Le vent souffle, faisant trembler les volets des maisons, les arbres et les buissons. Le vent souffle comme un murmure à mon oreille, promenant avec lui un air de déjà-vu, colportant des paroles, balayant toutes mes pensées.
Le vent souffle comme il l'a toujours fait, parfois pour me rassurer, d'autres fois pour me terrifier. Quelques fois la pluie se joint à lui, d'autres fois il s'associe à l'orage grondant. Alors que mes poils s'hérissent au mordant du vent froid, je le vois tout emporter autour de moi.
Le vent souffle et je sais qu'il m'emportera, comme il a emporté ma mémoire et mes secrets. Le vent souffle mais il ne m'aide pas, et demain je ne serai plus là. Le vent souffle, et il m'efface déjà.
Pourtant je n'ai pas peur du vent, je n'ai pas peur de la vie, ni de la mort. Toute chose à une fin, et quand certains la redoute plus que tout, moi je l'attends. Je l'attends comme une amie qu'on n'a pas vu depuis longtemps, comme un bateau qui doit rentrer au port, comme on attend le retour des oiseaux annonçant le printemps.
Certains courent inlassablement après leurs rêves, d'autres attendent seulement qu'ils se réalisent. Certains s'endorment en s'inventant une vie parfaite, tandis que d'autres sont emportés par le sommeil dès le moment où leurs paupières s'abaissent. Rien n'est pire qu'une insomnie ici n'est-ce pas ? Peu importe, ils courent, encore et encore, après leurs rêves les plus fous, crevant en voyant qu'ils ne se réaliseront jamais.
Moi je ne rêve pas, jamais. Je n'ai pas cette douce consolation d'échapper à la réalité à l'aide d'une bonne nuit de sommeil. Les insomnies sont la meilleure chose qui puisse m'arriver, tandis que vous courez après vos rêves, moi je les fuis, priant pour qu'ils ne me rattrapent jamais.
Le vent m'emporte et m'efface petit à petit, comme il a effacé le passé. Victime de ma mémoire défaillante, d'une amnésie handicapante, je suis privée de mon passé. De mon enfance, je n'ai que peu de souvenirs. J'ai perdu mon frère quand nous étions petits, Noah devait avoir 7 ans, j'en avais trois de plus. Comment ? Je ne m'en souviens pas, je sais que je l'aimais plus que tout et que lui aussi était entré dans le monde de mes nuits.
Quand j'y repense, les vagues odeurs de la maison de mes parents me reviennent. Je revois mon père couper du bois dehors et ma mère se hâtant de préparer le repas. Mon frère court partout en traînant un jouet tenu par une ficelle derrière lui, ses rires traversant les murs. Plus rien, je ne me souviens de rien d'autre. Depuis je lutte, encore et toujours contre les démons enfouis de mon passé, contre la vérité.
Rien ne m'importe, ni ma vie, ni l'argent, ni les gens. Je passe mes jours à lutter contre mes démons, ceux que j'ai enfoui depuis trop longtemps et qui tentent par tous les moyens de me faire sombrer. Une seule phrase a dicté ma vie : « Ne ferme pas les yeux ». Même si le vent souffle de toutes ses forces, il ne peut pas empêcher le passé de nous rattraper, et cette fois je ne serai pas épargnée.
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Tout d'abord bienvenue et merci de lire !
Alors ce prologue, vous en pensez quoi ?
Personnellement je le trouve un peu long non ?
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Ne Ferme Pas Les Yeux
General FictionMaltraitée durant son enfance par ses parents, Laureen n'a plus aucun souvenir de cette période de sa vie. Un monde ignoble dans lequel elle entre dès qu'elle ferme les yeux se charge pourtant de lui faire revivre toute la souffrance enfouie de son...