Chapitre 25

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L'idée de ne pas affronter cette étape seule m'avait donné un courage fou, je n'ai donc pas pris le temps de réfléchir et je l'ai suivi. Un long trajet s'offrait à nous et c'est seulement dans la voiture déjà en marche que j'ai réalisé ce qui nous attendais. J'étais partagée entre la joie de participer à un long trajet, qui me donnait le temps de me préparer mentalement à ce que j'allais vivre, et le stress  immense  qui allait s'emparer de moi. 

De plus, le fait de me retrouver confinée pendant plus de six heures avec mon ex, seuls, rajoutait à l'ironie de la situation. Plus nous avancions sur la route plus je regrettais ma décision. Nous ne parlions pas, et je me sentais de moins en moins prête pour retourner sur les lieux de mon enfance. Max brisa le silence quand il s'aperçut de mon niveau d'anxiété.

- Au fait, ça ne posera pas de problème à tes parents de nous héberger ? 

Je me mis alors à rire nerveusement. Mon fou rire s'est retrouvé contagieux et nous eûmes rapidement l'air de deux cinglés en plein délire. L'avantage c'est qu'après ça l'ambiance était beaucoup moins pesante. J'en avais les larmes aux yeux, des crampes aux côtes et aux joues. Après un petit moment nous réussîmes à nous calmer.

- Ça fait 12 ans que je ne leur parle plus, tu penses qu'on va débarquer en leur demandant de nous héberger ? Rétorquais-je hilare.

Il essuya la petite larme qui fuyait sur sa joue en reprenant sa respiration. Nos torses se soulevaient toujours prêt à rire à nouveaux. Le sérieux finit par régner à nouveau.

- Réserve un hôtel ou quelque chose alors.

Je pris mon téléphone pour chercher un endroit où dormir mais il refusait de m'aider.

- Pas de réseau, annonçais-je en insistant sur mon téléphone au cas où.

- On va s'arrêter un peu, je vais m'en occuper.

J'ai reposé mon coude sur la vitre pour soutenir ma tête avant de me plonger dans la route. La crise de rire que nous venions de subir avait évacué une très grande partie de mon stress même si j'avais toujours le ventre noué.

Un peu plus tard, nous nous sommes arrêtés pour faire une pause sur une aire d'autoroute. Le temps figurait chargé, une averse menaçait. J'étais sortie faire quelque pas afin de me dégourdir les jambes. Max lui avait disparu. J'étais revenue à la voiture pour m'asseoir en laissant la porte ouverte en attendant le retour de mon ex. Mes paupières étaient lourdes rajoutant à mon inquiétude. Je ne devais pas m'endormir sur la route, ni en présence de Max.

Il revint après un petit moment avec un air un peu gêné. Il se frotta la nuque et se balança légèrement sur ses pieds.

- Ce n'est pas grave si on arrive un peu plus tard ? demanda-t-il embarrassé.

- Non, il y a un problème ?

- Non du tout, je suis juste fatigué, j'aimerai dormir un peu avant de reprendre la route. J'imagine au vu de tes cernes qu'il n'est pas raisonnable que tu conduises, remarqua-t-il.

J'étais un peu vexée par ses propos. Mes cernes se voyaient tant que ça malgré le maquillage ? Après tout, il n'avait pas tort. J'étais encore plus exténuée que lui, me laisser conduire serait une erreur.

- C'est vrai que si je conduis, je nous emmène sous terre directement, plaisantais-je.

Il rit à ma remarque et fit le tour de sa voiture pour venir reprendre sa place. Il ferma sa porte et coucha son siège. Il me jeta un dernier coup d'œil assez insistant avant de fermer les yeux.

- Au fait, dit-il sans rouvrir les yeux, j'ai loué un appartement pour une semaine, c'est peut-être mieux que l'hôtel.

J'ai répondu un merci presque inaudible car il semblait déjà emporté par le sommeil. Je l'avais observé dormir. Il était resté là, les bras croisés, paisible. Je jalousais un peu sa tranquillité, j'aurai aimé pouvoir dormir comme tout le monde.

Nous avons repris la route une heure plus tard. J'avais la sensation que mon anxiété grimpait à chaque minute qui passait. Plus je voyais la route défiler, plus je souhaitais faire machine arrière. J'avais la sensation d'être poussée de force vers l'enfer. Inconsciemment, je me cramponnais au siège en m'appuyant de toutes mes forces contre le dossier, comme lorsque que l'on freine d'urgence en espérant ne rien percuter. 

Nous avions repris la route depuis un moment maintenant, sans dire un mot. Les heures passaient et nous étions de plus en plus proche de l'appartement que Max avait réservé. Quand je vis le panneau de la région, mon cœur se mit à tambouriner encore plus fort, je l'entendais battre et je pensais qu'il finirait par me transpercer les côtes pour sortir de mon corps. Max avait remarqué depuis longtemps mon état de panique, mais il ne dit rien. Il avait de l'essayé de détourner mon attention en me parlant mais je n'y avais pas prêté attention.

Nous avons atteint notre destination à 20 heures car l'appartement était à l'opposé du domicile de mes parents, j'étais assez surprise de constater que l'appartement était assez grand. Cependant je ne pouvais me concentrer sur ces futilités. Je redoutais plus encore ce qui m'attendait. 

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Dernier chapitre de "tranquillité" avant de rentrer dans des choses plus complexes ! 

A samedi pour la suite ! 

Ne Ferme Pas Les YeuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant