P.d.v. de Mously
Je venais de terminer de dîner avec papa Karim et Fadel Ndiaye qui sont venus me prendre pour m'amener chez mon "mari" et ensemble, on allait rejoindre Zack dans ma voiture étant donné qu'ils seront les seuls à me suivre.
Oui, ils sont tenaces ces vieux. Encore une fois, je me demande si on ne leur a pas promis une récompense suite à cette union,surtout à papa Karim qui prend plus à cœur les événements.
Très tôt dans la matinée, il a envoyé une équipe de déménageurs dans ma maison que j'ai été contraint de renvoyer. Je n'avais que quelques affaires à amener avec moi du coup j'ai envoyé Rama et Zack s'en occuper, c'est moins farfelu et j'ai confiance en leur efficacité.
Suite à cela, il m'a appelé pour me demander de me préparer car il devait m'amener lui-même à mon domicile conjugal et comme dit, il s'est présenté tout juste après la prière du soir avec son nouvel ami, Fadel Ndiaye.
Bien évidemment, je devais faire face à une séance de sermons, de recommandations et de prières dont j'avoue ne pas avoir trop prêté attention du coup j'ai discrètement soufflé de soulagement quand ils ont enfin terminé et que nous nous sommes mis en route.
Rien de ce qu'il se passait ne m'enchantait mais j'avais gardé en tête l'idée que j'allais rejoindre mes enfants. Je voyais tout cela comme un déménagement, un changement de toit pour être plus proches de mes enfants, mes enfants, il n'y a qu'eux qui compte et à leur pensée, tout me parait plus simple.
Les deux maisons n'étant pas éloignées, nous sommes arrivés après quelques minutes d'un trajet au cours duquel je n'ai cessé de cogiter sur ce nouveau changement. J'avoue que je suis quelque peu troublée mais ne cesse de me répéter que tout va bien. J'ai surmonté pire.
Fadel avait appelé sa femme quand nous nous sommes retrouvé aux alentours de la maison. Du coup, dès l'instant où on s'est garée, la mère de Bachir est apparue devant nous; elle nous attendait et est vite venue vers moi, un grand sourire aux lèvres.
-Bonsoir ma fille!
M'a t-elle accueilli quand papa Karim m'a ouvert la portière.
-Bonsoir!
Lui ai-je simplement répondu tout en la regardant verser de l'eau à mes pieds, je me souviens qu'elle avait fait la même chose lors de mon premier mariage avec Bachir.
-Bienvenue chez toi!
Me dit-elle en enlevant son foulard pour la mettre sur ma tête nue, me faisant légèrement lever les yeux au ciel. Je sais que si ça ne tenait qu'à elle, elle aurait suivi à la lettre la tradition du mariage car contrairement à son mari et à mon beau-père, elle est très encrée dans ses croyances mais heureusement!
Elle ne s'est limitée qu'à ce qu'elle a jugé nécessaire avant de prendre ma main pour me diriger.
Docilement, je la suivais, jusqu'à l'intérieur, des flash de mes précédents mariages me revenant.
Je me souviens de tout mon bonheur et mon euphorie lors de notre tout premier mariage Bachir et moi.
Quand on me faisait faire les rites du mariage que j'accomplissais avec un grand sourire empli de bonheur.
Quand je découvrais pour la première fois la magie de la tradition du mariage dans toutes ses mythes et sa splendeur.
Je n'y avais certes pas ma famille, mais nos amis en commun y étaient. Nos camarades de classes, nos connaissances et aussi et surtout sa famille à lui, toute entière.
Ses tantes et cousines dont je faisais la connaissance et qui ne cessaient de me taquiner, qui avaient gardé nos enfants pour moi quand je suivais les indications des tantes...ce jour là, j'étais loin de m'imaginer que je revivrai une telle expérience, pas une mais deux autres fois; avec mon mariage avec Hamid où la tradition bambara se démarquait de mon premier et avec ce supposé mariage d'aujourd'hui qui est des plus sobres, un remariage avec mon premier amour qui est à la fois fade et insignifiant à mes yeux, un mariage où mon seul bonheur est de voir les enfants, nos enfants y assister avec des yeux pétillants de joie.
