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P.d.v. de Djamila

Un dîner au cours duquel personne ne m'adresse la parole. Même les assiettes et les meubles ont plus de considération que moi actuellement. J'ai l'impression qu'ils ne me voient pas et font limite comme si je n'existais pas. Il n'y a que Fadel qui m'a adressé la parole et c'était pour me demander de lui passer un couvert alors que les autres eux ont préféré se débrouiller.

Je ne savais pas ce que je ressentais exactement à ce moment là, entre tristesse et un peu de regrets.

Je n'aurai peut être pas dû parler de Mously aux enfants.
J'aurai dû garder mon sang froid et m'abstenir comme je l'avais fait pendant toutes ces années mais malheureusement le coup est déjà passé et là en plus de Souadou et Mael, j'ai Bachir et Maréme sur le dos et ce ne sera pas très facile à gérer.

Tout en leur servant, j'épie leur comportement, je les écoute parler de leur mère, le cœur endolori.

Leur père suivait leur discussion, un grand sourire aux lèvres; je sais qu'il m'en veut énormément et essaie de ne rien laisser transparaître devant les enfants mais depuis ce matin il m'ignore et ça fait mal.

Je soupire tristement en levant les yeux au ciel avant de me racler la gorge pour me faire au moins écouter.

-Hum...excusez-moi.

Ai-je entamé.

Sur le coup, ils se tournent tous vers moi et me prêtent attention pour la première fois.

Je me tourne vers Souadou qui a préféré détourner son regard vers son assiette.

-Ma fille, s'il te plait regarde-moi.

La suppliai-je d'une petite voix.
Elle lève alors les yeux vers moi pour me lancer une expression indéchiffrable.

-Pardonne-moi. Je t'en prie. Tu ne m'as pas laissé, pas une seule fois l'occasion de te parler depuis ce jour là alors pour que tu saches que je suis sincère je te le demande devant tout le monde: pardonne-moi.

Lui dis-je le regard dans le sien. Puis je me tourne vers Mael puis vers le reste de la table.

-Pardonnez-moi je vous en prie.

Leur dis-je les larmes perlant les yeux.

-Arrête Djamy!

Me chuchote Bachir alors que je secoue juste la tête.

-Non, il faut qu'ils me pardonnent. Je suis très sincère. J'ai été horrible avec vous je l'admet et je regrette. Je regrette vraiment je vous le promets. Je ne supporte pas que vous m'en vouliez, je ne supporte pas que vous me fassiez la tête comme ça.

Leur dis-je sincèrement alors que Fadel qui était à côté de moi, pose sa main sur la mienne:

- Tout le monde commets des erreurs après tout!

Je lui souris tristement en me tournant vers les autres qui sont restés de marbre, comme inébranlés par mes mots.

-Souadou! Mael! Dites quelque chose je vous en prie!

Je vois Mael passer nonchalamment sa main sur sa nuque avant de hausser les épaules.

- Je ne t'en veux pour rien. C'est oublié!

Me sort-il alors que sa sœur me répond par un:

- Moi aussi.

A peine audible avant de se dépêcher de changer de sujet:

-Bon les gars il faut que j'aille dormir! J'ai du travail qui m'attends pour demain!

Dit-elle juste avant de se lever pour faire la bise à son père et prendre le couloir pour sa chambre.

RegretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant