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P.d.v. de Mously

Il est rare, très rare que je me retrouve dans ce genre de situations où je n'ai aucune idée de ce que je dois faire. Ce moment où un tas de sentiments contradictoires me gagnent à la fois et où je suis tellement heureuse que je me demande quoi faire.

Je suis là, en face de mes parents, et pas pour la première fois depuis ces dernières années, sauf que cette fois-ci ce sont eux qui sont là, venus à moi.

Mon regard divague entre eux et Bachir qui, sûrement ne s'étant pas attendu à pareille réaction de ma part, me regarde l'air perdu.

J'ai bien évidemment cette envie de courir me blottir dans leurs bras, l'un de mes plus grands rêves depuis un certain temps mais je suis tenaillée par la peur.

Je sais que c'est absurde mais ils m'ont tellement rejeté et à chaque fois ça me faisait tellement mal qu'à la fin c'en est devenue une phobie: cette même phobie qui toutes ces années durant m'a empêchée de m'approcher de mes propres enfants : oui il m'est arrivée de me dire et avec beaucoup de certitude que malgré tout, je suis une femme forte. Oui, j'ai pu survivre consciente que j'étais tellement mauvaise que même mes propres parents ne voulaient plus de moi et ce, même si je suis riche et respectée ce qui a toujours été leur plus grand rêve.

Je fixais ma mère puis mon père et enfin Bachir qui était toujours à mes côtés me tenant par la taille comme s'il sentait que j'avais les jambes en coton: tellement je ne m'attendais pas à ça.

- Tu...tu ne viens pas nous saluer, Mously?

Je me suis à nouveau tournée vers mon père qui m'avait servi ce sourire que je n'ai plus vu depuis bien des années.

-Vas y...

Me dit Bachir dans un chuchot comme pour ne pas qu'ils l'entendent.
Il m'a encouragé du regard avant de me laisser doucement marcher en leur direction, d'un pas hésitant.

Ce n'est pas que je leur en veux ni que je ne suis pas heureuse de les voir mais c'est juste que...je ne sais pas, tout ceci me semble irréel.

J'allais me limiter à une bise que ma mère a vite transformé en un long câlin: ses bras m'avaient manqué....

- Je suis tellement désolée ma chérie, tellement!

J'ai entendu sa voix tremblante et c'était comme un déclencheur pour mes larmes.

Pour la première fois depuis des décennies maintenant, je me sentais...c'est quoi ce sentiment déjà d'être dans son foyer, d'être protégée, comblée...

J'ai sangloté dans ses bras et ça a doublé quand j'ai senti mon père se joindre à nous.

Je pleurais à la fois de joie mais surtout de mélancolie, me rappelant encore une fois de quand, de retour chez eux où j'avais encore été rejeté, Hamid m'avait promis qu'un jour, que ce jours-ci arriverait: ce jour où je retrouverais ma famille au complet et pour moi c'était un idéal: si bien que j'ai encore l'impression de rêver...

Je ne saurais dire combien de temps exactement je suis restée dans leur bras, pleurant de chaudes larmes jusqu'à ce qu'ils se détachent de moi.

-Comment tu te portes? Tu vas bien?

J'ai hoché la tête en guise de réponse suite à la question de mon père qui m'avait tenu le visage en coupe comme s'il cherchait la moindre égratignure: sa question était bien plus vague que ça, je sais et ma réponse l'était aussi: je ne pouvais mieux me sentir: encore une fois je suis comblée.

-Ça faisait tellement longtemps.

- Je suis désolée. Pardonnez-moi pour tout...

Ai-je essayé de parler avant d'être coupée par mes sanglots.

RegretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant