Elisabeth se sentait tendue face à Salim.
Le jeune homme était parmi ses patients les plus difficiles : distant, parfois agressif, mais surtout en proie à une grande souffrance et en besoin d'aide, bien qu'il la refusait et la repoussait toujours. Sans compter que c'était encore plus compliqué aujourd'hui à cause des circonstances actuelles.
En effet, le troisième meurtre ne remontait qu'à la veille, que Salim avait pour moitié passé à être interrogé par les inspecteurs de plus en plus frustrés par l'absence de piste et de preuve.
Se servant de cet élément pour lancer la discutions, et également car elle se doutait que Salim avait besoin d'en parler, bien qu'il n'en dise rien, Elisabeth prit la parole :« La police t'a encore interrogé hier.
- Vous le savez parfaitement puisque c'est grâce à vous qu'ils me soupçonnent. C'est vous qui leur avez dit que j'étais "instable".
- Je leur ai confié mes ressentis en tant que psychologue et tu es effectivement instable dans le sens où tes émotions sont différentes de celles que tu manifestes à l'extérieur et tu ne peux pas nier que tu as des pensées suicidaires. Tu as été hôspitalisé à onze ans à cause d'une tentative de suicide. Comment veux-tu que je dise que tu n'as pas d'antécédent psychologiques ? Mais, effectivement, de là à te soupçonner de meurtres...
- Oui, cette putain de vie me pèse et alors ?
- Alors ne te plains pas que je note la vérité dans mes dossiers. La situation actuelle exacerbe t-elle ces tendances ?
- Ça joue sur mon humeur, c'est sûr. Surtout que j'ai vu les meurtres mais que j'ai rien pu faire. Je ne peux jamais rien faire ! Juste subir ces visions ! Ça vous donnerait pas envie de vous flinguer, vous ?
- Tu ne prends plus de médicaments depuis deux ans. Peut-être devrais-tu en reprendre.
- Pour quoi faire ? Ça ne changera rien du tout. Le problème, se sont mes pouvoirs.
- Je sais bien mais tu ne peux qu'apprendre à vivre avec.
- Ouais, vous me ressortez toujours le même couplet. L'efficacité est manifeste.
- Pourquoi sembles-tu rejeter la faute sur les autres ?
- Parce que je me fais suffisamment de reproches en permanence et j'ai des limites. Je suis tout le temps au seuil du point de rupture et les autres se chargent déjà de me faire sentir que je ne suis pas quelqu'un de bien. Regardez l'enquête, c'est moi qui suis en haut de la liste des suspects parce que je suis instable et que j'étais au mauvais endroit au mauvais moment à cause de ma foutue magie !
- Ces visions, ta magie, elles pourraient peut-être être utiles à la police, y as-tu pensé ?
- Les inspecteurs me croient coupables, ils penseront que je ne fais que mentir pour éloigner les soupçons de moi, c'est trop tard. Tout le monde me croit coupable de toute manière.
- Tu le penses vraiment ?
- Ouais. Trois interrogatoires, une garde-à-vue, le journal d'informations qui me désigne comme le principal suspect, ça suffit à influencer les avis autour de moi.
- Raphaël m'a dit qu'il te savait innocent, qu'il en était persuadé.
- Raphaël ? Oui, il me l'a dit mais je ne veux pas qu'il s'obstine. Il risquerait de m'approcher et, ça, je ne pourrai pas. Je porte malheur et je ne voudrais pas qu'il en paye les frais.
- Bon, et pour les autres ? Ne pourrais-tu pas faire quelque chose pour leur montrer ton innocence ?
- J'ai tenté de m'enfuir pour éviter les poursuites et d'être accusé sauf que les autres m'ont retrouvé et convaincu de revenir pour prouver mon innocence mais je sais très bien comment ça va finir.
- Ils avaient raison. Ce n'est nullement la solution. Il y a forcément quelque chose à faire.
- Oui, attendre de me faire arrêter.
- Et comment comptais-tu fuir ? Tu devais bien avoir une idée de l'endroit où aller ou de comment faire. Tu songeais certainement à te réfugier chez ta famille.
- Non ! Surtout pas ! Si je retourne jamais chez moi c'est qu'il y a une raison ! Je veux pas voir leurs morts, je veux pas leur porter malheur !
- Tes parents sont certainement inquiets que tu ne leur dises rien alors qu'ils ont sûrement entendu parler de l'affaire des meurtres.
- Renouer le contacte est trop risqué.
- Et ta sœur ? Ne voudrais-tu pas la rassurer ? Ça ne compte pas pour toi ?
- Évidemment que si ! C'est ma famille et je l'aime, c'est justement pour ça que je peux pas m'approcher d'eux de nouveau. C'est bien pour cette raison que j'ai voulu me suicider.
- De mon point de vue, il faut que tu fasses tout ce que tu peux pour montrer ta bonne volonté, ce qui ne pourra que prouver ton innocence. Pense-y. »
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Les Yeux du Pouvoir - Tome 1 : Rouge Sang [Terminé]
Siêu nhiênRepérés à la naissance à cause de leurs yeux d'une couleur inhabituelle, qui varie selon la magie pratiquée, les magiciens ont toujours eu à souffrir de discriminations à cause de leur différence. C'est le cas d'Eléanora qui doit tous les jours affr...