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P.d.v. de Latifah

-Merci maître!

- Je vous en prie!

Me répond mon avocat avec un bref hochement de tête avant de disparaître sous mon regard vide.

Je fixais sa voiture sans savoir pourquoi et le vrombissement de son moteur m'a comme ramené à la réalité et donc poussée à secouer la tête pour fermer la porte et rejoindre le séjour.

Combien de temps suis-je restée là? A fixer d'un regard vide la télé avant d'être pris par petit rire pas du tout amusé.

C'est juste que les choses me tombent tellement dessus que ça me fait rire en fait.

La manière dont les choses se déchainent sur moi ces deux derniers jours me fait marrer en fait.

J'ai tellement reçu d'infos que j'ai comme l'impression que tout ce que viens de me dire l'avocat est juste banal.

"Votre mari a été arrêté".

"Pour le moment, il est juste accusé de meurtre par votre fils."

"J'ai eu à le voir et d'après mes informations, il risque d'être aussi impliqué dans une autre affaire assez complexe."

"Vous serez entendus à cet effet oui et je ne vous le cache pas; vous et votre fils risquez gros."

"Une enquête sera faite sur vous ainsi que votre fils. Je ferai de mon mieux pour vous aider."

"Préparez-vous en conséquence".

"Laissez-moi vous prévenir que tous ses biens risquent d'être saisi et ses comptes gelés, les prochains jours risquent d'être très éprouvants, surtout pour vous."

Je rigole de nouveau, des larmes aux yeux que je rechasse le plus vite possible.

Pleurer?

Pourquoi pleurerai-je?

Pour tout ce que cet oiseau de mauvais augure qu'est cet avocat est venu me raconter?

Non!

Si je devais pleurer, ç'aurait plutôt été pour cette solitude que je ressens et qui me donne juste envie de me tailler les veines.

Je suis malheureuse oui, à ce point.

Et ce qui me ronge le plus, en ce moment c'est la solitude.

Mon fils me manque.

Mon mari me manque.

Ma famille me manque.

Pourtant elle n'a pas été la plus parfaite.

Ma famille n'a jamais été grande, joyeuse et aimante comme celle de Djamila.

Je n'ai jamais eu à vivre ce bonheur de l'amour au sein d'un mariage avec un mari quasi absent et un fils triste, mélancolique qui s'est quelque peu lui-aussi réfugié derrière son travail.

Toutefois, j'étais heureuse, à ma manière.

Je ne me plaignait pas.

Tant que j'avais mon mari à mes côtés et pour moi toute seule, je pouvais fermer les yeux sur ses tromperies, sa mauvaise humeur, son mauvais caractère.

Tant que je pouvais voir mon fils à mes côtés, je pouvais me sentir heureuse car je l'aime plus que tout mon Souleymane. Il est la personne qui m'est le plus cher, la seule chose qui m'a permise de tenir pendant toutes ces années. Il est la seule et unique raison qui m'a poussé à rester debout quand tout allait vraiment très mal.

RegretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant