Chapitre 4

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« J'en peux plus, souffla Jimin, je suis plein.

- Tu vas manger ton dessert ? s'enquit son père avec intérêt.

- J'en peux encore un peu quand même finalement, » répondit le jeune homme toujours affalé sur sa chaise.

Il se redressa dans un effort qui lui parut surhumain et attrapa sa petite cuillère qu'il planta dans sa part de forêt noire. Le gâteau était si appétissant que même s'il devait en faire exploser son estomac, Jimin refuserait de ne pas manger au moins un morceau de cette douceur. Après trois bouchées seulement, il sacrifia sa part à son père et avala un grand verre d'eau dans l'espoir de faire passer cet énorme dîner – il savait qu'il n'aurait jamais dû manger autant...

« Je retourne à la chambre, indiqua-t-il en se relevant, je vais me coucher, à demain. »

Ses parents le saluèrent brièvement, ils étaient trop occupés à discuter avec leurs voisins de table, un couple sans enfant qui venait là depuis cinq ou six ans.

Le jeune homme donc regagna sa petite chambre. Il s'assit sur son lit mais ne sentait pas la moindre envie de dormir. Il avait l'impression que son cœur était vide d'émotions. La lassitude avait laissé son empreinte jusqu'au plus profond de son âme. C'était comme s'il avait été débarrassé de son esprit de Noël, et désormais qu'il était dans ce décor enchanteur, c'était encore plus frappant : être ici ne lui faisait ni chaud ni froid. Savoir que Noël approchait le laissait insensible. Ça l'ennuyait d'imaginer prendre part à ces festivités.

Est-ce que ça signifiait qu'il ne pourrait jamais plus rêver ? Que Noël ne serait jamais plus aussi magique que lorsqu'il était enfant ?

Et pourtant il se souvenait de l'amour qu'il avait pour cette fête, étant petit, de toute la magie que cette période revêtait pour lui... Était-ce ça de grandir ?

Alors qu'il entortillait les mains dans son t-shirt à manche longue blanc rayé de bleu, un réflexe le poussa à lever les yeux à travers la fenêtre auprès de son lit. Le ciel était dégagé, signe qu'il ferait beau le lendemain. Étrangement, alors qu'il s'attendait à voir une voûte étoilée, une unique lumière brillait dans le ciel nocturne auprès de la lune. Elle irradiait de son éclat pâle et semblait à elle seule éclairer la nuit.

Jimin avait la sensation qu'il ne pouvait pas en décrocher son regard. Elle l'hypnotisait, il était complètement envoûté. Ses pupilles brillaient sans qu'il ne s'en rende compte et les mots de sa mère lui revinrent en mémoire : ils étaient à une semaine de Noël, le soir où l'étoile qui exauçait les vœux se montrait.

Était-ce réel ? Ne s'était-il pas endormi ? Il songea un instant à se pincer le bras, mais si c'était un rêve, il ne voulait pas se réveiller : il avait le pressentiment qu'il devait faire un souhait. C'était inexplicable, car en dépit de son désespoir, il avait profondément envie d'y croire. Alors, dans un geste précipité et magistral, il ouvrit en grand sa fenêtre et, le regard fixé sur l'étoile tandis qu'il apportait ses poings serrés contre son cœur, il supplia :

« Je t'en prie, juste pour une fois, je veux passer un Noël inoubliable, un moment idéal, parfait, un vrai Noël ! Par pitié, entends-moi ! »

Il fut coupé lorsqu'une bourrasque souffla sur son visage, apportant avec elle un petit nuage de neige. Aussitôt une myriade de frissons couvrit sa peau malgré le fait qu'il était habillé. Mais c'était vivifiant, revigorant, comme un nouveau souffle de vie. Une main devant son visage, les yeux clos à cause de l'intensité du vent, Jimin acheva son souhait :

« Fais que Noël redevienne aussi beau à mes yeux que le sont ces flocons de neige ! Je veux rêver... »

Et tandis que le vent se taisait, Jimin en faisait autant, jetant un dernier regard à l'étoile avant de pousser un profond soupir : il ignorait ce qui avait bien pu lui prendre, c'était ridicule de faire un vœu. Pourtant, d'une certaine manière, ça soulageait son esprit d'y croire. Ça redonnait un soupçon de magie à ce moment.

Le silence se fit roi, les pupilles sombres du jeune garçon se baladèrent un instant sur le ciel nocturne qui couvrait avec amour la Terre, et même le vent avait cessé de geindre. C'était... comme hors du temps, comme si tout s'était brutalement figé.

Mais ça, Jimin ne s'en rendit pas compte.

Un sourire mélancolique donc prit place sur ses lèvres et il se coucha dans son lit avant de rabattre les couvertures jusqu'à ses tempes. Il leva une dernière fois les yeux vers la fenêtre et souffla doucement un « s'il te plaît » juste avant de s'endormir.

Plongé dans les bras réconfortants de Morphée, il ne vit pas l'éclat surnaturel que revêtit, l'espace de quelques brèves secondes, l'étoile.

L'étoile de Noël [Yoonmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant