette école. Décréta Irina, blême de crainte.
- Quoi ? Mais Maman... Pas question !
- Eléanora Sergan, tu feras ce que je te dis !
- Madame Alekor, s'il vous plait, écoutez-moi, intervint Gabriel. Je comprend que vous ayez peur pour votre fille, c'est normal, mais je crois qu'elle est est plus en danger ici qu'à l'institut.
- Comment ça ?
- Les trois victimes n'étaient pas magiciennes. Eléa ne correspond pas à son type de cible. Elle ne craint rien à l'institut alors, qu'ici, elle serait à la merci de tous les militants anti-magie, autrement dit, toute la ville, et je ne crois pas que les tensions s'apaiseront. Je les ai vu, tous ces regards hostiles. À l'institut, elle ne sera pas isolée mais protégée. Et je vous promet de veiller personnellement sur elle.
- Maman, c'est la première fois que je me aussi bien dans un endroit et je ne veux pas abandonner mes amis. »

Les Yeux du Pouvoir - Tome 1 : Rouge Sang  [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant