Chapitre 6

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Mes yeux se sont subitement ouverts sur un plafond que je ne reconnus pas. Ma respiration était coupée, je suffoquais. J'essayais de crier, ma bouche était ouverte appelant de l'air mais rien n'y parvenait ni n'en sortait. Mes muscles ne me répondaient pas, tous crispés et tendus. Un visage s'est penché au-dessus de moi, un homme me parlait mais je ne comprenais pas. Je croyais que j'allais mourir. 

Quand vint la dernière seconde où j'étais sûre que j'allais crever car l'air ne parvenait pas à mes poumons, mon corps fut libéré et je pus me redresser ainsi que reprendre mon souffle. Le docteur se laissa tomber dans son fauteuil sous le choc, complètement déboussolé, tremblant. Tandis que je reprenais mon souffle, il me regardait ébahi, bouleversé parce qu'il venait de voir. Je parvins à me calmer quand il me pointa de son index tremblant mon visage.

- Vous... Vous saignez, bégaya-t-il.

J'ai alors passé ma main sur ma joue où la bête m'avait griffé, puis je me suis levée pour prendre un mouchoir dans la boîte qui se trouvait sur son bureau. Quand je me suis retournée pour m'assurer que le psy s'était remis de ses émotions, ses yeux étaient encore plus ouverts qu'avant.

- Dans le... Dans le dos aussi, réussit-il à dire. Excusez-moi, je dois aller me rafraîchir, m'annonça-t-il en se précipitant vers la porte pour sortir.

Je fis en sorte de nettoyer mes plaies du mieux que je pus. Je réussis à trouver un miroir sur un des murs, entre deux fenêtres. Le côté droit de mon visage figurait griffé à sang jusque dans mon cou, sûrement le coup fatal. Les minutes s'écoulèrent et je me rassis dans le fauteuil attendant le retour du psy.

 Tout mon corps me lançait, je me demandais même s'il pourrait encore supporter un retour à la maison. Voyant le temps passer, et pensant que le psy ne reviendrait pas, j'ai rassemblé mes affaires et m'apprêtais à remettre mon manteau pour quitter définitivement cet endroit quand la porte me fit sursauter. Le psy est rentré essayant tant bien que mal de caché son air déconcerté. Il se rassit et regarda un moment par terre avant de m'adresser la parole.

- Je vous demande pardon, j'avais besoin d'un peu de temps pour digérer tout ça, s'excusa-t-il, hum... Il faudrait que nous reprenions les éléments un par un si vous le voulez bien pour nous aider à y voir plus clair.

Non je ne voulais pas, je voulais partir. Dîtes moi juste qu'on oublie tout ça et que vous ne me faites pas interner, pensais-je. Je n'ai pas donné de réponse et me suis contentée d'attendre.

- Vous avez mentionné beaucoup de choses, plusieurs éléments et j'aimerai qu'on en parle pendant que c'est toujours frais dans votre mémoire, poursuivit-il dissimulant son inquiétude.

A nouveau, j'attendis de voir ce qu'il voulait que nous éclaircissions. Il se donnait beaucoup de mal pour cacher ses émotions mais il transpirait la peur et la confusion.

- Vous... Vous avez mentionné le vent en premier, comme signal de votre arrivée, pouvez-vous m'expliquer.

- Le vent, c'est toujours la première chose que je sens avant d'ouvrir les yeux quand je suis dans ce monde.

- Vous avez dit qu'il parlait, continua-t-il.

- Oui, il me donne des instructions, m'aide ou aide ce monde à m'achever, rectifiais-je.

- A chaque fois que vous allez là-bas, il y a du vent ?

- Oui, toujours.

- La voix du vent, est une voix féminine selon vos dires, reconnaissez-vous cette voix ? Vous semble-t-elle familière ? demanda-t-il suscitant ma réflexion.

- Je connais cette voix, mais je n'arrive pas à la replacer sur un visage.

- Très bien, c'est un élément important, me félicita-t-il en écrivant sur ses feuilles. Maintenant, le décor, la forêt, le brouillard, la nuit, que pouvez-vous me dire à ce propos ?

- A chaque fois que j'entre dans ce monde, je me retrouve dans la forêt en premier, il fait toujours nuit mais le brouillard n'est pas là à chaque fois. Parfois il pleut aussi. La lune représente ma seule lumière mais ce n'est jamais suffisant.

- Vous avez mentionné une autre lumière, de quoi provient-elle ?

- D'une maison, c'est ce que je cherche à atteindre à chaque fois.

- Elle vous guide donc, vous avez déjà réussi à rentrer dans cette maison ? Ne craignez-vous pas que ce soit à nouveau un piège ?

- Non car plus je m'en rapproche mieux je me sens, plus l'air est chaud. Une odeur délicieuse flotte alors dans l'air me confirmant que je suis au bon endroit. Ce n'est pas un piège, mais je n'arrive jamais à l'atteindre. A chaque fois que je m'en rapproche, les créatures me rattrapent.

- Si vous ne suivez pas la lumière de cette maison, si vous prenez une autre direction.

- Les créatures me rattrapent, mais ce sont souvent les Ignis qui se chargent de me faire changer de direction, indiquais-je.

- Qui sont les Ignis ? demanda-t-il interloqué.

- Ils ressemblent à des petits insectes volants, comme des lucioles, exceptés qu'ils brûlent tout ce qui les touche. Ils se déplacent par milliers, formant un nuage. 

- Nous reviendrons sur eux plus tard, nous allons nous concentrer sur cette aventure si vous le permettez. Que ce serait-il passé si vous aviez fait du bruit ? Peut-être qu'il faut faire le contraire que ce qui vous est demandé, tenta-t-il.

- La bête m'aurait trouvée, dévoilais-je dépitée.


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