L'étoile de Noël [Yoonmin]

Chapitre 10

Jimin enfila un pull à col roulé bien chaud par-dessus lequel il passa son manteau noir. Il enroula une écharpe de laine autour de son cou et mit ses bottes de neige avant de sortir, accompagné de ses parents. Il faisait encore particulièrement froid à cette heure et le soleil était loin de son zénith. Cependant c'était probablement le meilleur moment de la journée pour faire un peu de luge : il n'y avait encore presque personne, la piste venait juste d'ouvrir. Pour preuve, la femme qui gérait les télésièges pour grimper en haut de la piste était en train de faire les dernières vérifications avant de faire monter les touristes.

Le télésiège comportait à l'arrière de chaque nacelle un crochet permettant de fixer les luges rouges. Un sourire naquit sur les lèvres de Jimin en voyant qu'elles semblaient être loin des pauvres petites luges qu'on trouvait dans les commerces. Il avait déjà utilisé des luges bas de gamme, mais le pastique, au contact d'un froid trop intense, finissait souvent par se fissurer voire même se briser.

Il repéra même certaines luges avec deux places.

Ses parents payèrent bon nombre de remontées dans l'optique d'occuper leur matinée de cette façon, et ils allèrent tous trois attendre dans la minuscule file qui se créait peu à peu devant les remontées mécaniques.

« On fera la course Jimin ? sourit malicieusement sa mère.

- T'as pas une chance, maman, tu le sais très bien.

- C'est ce qu'on verra. »

La mère du jeune garçon serait quarantenaire d'ici deux ans. Autrement dit, elle était pleine d'énergie, de bonne humeur, et Jimin la trouvait parfois un peu enfantine. Mais c'était comme ça qu'il l'aimait. Ses cheveux bruns coupés au carré encadraient un visage rond aux traits pourtant particulièrement fins. Elle avait de grands yeux, de longs cils, et une bouche aux lèvres pulpeuses qui avait toujours poussé tout le monde à dire que Jimin tenait beaucoup d'elle. Elle avait beau être petite, elle avait longtemps joué au basket, ce qui lui laissait aujourd'hui une carrure féminine quoique tout en muscles. Elle était élégante, toujours bien apprêtée, mais elle refusait d'en faire trop de peur de paraître superficielle.

Son époux la regardait toujours avec le même regard : si loin que Jimin s'en souvienne, son père avait toujours eu dans les yeux cette lueur qui hurlait son amour à la femme de sa vie. Lui, c'était un homme de taille moyenne et plutôt bien fait. Ses cheveux bruns étaient plus courts que ceux de son fils, il avait des yeux rieurs et un air jovial. C'était quelqu'un d'enjoué que les gens appréciaient pour son humour. Il savait écouter et pourtant il pouvait parfois se montrer extrêmement bavard – pour le plus grand bonheur des gens autour de lui.

En bref, c'était la petite famille rêvée, et ça Jimin s'en était rendu compte quand il avait avoué à ses parents être attiré par les hommes. Son père avait haussé les épaules en disant qu'au moins, jamais une autre femme que sa mère si parfaite n'entrerait dans sa vie. Sa mère quant à elle avait fait la moue en répliquant qu'elle aurait bien aimé avoir des petits-enfants... et une copine pour faire du shopping.

Et la discussion s'était arrêtée là. Pas de cris, pas de dispute, pas de commentaires homophobes.

Des exclamations joyeuses d'enfants s'élevèrent lorsque les remontées mécaniques furent ouvertes. Jimin jeta un regard à sa mère, un peu plus petite que lui, et lui fit remarquer de manière taquine que de toute façon, avec leur poids respectif, c'était forcément lui qui prendrait le plus de vitesse.

« Mais mon chéri, papa et moi on sera sur une luge pour deux.

- Eh mais c'est pas juste ! protesta le jeune garçon avec une moue qui fit ressortir sa lèvre inférieure.

- Tant que je gagne, c'est juste.

- J'espère que vous arriverez pas à la manier et que vous tomberez dans la neige, grommela son fils.

- Je te le souhaite aussi, rigola son père.

- Ça papa, ce n'est pas très gentil.

- Jimin, pour un garçon aux cheveux roses, je te trouve bien hargneux.

- Qu'est-ce que la couleur de mes cheveux a à voir là-dedans ?

- On dirait un bonbon, répliqua sa mère amusée, et un bonbon c'est tout doux, c'est pas hargneux. T'es pas crédible avec tes cheveux... et ta petite bouille de bébé toute ronde. »

Jimin ronchonna une fois de plus sans parvenir à dissimuler bien longtemps son sourire, et finalement il monta sur une nacelle aux côtés de ses parents qui descendirent la barre de sécurité devant eux.