L'étoile de Noël [Yoonmin]

Chapitre 37

Il hésita un instant à entrer et jeta un regard à sa montre : d'ici quinze à vingt minutes il ferait nuit. Il garda donc ses doutes et songea que s'il se dépêchait d'entrer jeter un œil à l'intérieur, ça ne lui prendrait pas tant de temps. Et puis ça ne devait pas être interdit, la porte n'aurait pas été laissée entrouverte sinon (c'était clairement une invitation que de laisser l'entrée sans surveillance).

Alors Jimin poussa légèrement un des battants de la porte qui, rouillée, émit un bruit sourd à ce geste. Jimin en eut des frissons tant c'était aigu et désagréable. Le soleil n'entrait presque pas, il y avait très peu de lumière : Jimin ne voyait rien à l'intérieur, il lui fallait entrer. Il jeta un œil prudent derrière lui et, puisqu'il n'y avait personne dans les environs et que malgré le tapage fait par la porte, tout était calme autour, il fut convaincu qu'il n'y aurait personne pour le blâmer d'être entré.

Et puis de toute façon, encore une fois, la porte était ouverte, lui il entrait, tout simplement.

Un instant il se demanda si ce n'était pas un piège, mais personne ici ne serait assez fou pour essayer de kidnapper un randonneur qui se baladait dans cette colline. Ici tout le monde était aussi doux et mielleux que dans un conte de Noël, alors ça n'était pas avec ça qu'il allait risquer sa vie à entrer là...

Sa vue n'était pas encore tout à fait habituée à l'obscurité. Il ne fit que quelques pas avant de se frotter les yeux, espérant par ce geste y voir quelque chose. La température semblait soudain avoir baissé de façon considérable et il se demanda si c'était réellement une bonne idée que d'être venu ici. Quand il rouvrit les paupières, il sursauta brusquement avant de s'apaiser, une main sur son cœur qui tambourinait contre ses côtes : juste devant lui se trouvait un cheval qui se cabrait de façon majestueuse, ses crins ondulant dans le vent tandis qu'il semblait hennir.

Il était entièrement fait de glace. Pourtant il semblait si... si réel. Ses yeux en particulier étaient étrangement expressifs, comme si ce n'était pas une statue mais un cheval qu'on avait fait prisonnier de la glace pour conserver toute la beauté de sa pose.

Jimin resta muet, incapable d'écarter ses yeux de cet être sublime. Ce ne fut qu'au terme de longues secondes que son regard se posa sur une autre statue tout près. Cet endroit était un énorme entrepôt frigorifique où se trouvaient une multitude de sculptures de glace. Jimin avançait dans l'allée principale, encadrée par des statues d'animaux, d'objets ou parfois même de personnes. Toutes étaient exécutées à la perfection, toutes étaient envoûtantes tant elles étaient belles.

Puis il se figea, les lèvres entrouvertes sous l'effet de l'étonnement et de l'admiration qui se mêlaient en son cœur qui avait repris ses palpitations folles. Là, devant lui, tout au fond de cette allée, il y avait un socle sur lequel était posé une énième sculpture.

Plus belle, plus majestueuse, plus finement sculptée encore que les autres. Ce flocon de neige semblait briller d'un éclat surnaturel alors même qu'il n'y avait pas de lumière pour l'éclairer. C'était...

« Magique, » souffla-t-il en suivant le fil de ses pensées.

Jimin voulut poser la main dessus, dessiner le contour glacé de ses doigts, mais une force inconnue l'en empêcha, comme s'il était à ce point fasciné par la sculpture qu'il ne voulait inconsciemment pas y toucher de peur de l'abîmer. Il n'osait pas faire le moindre geste, même respirer était devenu dangereux. Il était muet, admirant simplement l'œuvre face à lui dans le plus grand calme. Du moins il semblait calme, car en lui, la moindre fibre de son être était confuse, cherchait à comprendre. Qu'était-ce ? Pourquoi était-il si embrouillé alors qu'il se trouvait face à de simples sculptures ? Pourquoi son cœur palpitait-il ainsi sans la moindre raison ?

Peut-être parce qu'au fond de lui, il savait qu'il y avait une raison, et qu'il avait la sensation de ne pas être là pour rien. Quelque chose l'avait guidé ici. Qu'on appelle ça l'instinct ou le destin, peu importait, mais ça l'avait irrémédiablement guidé là.

Il sortit la main de la poche de son manteau et hésita un instant. Mais au moment où il avait enfin pris la décision de l'avancer vers la sculpture...

« Hey mon Jiminie, qu'est-ce que tu fais ici ? »